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L'UE veut mieux défendre ses technologies sensibles face à Pékin

AFP, Mercredi, 24 janvier 2024

Bruxelles a dévoilé mercredi 24 janvier une série d'initiatives pour mieux protéger les intérêts économiques de l'Union européenne et éviter que ses technologies sensibles ou infrastructures critiques ne tombent entre les mains de rivaux tels que la Chine.

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L'UE veut mieux défendre ses technologies sensibles face à Pékin. Photo : AFP

Le paquet contient cinq initiatives dont le renforcement du mécanisme de contrôle des investissements étrangers en Europe entré en vigueur fin 2020. Son action devra être mieux coordonnée.

La Commission a annoncé une proposition législative pour faire en sorte que "tous les Etats membres disposent d'un mécanisme de contrôle" des investissements étrangers, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui et crée des vulnérabilités.

Le texte, qui devra encore être négocié avec les eurodéputés et les Etats membres, définit aussi "un champ d'application sectoriel minimum" sur lequel chacun des 27 devra examiner les investissements. Enfin le contrôle devra s'appliquera aussi aux investisseurs de l'UE quand ils sont contrôlés par des pays tiers.

La portée de ce texte reste cependant limitée : Bruxelles n'a aucun pouvoir pour bloquer un investissement, le dernier mot revenant aux Etats membres. La Commission espère toutefois les pousser à communiquer davantage sur leurs décisions.

Les autres initiatives restent à ce stade des idées sous la forme de livres blancs.

L'exécutif européen souhaite en particulier examiner les risques des investissements européens vers des pays tiers en matière de fuite des savoirs dans certaines technologies clé susceptibles de renforcer des "capacités militaires et de renseignement". L'objectif serait de déterminer si des mesures d'atténuation sont nécessaires.

En octobre, l'UE avait dévoilé une liste de quatre secteurs stratégiques à protéger de façon prioritaire : semi-conducteurs, intelligence artificielle, informatique quantique et biotechnologies.

La Commission propose aussi une meilleure coordination des contrôles à l'exportation. Sont visés les produits à double usage civil et militaire, tels que certains produits électroniques, des technologies nucléaires ou de missiles.

Elle lance par ailleurs une consultation publique sur les moyens pour promouvoir la recherche et le développement de technologies à double usage civil et militaire.

Bruxelles propose enfin une harmonisation à l'échelle européenne des mesures pour sécuriser la recherche et éviter que les coopérations internationales notamment dans l'enseignement supérieur soient exploitées par des Etats autoritaires.

"Nous devons améliorer notre coordination afin de mieux nous protéger, rendre les investissements plus sûrs et contrôler l'exportation de produits sensibles pour éviter qu'ils ne tombent entre de mauvaises mains", a résumé le commissaire au Commerce, Valdis Dombrovskis.

La crise du Covid en 2020 puis la guerre en Ukraine ont provoqué un électrochoc en Europe, la poussant par exemple à se doter d'un nouvel instrument lui permettant de punir tout pays utilisant des sanctions économiques pour faire pression sur un de ses membres, comme l'a fait la Chine contre la Lituanie.

La pandémie a révélé les fragilités des chaînes d'approvisionnement victimes de la fermeture des frontières en Chine. Le conflit avec la Russie a montré le risque de la dépendance au gaz russe.

L'UE, est en train de mettre en oeuvre des mesures volontaristes pour produire davantage sur son territoire et réduire la dépendance aux importations chinoises dans les puces électroniques, les éoliennes ou les panneaux solaires.

Mais l'Europe cherche un équilibre subtile: muscler son jeu tout en restant un continent ouvert, réduire les risques vis-à-vis de la Chine mais sans renoncer aux relations économiques avec un marché clé pour ses entreprises.

"L'amélioration de notre sécurité économique nous permettra de maintenir notre modèle économique ouvert et d'agir plus efficacement contre les risques", affirme M. Dombrovskis.

L'UE veut aussi trouver son propre positionnement à l'égard de Pékin, malgré les pressions exercées par les Etats-Unis en faveur d'une ligne dure. Les vingt-sept restent notoirement divisés entre partisan d'un libre-échangisme à tout crin et défenseurs d'une approche interventionniste au nom de la souveraineté.

"Le gros problème est que chaque État membre fait ce qu'il veut dans le domaine de la politique étrangère et la coordination s'avère très difficile", estime Niclas Poitiers, chercheur au centre de réflexion Bruegel.

 

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