Bruxelles va recommander l'ouverture de négociations d'adhésion de l'UE avec la Bosnie. Photo : AFP
La Commission européenne va recommander aux 27 l'ouverture de négociations d'adhésion avec la Bosnie, dernière décision en date d'un mouvement d'élargissement de l'UE qui a gagné en vigueur depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
Saluant les "progrès impressionnants" réalisés par ce petit pays des Balkans, la présidente de la Commission Ursula von der Leyen a souligné qu'il était désormais "pleinement aligné" sur la politique étrangère et de sécurité de l'UE, "ce qui est crucial en ces temps troublés sur le plan géopolitique".
"Bien sûr, des progrès supplémentaires sont nécessaires pour rejoindre notre Union. Mais le pays démontre qu'il peut satisfaire aux critères d'adhésion et répondre à l'aspiration de ses citoyens à faire partie de notre famille", a-t-elle ajouté devant le Parlement européen à Strasbourg.
Les Etats membres de l'UE discuteront de cette recommandation lors de leur prochain sommet les 21 et 22 mars à Bruxelles.
La Bosnie, déchirée par la guerre dans les années 90, est candidate à rejoindre l'UE depuis 2016, mais les négociations se sont accélérées après l'invasion russe de l'Ukraine en février 2022, qui a relancé l'intérêt de l'UE pour la région des Balkans où la Russie est aussi influente.
"Au cours des dernières années, nous sommes passés à la vitesse supérieure dans notre approche de cette région", a reconnu la présidente de la Commission.
"Saisir l'occasion"
Plusieurs ministres ou chefs de gouvernement européens ont multiplié récemment les déplacements à Sarajevo pour soutenir ce processus d'adhésion. Dernière en date, la cheffe de la diplomatie allemande Annalena Baerbock, a appelé la Bosnie mardi dernier à "saisir l'occasion" et à poursuivre ses efforts sur la voie des réformes.
Mais plusieurs obstacles demeurent. Le pays vient d'adopter une loi contre le blanchiment exigée par Bruxelles, mais il n'y a toujours pas d'accord sur la réforme des tribunaux, ni de loi sur les conflits d'intérêts dans les institutions.
"Il y a eu plus de progrès en à peine plus d'un an qu'en plus d'une décennie", a assuré mardi Mme von der Leyen.
La Bosnie reste néanmoins très divisée après le conflit intercommuautaire qui a dévasté l'ex-République yougoslave et fait plus de 100.000 morts.
Près de 30 ans après les accords de Dayton qui ont mis à ce conflit en 1995, le pays connait toujours une paralysie de ses institutions. Il est divisé en deux : une entité serbe, régulièrement accusée de faire le jeu de Moscou dans la région, et une autre croato-bosniaque, dont les dirigeants souhaitent en revanche que le pays adhère à l'Otan.
Mme Baerbrok avait ainsi mis en garde contre la "rhétorique" russe en Bosnie - une allusion à peine voilée aux chefs des Serbes de Bosnie, Milorad Dodik, qui a récemment été décoré par Vladimir Poutine.
Ce dernier s'est félicité mardi de l'annonce de la Commission. "Pour nous (les Serbes de Bosnie), la voie européenne est importante car elle représente la réalisation d'un grand objectif national pour les Serbes - celui de vivre dans un espace économique et politique sans frontières", à savoir avec notamment la Serbie voisine, a-t-il écrit.
La semaine dernière, le haut-représentant de la communauté internationale en Bosnie, Christophe Schmidt, avait dénoncé le comportement "anti-européen" du chef des Serbes de Bosnie, appelant toutefois à ne pas en faire un obstacle à l'intégration.
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