Israël s’inquiète et ne le cache pas. Et Washington tente de le rassurer. C’est dans ce contexte que s’inscrit la visite, dimanche 11 et lundi 12 avril, du secrétaire d’Etat à la Défense américain, Lloyd Austin, à Tel-Aviv. Une visite où il a été question de fourniture d’armements américains, mais aussi au cours de laquelle Austin s’est efforcé de rassurer Israël sur les grands dossiers touchant à la sécurité régionale, l’Iran en tête. En effet, alors que l’avenir de l’accord sur le nucléaire iranien se joue à Vienne, dans la région, la tension reste palpable, notamment avec Israël, ennemi juré de l’Iran, qui ne cache pas son inquiétude de l’éventualité d’une amélioration des relations entre la République islamique et la communauté internationale. La semaine dernière, les autorités iraniennes ont annoncé que l’un de leurs navires commerciaux déployé en mer Rouge avait été endommagé par une explosion d’origine inconnue, mardi 6 avril. Pour les médias proches du régime, mais aussi pour certains médias étrangers, c’est Israël qui est à l’origine de cette agression. L’attaque aurait été causée par des explosifs placés sur la coque du Saviz, selon l’agence de presse semi-officielle iranienne Tasnim, qui a par ailleurs qualifié le navire de « bâtiment utilisé par les forces armées du pays ». Mais le plus surprenant est que le quotidien américain New York Times, citant une source officielle américaine, a rapporté que « les Israéliens avaient prévenu les Etats-Unis que leurs forces avaient frappé le Saviz ». Comme à son habitude, Tel-Aviv n’a pas revendiqué l’attaque. « Israël doit continuer à se défendre. Là où nous trouvons un défi opérationnel et là où c’est nécessaire, nous persisterons à agir », a cependant déclaré, mercredi 7 avril, le ministre israélien de la Défense, Benny Gantz, sans commenter le cas du Saviz.
Quoi qu’il en soit, le timing n’est pas fortuit. Israël, qui souhaite préserver la politique de « pression maximale » imposée à l’Iran par l’Administration Trump dès 2018, voit d’un très mauvais oeil les tentatives de rapprochement qui ont lieu à Vienne. Et affiche ouvertement son opposition. « Je dis aussi à nos amis les plus proches: un accord avec l’Iran qui menace de nous détruire ne nous engagera à rien. Nous n’avons qu’un seul engagement: empêcher ceux qui souhaitent nous détruire d’exécuter leurs plans », a réitéré, mercredi dernier, le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, semblant adresser un message aux Américains. Israël pourrait alors avoir conduit cette attaque pour signifier à l’Administration Biden qu’il conserve son pouvoir de dissuasion dans le contexte des discussions sur le nucléaire. Ce n’est pas tout. L’Etat hébreu ne compte pas rester les bras croisés. Au lendemain de l’attaque contre le navire iranien, le média israélien Channel 13 a rapporté que le directeur du Mossad, Yossi Cohen, devrait se rendre prochainement à Washington pour rencontrer de hauts responsables de la Maison Blanche et des services du renseignements américains. Le chef des renseignements israéliens devrait présenter des « preuves formelles des mensonges de l’Iran » qui « dissimule des éléments importants sur son programme nucléaire », a précisé la chaîne.
Cette nouvelle escalade intervient alors que l’Iran et Israël se sont mutuellement accusés ces dernières semaines d’attaques visant leurs navires respectifs. D’où l’inquiétude de l’Onu, qui a appelé, par la voix de son porte-parole Stéphane Dujarric, à « une retenue maximale ». « Nous sommes préoccupés », et « même si les circonstances (de cet événement) restent peu claires, nous voulons souligner l’importance pour les parties concernées, y compris les pays de la région, d’observer une retenue maximale », a déclaré Stéphane Dujarric, qui a déploré un « quatrième événement de ce type dans la région en un peu plus d’un mois ». En effet, depuis fin février, deux attaques ont été imputées à Téhéran dans le golfe d’Oman et en mer d’Arabie, et une attaque à l’Etat hébreu en Méditerranée orientale .
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