Beaucoup d’espoir a accompagné la visite de Donald Trump en Israël et dans les Territoires palestiniens. Celui qui passait pour un pro-israélien endurci, celui qui semblait se désintéresser du processus de paix, a tenté de faire de son mieux au cours de cette première tournée au Proche-Orient. Au cours de sa visite, le président américain s’est entretenu avec les dirigeants de deux camps voisins rivaux. Pour le président palestinien, Mahmoud Abbas, c’était l’occasion d’exposer à nouveau le rêve palestinien d’Etat indépendant en faisant de Jérusalem-Est la capitale de l’Etat auquel les Palestiniens aspirent depuis des décennies. Pour le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, c’était en revanche l’occasion de rappeler aux Américains qu’ils ont toujours été et qu’ils doivent rester les éternels alliés des Israéliens, et le prouver notamment en exécutant la promesse de transférer l’ambassade américaine à Jérusalem.
Mais pas de réponse immédiate ou concrète aux revendications des uns et des autres. L’Administration américaine a prévenu de ne pas attendre un vaste plan diplomatique au cours de la visite. Le président américain cherche simplement à « faciliter » la reprise des efforts de paix et à obtenir des deux bords des engagements et des mesures de confiance, disent ses collaborateurs. Le scepticisme reste donc de mise, tant Israéliens et Palestiniens sont éloignés. Abbas et Netanyahu n’ont pas eu d’entretien direct substantiel depuis 2010. Abbas a rapporté avoir dit à M. Trump à la Maison Blanche, début mai, qu’il était prêt à rencontrer M. Netanyahu sous son « parrainage ». Mais Trump a déjà déçu en prenant initialement ses distances avec la solution dite à deux Etats, quoique son conseiller à la sécurité nationale, le général HR McMaster, ait signifié que le président pourrait s’être ravisé. Cela dit, Donald Trump reste évasif, exprimant simplement son « désir de dignité et d’autodétermination pour les Palestiniens ». Par ailleurs, sur la colonisation, considérée par la communauté internationale comme illégale et un obstacle majeur à la paix, M. Trump a déjà réfréné Israël. Mais « nous n’avons aucune exigence de gel », a dit le nouvel ambassadeur américain, David Friedman. Une déclaration ferme mettrait sous pression M. Netanyahu, confronté à la surenchère du lobby des colons auquel son gouvernement fait la part belle. Ces derniers avaient salué l’avènement de Donald Trump comme le début d’une nouvelle ère dans laquelle la colonisation reprendrait sans frein et peut-être même une partie de la Cisjordanie serait annexée.
Message flou
Tout compte fait, même si la visite de Trump en Israël et dans les Territoires a fait bonne figure, l’horizon israélo-palestinien a rarement paru plus sombre. Les dernières négociations, sous les auspices des Etats-Unis, ont capoté en 2014. 2017 marque cinquante années d’occupation et de colonisation israéliennes des Territoires palestiniens. Trump s’est gardé depuis son arrivée lundi en Israël de toucher publiquement à des questions concrètes, comme la colonisation, la violence et les tensions ou le statut de Jérusalem. Il a donné beaucoup de gages aux Israéliens en parlant de « liens indestructibles » entre les deux pays et en devenant le premier président américain en exercice à se rendre au mur des Lamentations. « C’est un acte symbolique, il envoie un message aux Palestiniens disant qu’il les soutient et qu’il va les aider. Un message qui peut donner une lueur d’espoir. Le maximum attendu étant juste de fixer une date pour la reprise des négociations de paix entre Palestiniens et Israéliens », explique Dr Ahmad Youssef, politologue et directeur du Centre des recherches et des études arabes au Caire. Et d’ajouter : « La question palestinienne est oubliée depuis des années à cause des autres événements qui secouent la région. Si le président américain arrive à forcer les deux camps à s’asseoir autour d’une table de négociations, c’est déjà un progrès en soi, surtout après la position qu’il a affichée au cours de sa campagne électorale ». En effet, au cours de sa campagne, il avait semé le trouble en affirmant son intention de reconnaître Jérusalem comme la capitale d’Israël. Une fois investi, il avait alarmé encore davantage les Palestiniens en prenant ses distances avec la solution des deux Etats.
Aujourd’hui, les dirigeants palestiniens se félicitent du fait qu’un certain recul a été remarqué à propos de ces positions radicales. Cependant, le scepticisme reste de mise, avec un premier ministre israélien soumis aux pressions de sa droite, un président palestinien vieillissant et entravé par les divisions intestines et un président américain en pleine tempête politique à Washington.
Lien court: