A l'abri de l'air chaud et pollué de Dubaï, les négociateurs de la COP28 s'enferment dimanche 10 décembre dans les salles climatisées avec le sentiment qu'un compromis est possible sur les énergies fossiles, à deux jours de la date butoir fixée par le président émirati de la conférence.
Des ONG aux négociateurs, les participants expriment le même sentiment qu'un accord n'a jamais été aussi proche pour signaler le début de la fin du pétrole, du gaz et du charbon, dont la combustion depuis le 19e siècle est largement responsable du réchauffement de la planète.
Mais il reste à convaincre le bloc mené par l'Arabie saoudite, premier exportateur mondial de pétrole, l'Inde, qui produit encore les trois quarts de son électricité en brûlant du charbon... ou encore les pays en développement qui exigent des pays riches de l'aide pour installer l'énergie solaire ou les éoliennes dont ils auront besoin.
- L'obsession des fossiles -
"Il faut une formule forte sur la sortie des énergies fossiles, alignée sur 1,5°C", a répété dimanche 10 décembre l'émissaire allemande pour le climat, Jennifer Morgan. "En même temps, il est évident que les pays les moins développés ne pourront pas y aller à la même vitesse sur les grandes puissances économiques du G20".
En clair: le texte à forger à la COP28 doit explicitement appeler au déclin des énergies fossiles sans oublier que l'accès à l'énergie reste un problème dans une partie du monde et le sera encore plus avec la croissance démographique attendue.
De plus en plus isolés alors que la Chine est jugée constructive par les négociateurs, les pays exportateurs de pétrole sont accusés d'obstruction.
"J'appelle le groupe arabe présidé par l'Arabie saoudite, les pays arabes en Afrique et les pays les moins développés à donner une chance à la vie, à la science et à la présidence des Emirats arabes unis", a lancé le militant de Greenpeace au Moyen-Orient Shady Khalil.
- Qui paie pour l'adaptation? -
Le sujet qui accapare les conversations dimanche 10 décembre sur le site de la COP28 est une autre brique du grand accord que prépare le président de la conférence, l'Emirati Sultan Al Jaber, qui concerne l'adaptation des pays vulnérables à une planète déréglée.
"On n'a pas vu autant de mouvement" sur cette question que sur les autres sujets, regrette Ralph Regenvanu, le ministre du changement climatique du Vanuatu, île du Pacifique rongée par la montée des océans, dans un entretien à l'AFP.
Un projet de texte a laissé beaucoup d'observateurs sur leur faim. S'il ne contient pas des mesures plus précises de mise en oeuvre, "ce cadre restera vide", craint Ana Mulio Alvarez, du groupe de réflexion E3G.
- Retour du chef de l'ONU -
Antonio Guterres, secrétaire général de l'ONU, sera de retour dimanche à Dubaï pour la dernière ligne droite.
"L'énergie renouvelable est pas chère, propre et infinie, elle peut répondre à la croissance de la demande d'énergie sans empoisonner notre environnement ni faire suffoquer notre planète", a lancé Antonio Guterres dimanche depuis Doha.
Il a appelé les compagnies pétrolières à investir dans les renouvelables, et les dirigeants mondiaux à la COP28 à s'accorder sur "de fortes réductions d'émissions alignées sur 1,5°C".
- AIE -
L'Agence internationale de l'énergie (AIE) a estimé dimanche que les engagements non contraignants annoncés avec fanfare au début de la COP28 par plus d'une centaine de pays (triplement des renouvelables...) et de compagnies pétrolières n'accompliraient d'ici 2030 que 30% de la réduction nécessaire des émissions liées à l'énergie pour parvenir à la neutralité carbone en 2050.
Contrairement à ces engagements volontaires, le texte devant être adopté par consensus à la COP28 sera juridiquement.
- Manifestation contre l'Opec -
Des militants ont fait une brève irruption dans le pavillon de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), qui a fait scandale vendredi avec une lettre appelant ses membres à rejeter tout texte à la COP28 visant les énergies fossiles.
"Pour nous, avoir un pavillon de l'Opep à la COP c'est comme avoir un énorme forage pétrolier dans les négociations", a dénoncé Nicolas Haeringer de l'ONG 350.org, devant des visiteurs du stand étonnés.
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