Le président Maduro a mobilisé ses partisans pour défier les Etats-Unis.
La situation s’enlise au Venezuela. Caracas et la quasi-totalité des 23 Etats du pays ont connu durant plusieurs jours une coupure généralisée du courant électrique. Du coup, le pays a été littéralement paralysé : journée de travail et cours suspendus, vols annulés, hôpitaux au ralenti, pillages, rues désertes, métro stoppé, distribution de l’eau assurée par des pompes électriques interrompue, réseau téléphonique et Internet très instables. La panne a commencé jeudi 7 mars, le lendemain, le courant est revenu partiellement dans l’après-midi dans certains quartiers de Caracas avant d’être coupé à nouveau. De plus, l’économie du Venezuela, déjà très fragile, a été également touchée : les habitants ne pouvaient plus retirer d’argent aux distributeurs et les banques sont restées fermées vendredi 8 mars.
L'opposant Guaido s'est proclamé président par intérim le 23 janvier
Au lendemain de cette coupure de courant, les partisans des deux camps rivaux — le gouvernement du président élu, Nicolas Maduro, et son opposant Juan Guaido, président autoproclamé soutenu par une partie de la communauté internationale — ont défilé dans la capitale. En effet, si l’origine de cette panne géante d’électricité est toujours inconnue, les deux parties n’ont pas manqué de l’exploiter. « J’appelle tout le peuple vénézuélien à s’exprimer massivement dans la rue contre le régime usurpateur, corrompu et incapable qui a plongé notre pays dans l’obscurité », a écrit sur Twitter Juan Guaido, opposant et président du parlement, qui s’est proclamé président par intérim du Venezuela le 23 janvier, et reconnu par une cinquantaine de pays. En face, Nicolas Maduro a également mobilisé il y a quelques jours ses partisans pour défiler contre l’« impérialisme » tout en accusant les Etats-Unis d’être derrière cette panne. « La guerre de l’électricité annoncée et dirigée par l’impérialisme américain contre notre peuple sera mise en échec. Rien ni personne ne pourra vaincre le peuple de Bolivar et de Chavez. Patriotes, unissez-vous ! », a-t-il écrit sur Twitter.
Le ministre de la Défense, Vladimir Padrino, a de son côté qualifié la panne d’« agression délibérée » des Etats-Unis et a annoncé un « déploiement » de l’armée sans plus de détails, lors d’une déclaration sur la télévision d’Etat VTV. Le gouvernement vénézuélien a même annoncé vendredi 8 mars qu’il allait fournir à l’Onu « des preuves » d’une responsabilité de Washington dans la panne d’électricité géante. Ces informations seront remises à une délégation du Haut-Commissariat de l’Onu aux droits de l’homme qui est attendue dans quelques jours à Caracas, a déclaré le ministre de la Communication, Jorge Rodriguez.
Et ce n’est pas que sur les Etats-Unis que Caracas jette son dévolu, le régime vénézuélien s’en est également pris à Berlin en expulsant l’ambassadeur d’Allemagne à Caracas. Accusé « d’ingérence dans les affaires intérieures » du pays, l’ambassadeur allemand, Daniel Kriener, a été déclaré persona non grata après avoir reçu Juan Guaido. Une décision immédiatement condamnée par Berlin qui l’a jugée « incompréhensible », estimant qu’elle « aggrave la situation et ne contribue pas à la détente ».
Côté américain, Washington a annoncé de nouvelles sanctions et révoqué les visas de 77 responsables du régime et de leurs proches, en plus des dizaines d’annulations déjà annoncées. Les Etats-Unis ont aussi menacé les « institutions financières étrangères impliquées (dans l’aide) à Nicolas Maduro et à son réseau corrompu ». « Nous allons continuer à demander des comptes à l’ensemble du régime Maduro jusqu’à ce que la libertad soit rétablie au Venezuela », a prévenu le vice-président américain, Mike Pence.
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