Lundi, des protestations diplomatiques ont été envoyées et « l'ambassadeur chinois a également été convoqué », a déclaré à la presse la porte-parole du ministère philippin des Affaires étrangères, Teresita Daza.
Daza a ajouté que déclarer « persona non grata » l'ambassadeur de Chine Huang Xilian aux Philippines était également "quelque chose qui doit être sérieusement envisagé".
Des correspondants de l'AFP devant le ministère des Affaires étrangères à Manille ont vu un SUV battant pavillon chinois entrer dans l'enceinte à 07H15 GMT. Le véhicule est reparti 45 minutes plus tard.
Selon des vidéos diffusées par les garde-côtes philippins, des navires chinois ont tiré au canon à eau sur des bateaux philippins au cours de deux missions distinctes de ravitaillement, samedi et dimanche, l'une de pêcheurs, près du récif de Scarborough Shoal, et l'autre d'une petite garnison près de l'atoll Second Thomas.
- "Réclamations sévères" -
Un bateau philippin et un navire des garde-côtes chinois sont entrés en collision dimanche vers l'atoll Second Thomas dans les eaux des îles Spratleys, les deux pays se rejetant la responsabilité de l'incident.
Le chef de l'armée philippine, le général Romeo Brawner, se trouvait à bord du bateau de ravitaillement impliqué dans la collision, ont indiqué les autorités.
Ces confrontations constituent une "grave escalade" de leurs tactiques, a déclaré lundi aux journalistes Jonathan Malaya, directeur général adjoint du Conseil national de sécurité philippin.
La Chine a rétorqué en affirmant que les opérations menées par ses garde-côtes contre les navires philippins avaient été "professionnelles" et "mesurées", et qu'elle avait "déposé des réclamations sévères" auprès de Manille au sujet de ces affrontements.
"Les opérations ont été professionnelles, mesurées, raisonnables et légales", a déclaré la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Mao Ning, en insistant sur le fait que Pékin "a pris les mesures nécessaires contre les navires philippins en conformité avec le droit international".
Manille et Pékin entretiennent une longue histoire de différends maritimes en mer de Chine méridionale par laquelle transitent chaque année des milliards de dollars de marchandises.
Dans un communiqué dimanche 10 décembre soir, le président Ferdinand Marcos a déclaré que les Philippines n'étaient "pas découragées" par ces derniers incidents.
"Personne, à l'exception des Philippines, n'a le droit légitime ou la base légale d'opérer où que ce soit dans la mer occidentale des Philippines", a affirmé M. Marcos, employant le le nom d'usage des eaux de la mer de Chine méridionale situées à l'ouest immédiat des Philippines.
- "Tester la détermination" américaine -
Dimanche, le Département d'Etat américain a appelé la Chine à "renoncer à sa conduite dangereuse et déstabilisatrice" en mer, tandis que des diplomates étrangers à Manille ont également critiqué le comportement de la Chine.
Ces dernières confrontations ont été les plus intenses entre navires philippins et chinois depuis des années, selon les analystes, Pékin et Manille cherchant à faire valoir leurs revendications territoriales maritimes respectives.
Selon Michael Raska, professeur et expert militaire à l'université technologique de Nanyang à Singapour, les actes de Pékin sont "non seulement conçus pour intimider et contraindre les Philippines à accepter les revendications territoriales de la Chine, mais aussi, plus probablement, pour tester la détermination des Etats-Unis".
Song Zhongping, analyste et ancien officier de l'armée chinoise, a déclaré que Manille se sentait "enhardi à provoquer la Chine" par le soutien américain qui exacerbe les tensions.
"Si les Philippines maintiennent ce cap et estiment qu'elles peuvent provoquer la Chine avec le soutien de pays extérieurs à la région (...) alors un conflit ou une autre éventualité pourrait éclater au récif de Ren'ai ou sur l'île de Huangyan", a déclaré M. Song, utilisant les expressions chinoises pour désigner l'atoll Second Thomas et Scarborough Shoal.
Pékin revendique la quasi-totalité de la mer de Chine méridionale, y compris des eaux et des îles proches des côtes de ses voisins, et a ignoré la décision d'un tribunal international en 2016 rejetant cette affirmation sans fondement juridique.
Les Philippines, Brunei, la Malaisie, Taïwan et le Vietnam revendiquent également plusieurs récifs et îlots dans cette mer, dont certaines zones pourraient receler de riches réserves de pétrole.
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