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Abu Ghosoun, un joyau de la nature

Mer Rouge, Par Arafat Ali, Mercredi, 27 novembre 2024

Classés parmi les meilleurs villages de tourisme rural 2024 par l’OMT, Gharb Suhayl en Nubie et Abu Ghosoun en mer Rouge ne sont pas uniquement des destinations touristiques distinguées, mais ils présentent aussi un exemple de développement multidimensionnel soutenu par des projets innovants mis en oeuvre par leurs habitants. Reportage dans ces deux destinations uniques.

Deux modèles de développement communautaire

« Véritable chef-d’oeuvre de la nature ». C’est en ces termes que l’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT) a désigné le village d’Abu Ghosoun, situé dans le sud du gouvernorat de la mer Rouge, en le classant parmi les meilleures destinations touristiques rurales en 2024. Quelle est donc l’histoire de ce village ? « Faisant partie de la réserve naturelle de Wadi Al-Gemal, le village a acquis une importance touristique unique », explique Mohamad Moubarak, secrétaire de la municipalité d’Abu Ghosoun. Situé à 80 km au sud de la ville côtière de Marsa Alam, accessible par la route qui traverse Safaga et Al-Qosseir, le village d’Abu Ghosoun compte environ 3 000 habitants issus de la tribu Al-Ababda, l’une des plus anciennes et célèbres de la région, explique Moubarak. « Soucieux de conserver leur patrimoine matériel et immatériel, ainsi que leurs traditions ancestrales, les habitants d’Abu Ghosoun pratiquent depuis des lustres le pâturage et la pêche. Mais avec le développement du tourisme, une partie de la population s’est tournée vers ce secteur pour présenter son patrimoine aux visiteurs d’une manière distinguée et respectueuse de l’environnement, ce qui est devenu une source de revenu essentiel pour le village », ajoute-t-il.

Activités nautiques, safaris et biodiversité

Abu Ghosoun comporte l’une des zones les plus renommées au monde en raison de sa nature pittoresque : « Honkorab ». Cette zone doit son nom au faucon, dont le nombre était autrefois abondant dans cette région, et se distingue par une énorme mangrove célèbre par sa longévité. La plage possède également d’autres mangroves formant une forêt dense et un phare pour les navires qui passent par le port d’Abu Ghosoun. La mer dans cette zone abrite également une vie maritime exceptionnelle. Les amateurs de la plongée sous-marine et du snorkeling (plongée en apnée) pourront y observer une grande variété de créatures maritimes tels les dugongs, les tortues de mer, notamment les vertes considérées comme rares, les dauphins de toutes espèces et des sites où gisent des épaves. Grâce à cette richesse maritime exceptionnelle, « Honkorab a été classée par de grands magazines internationaux spécialisés comme la huitième plage du monde en termes de beauté », explique toujours Moubarak.

Les attractions naturelles d’Abu Ghosoun s’étendent d’ailleurs au-delà du littoral. Riche en faune sauvage, le désert oriental d’Abu Ghosoun offre une excellente opportunité pour les amateurs du safari dans le désert. Ceux-ci peuvent jouir d’une hospitalité bédouine quasi authentique dans le camp de Raada situé près de la route principale, ce qui le rend accessible à tous types de voitures. Ils pourront y déguster des plats traditionnels comme la boisson au fromage « Al-Qahma », le pain bédouin « Jabouri », ainsi que les poissons, les salades et autres spécialités locales.

Le safari dans les montagnes offre une attraction bien différente particulièrement en hiver. Les touristes peuvent alors pratiquer l’alpinisme et découvrir la beauté de la nature grâce à la présence de sources d’eau. D’ailleurs, les safaris en montagne sont classés au deuxième rang après les activités nautiques comme les activités touristiques les plus attrayantes en mer Rouge.

Tourisme et développement

En effet, ce village dynamique d’Abu Ghosoun n’est pas uniquement une destination touristique distinguée, mais aussi un modèle de développement local soutenu par des projets innovants mis en oeuvre par les habitants. « Le succès du village d’Abu Ghosoun en tant que meilleure destination touristique rurale au monde ne s’est pas fait par hasard. Il est le fruit des efforts déployés pour développer le tourisme dans le village et mettre en oeuvre des plans de développement communautaire », souligne Amr Hanafi, gouverneur de la mer Rouge. « Possédant une vaste expérience dans les domaines de la conservation de l’environnement, les habitants du village ont créé l’Association du développement communautaire d’Abu Ghosoun, qui est une organisation civile fondée par les jeunes du village et gérée actuellement par une équipe de jeunes de la tribu », explique Ibrahim Abdullah, chef de l’association. Considérée comme représentant officiel de la communauté locale, l’association a pour objectif de développer la communauté locale en impliquant activement les habitants dans la gestion des ressources naturelles. Il s’agit d’améliorer leur niveau de vie, de valoriser les ressources naturelles et culturelles, de créer de nouvelles opportunités d’emploi et de préserver l’environnement. Dans ce sens, l’association avait lancé de nombreuses initiatives, comme l’explique Ibrahim Abdullah. Parmi celles-ci on peut citer la création d’un musée bédouin, « Maison d’Al-Abadi », destiné à raconter l’histoire de la tribu Al-Ababda depuis son installation dans la région jusqu’à nos jours. Par ailleurs, l’association a lancé le camp de Raada, dédié au service du tourisme safari, ainsi qu’un rucher, contribuant ainsi au développement de l’économie locale.

Conscients de la particularité de leur patrimoine qui constitue leur principale source de revenus, les habitants d’Abu Ghosoun veulent présenter leur savoir-faire aux visiteurs de manière distinguée et responsable. C’est ainsi que l’association a lancé l’initiative « Handmade » (fabriqué à la main). Celle-ci vise à créer des ateliers d’artisanat traditionnel du bois. En plus, il s’agit d’offrir aux femmes un espace pour la fabrication des tapis et des accessoires en perles. Ces ateliers permettent aux artisans de présenter leurs créations au monde. « Ce projet ne contribue pas seulement à préserver le patrimoine artistique égyptien, mais il crée également un pont entre ces talents et les marchés internationaux », conclut Ibrahim Abdullah.

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