
En Iraq, les intérêts américains sont de plus en plus la cible d’attaques ces derniers mois.
Depuis plusieurs semaines, les intérêts américains sont de plus en plus la cible d’attaques dans la région. Dernière en date: un obus de mortier est tombé dans le champ gazier de Conoco, à l’est de la Syrie, près d’une base de la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis, a rapporté, dimanche 11 juillet, l’Observatoire Syrien des Droits de l’Homme (OSDH). Il n’a été fait état d’aucune victime à ce stade. Selon l’ONG basée en Grande-Bretagne, des milices pro-iraniennes sont probablement à l’origine de l’incident. Cette attaque en Syrie survient après quelques jours d’une autre, bien plus grave, en Iraq. L’ambassade américaine à Bagdad a été visée par 3 roquettes, jeudi 8 juillet. Le même jour, une autre attaque a ciblé la base aérienne iraqienne de Aïn Al-Assad, qui abrite des militaires américains dans l’ouest désertique de l’Iraq. Pas moins de 14 roquettes « sont tombées sur la base et dans son périmètre. Les systèmes de défense ont été activés », a tweeté le porte-parole de la coalition internationale antidjihadiste en Iraq, le colonel Wayne Marotto, en précisant que l’attaque avait fait 2 blessés légers. L’attaque a été revendiquée par un groupe se présentant comme les « Brigades de revanche de la mort d’Al-Mohandes », qui a promis de « forcer les Américains à quitter le territoire iraqien ». Ce groupe inconnu porte le nom de l’ancien numéro deux d’Al-Hachd Al-Chaabi, la milice pro-iranienne, Abou-Mahdi Al-Mohandes, tué avec le puissant général iranien Qassem Soleimani dans un raid américain en janvier 2020 à Bagdad.
« Les différentes factions d’Al-Hachd Al-Chaabi ont reçu l’ordre de multiplier les attaques contre les Américains en Iraq », a récemment indiqué à l’AFP une source au sein de la coalition, devenue force incontournable en Iraq, pays pris en étau entre ses deux grands alliés américain et iranien, eux-mêmes grands ennemis. Selon cette même source, le général iranien Esmaïl Qaani, successeur de Soleimani, était à Bagdad au début du mois pour, notamment, rencontrer les différentes factions pro-Iran du pays.
L’attaque contre l’ambassade américaine, considérée comme l’une des opérations les plus importantes de ces derniers mois contre les intérêts américains dans le pays, est intervenue dans un contexte de tensions entre l’Iran et les Etats-Unis, après des frappes américaines il y a deux semaines contre trois cibles dans l’est de la Syrie et l’ouest de l’Iraq. Selon Washington, ces cibles sont utilisées par des groupes d’Al-Hachd Al-Chaabi. Lors de ces raids, une dizaine de miliciens ont été tués et Al-Hachd avait promis de « se venger ».
50 attaques depuis le début de l’année
Depuis le début de l’année, une cinquantaine d’attaques ont été menées contre des intérêts américains. Leur fréquence s’est accrue ces derniers jours. L’utilisation des drones est un véritable casse-tête pour la coalition, car ces engins volants peuvent échapper aux batteries de défense C-RAM, installées par l’armée américaine pour défendre ses troupes. Signe que les Etats-Unis redoutent de nouvelles attaques au drone, ils ont récemment annoncé offrir jusqu’à 3 millions de dollars en échange d’informations sur les attaques visant leurs intérêts dans ce pays.
Mais pourquoi cette recrudescence maintenant ? Pour l’analyste iraqien Ali Beder, cité par l’AFP, ces attaques sont avant tout une « démonstration de force », mais « n’ont pas d’effet sur la présence américaine en Iraq» — environ 2500 soldats américains y sont toujours déployés dans le cadre de la coalition anti-Daech. Safinaz Mohamad Ahmad, analyste au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques d’Al-Ahram (CEPS), explique de son côté qu’« il est clair que la nouvelle Administration américaine est convaincue qu’elle doit protéger ses intérêts stratégiques en Iraq, d’une part, et reformuler les priorités de sa stratégie militaire en Syrie, d’autre part ».
Et dans les deux cas, Washington trace des lignes d’avertissement rouges imposées aux autres puissances internationales ou régionales, l’Iran en particulier, et la nécessité de ne pas les contourner. « Par contre, Washington ne cherche pas d’escalade militaire avec l’Iran, via l’Iraq ou la Syrie, mais il vise plutôt à le pousser à négocier sur toutes ses politiques étrangères, que ce soit sur le dossier nucléaire ou son influence régionale dans la région » signale l’analyste, en ajoutant qu’il existe une volonté américaine de revenir à l’accord nucléaire avec l’Iran par une voie diplomatique et de négociation en adoptant une politique de « pression calme », contrairement à la politique de « pression maximale » adoptée par la précédente Administration Trump, ceci afin de l’inciter à adopter une approche plus flexible aux négociations concernant l’accord nucléaire .
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