
Le nouveau président appelle à un dialogue constructif avec la Syrie pour régler les dossiers en suspens.
Le nouveau président libanais doit faire face à de nombreux défis, notamment en matière de politique étrangère, et dans les relations du Liban avec son voisinage arabe, qui ont été fortement affectées par l’ingérence iranienne et l’influence du Hezbollah dans la politique libanaise. En effet, l’élection de Joseph Aoun a été largement saluée par les pays arabes qui espèrent qu’elle contribuera à renforcer la stabilité régionale et à promouvoir les intérêts communs. Dans son discours, Aoun s’est engagé devant le Parlement libanais à renforcer les relations du Liban avec les pays arabes et à retourner dans le giron arabe. Le président élu a annoncé que l’Arabie saoudite sera sa première destination à l’étranger en réponse à l’invitation du prince Mohammed Bin Salman. « La chute du régime syrien et l’affaiblissement des capacités militaires du Hezbollah pourraient faciliter une réintégration du Liban dans le monde arabe », explique Ali Atef, chercheur au Centre égyptien de la pensée et des études stratégiques (ECSS). Avis partagé par Mohamed Abdel-Hafez, qui pense que la situation actuelle offre une opportunité de « réformer les relations libano-arabes et ouvre également la voie à un renouvellement du soutien économique des pays arabes au Liban pour surmonter sa crise économique persistante ». Et d’ajouter : « La situation actuelle représente une occasion de réparer ces relations, car le projet de l’Iran a été considérablement affaibli par les coups que ses mandataires dans la région, y compris le Hezbollah, ont reçus pendant la guerre israélienne contre le Liban, ainsi que par la chute du régime de l’ancien président syrien Bachar Al-Assad, qui se reflète directement sur l’influence de l’Iran au Liban, et explique pourquoi le Hezbollah a finalement accepté l’élection de Joseph Aoun à la présidence de la République et a abandonné son candidat, le chef du mouvement Marada, Sleiman Frangié ».
Dans le cadre de sa vision du renouvellement de la politique étrangère libanaise, le président Joseph Aoun a annoncé l’adoption d’une politique de « neutralité positive ». Ali Atef estime que le président Aoun entend dire par cela que le Liban se distancie des évolutions et conflits régionaux, et qu’il ne prendra aucune position hostile ou opposée à un quelconque pays, tout en s’engageant dans tout arrangement régional de nature à préserver la sécurité et la stabilité dans la région.
Dans le cadre de cette stratégie, Aoun a souligné dans son discours son intention d’« entamer un dialogue sérieux avec la Syrie » pour résoudre les questions en suspens entre les deux pays, notamment le contrôle des frontières, la non-ingérence dans les affaires intérieures et le règlement de la question des personnes disparues. Il a également souligné l’importance de trouver une solution durable à la crise des réfugiés syriens.
En effet, bien que les deux pays partagent une histoire, une géographie et une culture communes, les relations entre eux ont toujours été complexes, marquées par des alliances et des tensions en raison des relations tendues entre le Liban et le régime d’Assad.
Les deux pays partagent une frontière de 330 kilomètres, en grande partie non délimitée. Cette frontière poreuse a facilité le passage de contrebandiers, de pêcheurs et même de réfugiés. Pendant des décennies, le régime syrien a exercé une influence indirecte sur le Liban, notamment après l’intervention des forces syriennes dans le pays en 1976, pendant la guerre civile. Cette intervention a conduit à une domination syrienne sur la politique libanaise, en particulier en matière de décisions sécuritaires et militaires. La présence militaire syrienne au Liban a perduré jusqu’en 2005, malgré une forte opposition d’une grande partie de la population libanaise.
« Le dossier de la démarcation des frontières et celui des réfugiés syriens sont en tête des dossiers en suspens entre les deux parties, et il existe de grandes opportunités de progrès dans ces deux domaines au cours de la période à venir, d’autant plus que les nouveaux dirigeants de la Syrie ouvrent grande la porte au retour des réfugiés syriens dans leur pays. Le dossier de la délimitation des frontières pourrait poser quelques problèmes à la Syrie et au Liban. Le dossier des réfugiés représente plutôt un intérêt pour les deux parties, car le retour des réfugiés réduira les tensions sociales et politiques et aura un impact sur l’économie libanaise », conclut Atef.
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