La mère du chef de l’opposition russe Alexei Navalny et sa belle-mère tiennent des bougies alors qu’ils arrivent pour visiter la tombe d’Alexei Navalny après ses funérailles au cimetière Borisovskoye, à Moscou, en Russie. Photo : AP
cimetière Borisovskoye, à Moscou, en Russie. Photo : AP
Sous un beau soleil d'hiver, la queue pour se rendre au cimetière Borissovo dans le sud-est de la capitale russe s'étend sur plusieurs centaines de mètres.
Seuls ou en petits groupes, les Russes continuent en début d'après-midi d'affluer devant la tombe où a été enterré Alexeï Navalny vendredi, désormais largement recouverte de fleurs et de couronnes, a constaté un journaliste de l'AFP.
Certains déposent des roses sur l'imposant tas ou à côté de la grande croix orange qui orne la sépulture, d'autres préfèrent observer les lieux en silence.
La présence policière a aussi été réduite par rapport aux derniers jours.
En plus du "chagrin", de la "douleur" ou de la "rage", de nombreux Moscovites disent aussi auprès de l'AFP leur envie d'"exprimer leur amour" pour l'ancien opposant décédé il y a deux semaines en prison dans ces circonstances troubles, une mort qu'ils qualifient tantôt de "tragédie personnelle" ou de "honte", malgré la répression des critiques du Kremlin.
Le nombre de fleurs amassées "est un indicateur du degré de perte ressenti par les gens", affirme Alexandre, un ingénieur de 29 ans.
Irina, une septuagénaire, dit elle venir "pour la deuxième fois" sur place en trois jours, "pour retrouver mes amis". "On peut dire que je considère les gens qui sont ici comme mes proches", ajoute-t-elle.
"Les gens l'aiment et c'est tout. (...) Ils veulent exprimer cet amour", abonde Svetlana, une retraitée de 65 ans, "heureuse" de voir "beaucoup de monde".
- "Comme un vote" -
Ces nombreux hommages interviennent deux semaines avant la présidentielle (15-17 mars) que Vladimir Poutine devrait remporter sans surprise, aucun candidat anti-Kremlin n'ayant été autorisé à y participer.
S'il est élu, l'actuel président russe resterait au pouvoir au moins jusqu'en 2030, soit trois décennies après son arrivée au Kremlin sur les braises de la seconde guerre en Tchétchénie pour remplacer Boris Eltsine, alors affaibli par la maladie.
M. Navalny, lui, avait été empêché de participer au scrutin précédent, en 2018.
Mais les multiples hommages de Russes ordinaires ces derniers jours, "c'est comme un vote", selon Alexandre, un ingénieur du son de 45 ans qui y voit là "le choix du peuple".
"Sa cause ne mourra pas, elle vivra", veut ainsi croire Anastasia, 33 ans, une architecte.
"C'est dur, mais quand je suis arrivée le premier jour (...) j'ai vu le monde, une certaine force s'est dégagée", appuie Olga, une graphiste de 25 ans.
"C'est difficile, mais j'ai l'impression de renaître à l'intérieur", dit-elle, promettant de "ne pas abandonner, comme l'a demandé Alexeï".
Les autorités russes ont pourtant accéléré la répression des voix dissidentes sur fond de conflit en Ukraine. Des centaines de milliers de Russes ont fui à l'étranger.
M. Navalny, le plus féroce critique de Vladimir Poutine ces dernières années, est décédé le 16 février dernier à l'âge de 47 ans dans une colonie pénitentiaire de l'Arctique, où il purgeait une peine de 19 ans de prison pour "extrémisme".
Sa famille, ses proches et de nombreux dirigeants occidentaux ont accusé le maître du Kremlin d'être "responsable" de son "meurtre", ce que le Kremlin rejette vigoureusement.
Le président russe n'a lui toujours pas commenté la mort de son principal adversaire dont il ne prononce jamais le nom.
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