
La réunion de Paris valait surtout pour le symbole.
(Photo : Reuters)
Cela fait deux ans que Paris prépare une conférence internationale sur le processus de paix israélo-palestinien. Une initiative censée remplir le vide dû à l’absence des efforts de la part de Washington, pourtant principal parrain du processus de paix, mais qui s’est complètement désengagé du dossier depuis plusieurs années.
Pour autant, l’absence d’enthousiasme des deux gouvernements israélien et palestinien, ainsi que l’intransigeance du permier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, n’ont pas laissé de place à beaucoup d’espoir. Et avant même la tenue de la réunion, personne n’avait l’espoir de voir la rencontre de Paris donner lieu à des résultats tangibles.
Certes, la France comptait, à travers cette conférence, mobiliser la communauté internationale pour qu’elle s’engage en faveur de la relance du processus de paix israélo-palestinien, à l’arrêt depuis 2014. Mais ce n’est pas suffisant. Pas plus que l’engagement pris solennellement par plus de 70 pays, qui ont réitéré dimanche leur position en faveur des deux Etats israélien et palestinien, avertissant qu’ils ne reconnaîtraient pas d’actions unilatérales qui menaceraient une solution négociée, particulièrement sur la question des frontières ou le statut de Jérusalem.
Dans un communiqué final âprement et minutieusement négocié, les participants à la conférence de Paris ont exhorté, Israéliens et Palestiniens, à « démontrer leur engagement pour la solution à deux Etats, et à s’abstenir d’actions unilatérales qui préjugeraient du résultat de la négociation, notamment sur les frontières, Jérusalem et les réfugiés ». Le texte précise que si de telles actions étaient prises, « ils ne les reconnaîtraient pas ».
Contexte explosif
Ce message intervient dans un contexte particulièrement explosif, alors que la solution des deux Etats semble plus inatteignable que jamais, près de soixante-dix ans après la création d’Israël et le début du conflit. Il intervient aussi à cinq jours de l’entrée en fonction d’une Administration américaine ayant pris des positions très pro-israéliennes. D’ailleurs, le communiqué s’abstient soigneusement de faire référence au projet controversé du futur président américain, Donald Trump, de transférer l’ambassade des Etats-Unis de Tel-Aviv à Jérusalem, mais il y a « un message subliminal à l’Administration Trump », selon un diplomate français.
Le président élu américain a promis durant sa campagne de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël et d’y déménager son ambassade. Une telle mesure romprait avec la politique historique des Etats-Unis et irait à l’encontre de la position de l’Onu, pour laquelle le statut de Jérusalem dont la partie Est palestinienne, qui a été occupée en 1967 puis annexée par Israël en 1980, doit se régler par la négociation.
Les Palestiniens, qui veulent aussi faire de Jérusalem la capitale de leur futur Etat, ont d’ailleurs vivement réagi, le président Mahmoud Abbas menaçant de revenir sur la reconnaissance d’Israël si une telle décision est appliquée. Par ailleurs, le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, s’est félicité d’un texte « équilibré », qui dénonce les actes et les incitations à la violence côté palestinien.
Pas plus qu’un symbole
Les Israéliens et les Palestiniens, dont les négociations sont gelées depuis près de trois ans, n’étaient pas conviés à la conférence de Paris. Si les Palestiniens sont en faveur de l’internationalisation du conflit, les Israéliens sont, eux, violemment opposés à toute approche multilatérale du dossier, et le gouvernement Netanyahu n’a pas caché compter ardemment sur l’arrivée de Trump au pouvoir.
Dans un tel contexte, la réunion de Paris valait surtout pour le symbole, à un moment où la perspective de deux Etats s’évapore, compte tenu de la situation sur le terrain, marquée par la poursuite de la colonisation israélienne et les attaques et attentats palestiniens.
Elle était aussi le dernier acte d’une série de gestes remarqués sur la question israélo-palestinienne, dont le plus important s’est produit à l’Onu le 23 décembre.
Un mois avant son départ de la Maison Blanche, l’Administration du président sortant, Barack Obama, a en effet marqué le coup en s’abstenant sur une résolution condamnant la colonisation israélienne, la première depuis 1979. Au grand dam du président élu Trump qui avait exhorté Washington à mettre son veto. Une nouvelle conférence internationale « avec les participants qui le souhaitent » se réunira d’ici à la fin de l’année pour faire le point sur les avancées du processus, indique aussi le communiqué final. « La France cherche à renforcer son rôle dans la région d’autant plus que l’Administration américaine d’Obama n’a pas montré beaucoup d’intérêt pour le Moyen-Orient », explique Dr Sameh Rachad, spécialiste des affaires régionales à Al-Ahram. Il ajoute que : « Dans ces conditions, la communauté internationale s’est accordée sur l’importance de maintenir en vie la solution basée sur le principe des deux Etats, sans pour autant être capable de l’appliquer », selon lui, les efforts français se situent dans ce contexte. En d’autres termes, le but de cette réunion est plutôt symbolique.
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