Le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, et le plus haut responsable du Parti Communiste Chinois (PCC) pour la diplomatie, Wang Yi, se sont rencontrés en marge de l’Asean. (Photo : AP)
En marge du sommet de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (Asean) tenu à Jakarta, en Indonésie, les 13 et 14 juillet, le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, et le plus haut responsable du Parti Communiste Chinois (PCC) pour la diplomatie, Wang Yi, ont tenu d’importantes discussions. Il s’agit de leur deuxième rencontre en deux mois : Blinken a visité la Chine en juin dernier et s’y est entretenu avec le président chinois, Xi Jinping, ainsi qu’avec Wang Yi. L’objectif essentiel de ces rencontres est d’apaiser les tensions entre les deux puissances économiques rivales. Un objectif difficile à réaliser car plusieurs questions épineuses s’opposent toujours à un compromis ou à une véritable entente.
En effet, à la veille de la rencontre de Jakarta, la tension est montée d’un cran entre les deux pays après des allégations américaines de piratage informatique chinois. Selon le communiqué du géant de l’informatique Microsoft, une cyberattaque d’origine chinoise a ciblé le gouvernement américain. Elle visait en particulier des comptes de messagerie électronique d’un certain nombre d’agences fédérales et du département d’Etat. Microsoft a déclaré qu’un groupe de hackeurs chinois a accédé à près de 25 organisations américaines dans un but d’espionnage. Le département d’Etat a déclaré avoir détecté une « activité anormale », mais s’est abstenu de blâmer publiquement la Chine, précisant qu’une enquête était en cours.
Ces accusations, en plus d’une multitude de sujets de désaccords, n’empêchent pas les contacts entre les deux parties. Et n’arrangent pas les choses non plus. Blinken a estimé qu’il n’y aurait pas de dénouement sur le court terme à la rivalité entre les deux pays. « Il s’agit davantage de parvenir à une coexistence pacifique et peutêtre un peu plus productive entre nous, car le fond du problème est le suivant : la Chine ne disparaît pas, nous ne disparaissons pas non plus, et nous devons donc, dans un premier temps, trouver un moyen de coexister et de coexister pacifiquement », a-t-il affirmé. La secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, s’est également rendue en Chine début juillet, où elle a été reçue par plusieurs hauts responsables du gouvernement dont le premier ministre, Li Qiang, et n’a cessé de plaider pour davantage d’échanges et de collaboration entre les deux pays.
Taïwan, un sujet de friction permanent
Malgré ces déplacements marquant une volonté de l’Administration Biden de stabiliser des relations bilatérales tendues, Washington n’a toujours pas atteint l’un de ses principaux objectifs, à savoir la reprise du dialogue avec l’armée chinoise, considérée comme essentielle pour éviter les scénarios les plus pessimistes. La Chine exige que les Etats-Unis lèvent les sanctions imposées à son ministre de la Défense, Li Shangfu, en raison de l’achat d’armes à l’adversaire américain, la Russie. Pékin et Washington discutent aussi sur les moyens de lutter contre les précurseurs chimiques du fentanyl, l’opioïde synthétique, à l’origine d’une épidémie de toxicomanie aux Etats-Unis. Pékin est dans le viseur, car des composés chimiques nécessaires à la fabrication du fentanyl continuent d’être exportés de chine vers le Mexique avant d’entrer sur le territoire des Etats-Unis. Mais le point de discorde le plus important reste Taïwan, que Pékin considère comme une partie de son territoire. « Nous devons faire respecter la liberté de navigation en mer de Chine méridionale et orientale et maintenir la paix et la stabilité dans le détroit de Taïwan », a déclaré Blinken, tout en ajoutant que « cela veut dire une région où les pays sont libres de choisir leurs propres voies et leurs propres partenaires, où les problèmes sont traités ouvertement, et non par coercition ».
Mais ni Pékin ni Washington n’ont prédit de percées majeures dans la restauration de la diplomatie entre les deux pays, mais tous deux tentent d’établir des garde-fous pour leur rivalité croissante. Au cours du sommet de Jakarta, Blinken a appelé les pays d’Asie du Sud-Est à s’unir face à la « coercition » pratiquée, selon lui, par la Chine en Asie- Pacifique, une région touchée de plein fouet par les tensions sinoaméricaines.
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