Le mémorial construit en mémoire des 148 morts du crash aérien de Charm el-Cheikh, le 9 janvier 2004 à Charm el-Cheikh. Photo : AFP
Le 3 janvier 2004, l'appareil de Flash Airlines s'était abîmé en mer Rouge trois minutes après son décollage de la station balnéaire, tuant ses 135 passagers français et ses 13 membres d'équipage, soit l'un des accidents aériens les plus meurtriers impliquant des Français.
L'enquête judiciaire, ouverte à Bobigny le jour-même du drame, avait fait l'objet d'un premier non-lieu en 2017.
Saisie par les familles de victimes, la cour d'appel de Paris avait ordonné en 2019 la reprise des investigations par un juge parisien, jugeant "insuffisantes" les tentatives menées au cours de l'instruction pour recueillir les explications de l'ex-président du conseil d'administration de Flash Airlines.
Le patron de la compagnie égyptienne Mohamed Nour, qui pendant longtemps n'avait pas répondu aux convocations de la justice française, a été placé fin septembre 2021 sous le statut intermédiaire de témoin assisté dans cette enquête, avant finalement d'être mis en examen trois mois plus tard pour homicides involontaires.
Dans ses réquisitions, signées le 22 décembre et dont l'AFP a eu connaissance mercredi, le parquet relève que les "nombreux manquements, calculs approximatifs et analyses sommaires" des deux pilotes, morts dans le crash, constituent "la cause directe" du crash.
Pour le ministère public, les fautes pénales principales sont "bien évidemment et en premier lieu imputables" à Flash Airlines, qui se voit reprocher un manque de formation de ses pilotes et de mauvaises conditions de travail favorisant leur mauvaise réaction le jour de l'accident.
Mais ni Flash Airlines, liquidée judiciairement, ni les pilotes, morts dans le crash, ne peuvent voir leur responsabilité pénale engagée.
En revanche, le parquet considère que M. Nour, en tant que représentant légal de la compagnie, peut être jugé pour homicides involontaires pour avoir contribué à la survenue du drame, en n'ayant pas veillé à la fatigue de l'équipage ou à la qualité de leur formation.
La décision finale sur un procès revient aux deux juges d'instruction saisies du dossier.
L'avocat de M. Nour n'a pas répondu mercredi aux sollicitations de l'AFP.
Très engagées dans la procédure, les familles avaient elles-mêmes missionné des experts dont le rapport, publié en 2007, avait épinglé tous les acteurs, y compris la Direction générale de l'aviation civile (DGAC), pour n'avoir pas interdit de vol la compagnie.
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