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A la Cité internationale de Paris, des étudiants étrangers inquiets après la loi immigration

AFP, Vendredi, 22 décembre 2023

A la cité internationale universitaire de Paris, les étudiants étrangers témoignent du "sentiment d'incertitude" créé par le vote cette semaine d'une loi controversée sur l'immigration qui impose notamment le versement d'une caution pour étudier en France.

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Les députés de la gauche brandissent des pancartes portant le slogan de la révolution française: liberté, égalité et fraternité à l'Assemblée Nationale à Paris le 19 décembre 2023. Photo : AFP

Si cette loi avait déjà existé quand il a choisi de venir étudier en France, Micherael Shadly Lapommeray aurait choisi "un autre pays", affirme à l'AFP cet étudiant haïtien en master de droit public, croisé sur le campus qui accueille chaque année 12.000 étudiants, chercheurs et artistes de 150 nationalités.

"La France m'avait attiré en raison de la liberté de la recherche. On se sent en sécurité quand on étudie ici. A travers la loi (immigration), c'est nettement différent", regrette-t-il, tenant à la main un tract dénonçant ce texte restreignant les conditions d'immigration en France et dont l'adoption a fracturé la majorité présidentielle.

Pour lui, cette loi crée d'abord un "sentiment d'incertitude". "A présent, je pense que je m'orienterai vers d'autres pays pour faire ma recherche", projette l'étudiant de 31 ans.

Adopté aux forceps mardi, ce texte impose notamment aux étrangers extracommunautaires demandant un titre de séjour "étudiant" de déposer une caution pour couvrir le coût d'éventuels "frais d'éloignement".

Cette mesure, obtenue par l'opposition de droite et assortie de possibilités d'exemption, n'est "pas une bonne idée", a estimé mercredi le président Emmanuel Macron, tout en défendant la philosophie globale de la loi.

Une caution symbolique? 

Au lendemain de l'adoption du texte, la Première ministre Elisabeth Borne n'a pas exclu de "revenir" sur cette mesure, ajoutant que la caution pourrait n'être que symbolique, de l'ordre "de 10 ou 20 euros".

Pour Nasrellah, étudiant algérien en master de santé publique, le durcissement des mesures d'accueil des étudiants étrangers accentue encore une pression déjà existante.

En France depuis la rentrée, son visa a expiré et il attend, inquiet, sa carte de séjour.

"Ça m'empêche de me concentrer sur les études, surtout maintenant que les conditions de séjour tendent à être durcies", dit-il.

"J'ai choisi la France parce qu'on a ce rapprochement linguistique avec elle, pour la qualité des études, sa solidarité avec les étrangers et surtout la possibilité pour les étudiants de faire des stages et de travailler", justifie l'étudiant de 27 ans qui a refusé de donner son patronyme.

Ce regret est partagé par Yanqing Ma, étudiante chinoise, thésarde en philosophie: "J'ai choisi la France pour ses valeurs de liberté, d'égalité et de fraternité. Mais cette loi immigration s'oppose à ces valeurs", estime l'étudiante de 28 ans d'une petite voix.

Prime aux "riches"? 

Ibi Merlo, étudiante argentine de 25 ans, est aussi "profondément inquiète".

"Pour les étrangers, c'est déjà difficile de payer les frais d'inscription universitaire. On travaille et étudie en même temps. Avec cette loi, on a peur que ça ne devienne impossible" d'étudier en France, dit l'étudiant en première année de master en sciences du langage.

Avec l'instauration d'une caution, "la France ne va plus attirer les étudiants qui ont un excellent niveau académique, mais seulement ceux qui sont riches", remarque aussi l'étudiant algérien Nasrellah.

Une crainte qui fait écho à celle exprimée cette semaine par les présidents d'une soixantaine de grandes universités publiques, qui se sont insurgés contre des mesures "indignes de notre pays", contraires à "l'esprit des Lumières" et qui "nuisent à l'ambition" de l'enseignement supérieur.

Paris s'est fixé comme objectif d'atteindre les 500.000 étudiants étrangers accueillis en 2027 contre 402.833 pour l'année 2022-2023, selon les chiffres de Campus France.

D'après cet établissement public chargé de promouvoir l'enseignement supérieur tricolore à l'étranger, les étudiants internationaux représentent un apport économique net de "1,35 milliard d'euros à l'économie française".

"Nous sommes entièrement prêts à nous engager à leur application, à condition que la partie israélienne s'y engage également et se retire, conformément aux lois et résolutions internationales, des territoires occupés", a-t-il ajouté à la presse.

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