Nouvelle Capitale administrative, un modèle de modernité

 Grâce aux « tours urbains » organisés dans le cadre du Forum Urbain Mondial (FUM), les participants ont été appelés à découvrir la vision urbaine moderne de l’Egypte à travers la visite de la Nouvelle Capitale administrative et de la nouvelle ville d’Al-Alamein, le plus grand projet urbain sur la Côte-Nord de l’Egypte. S’étendant sur une superficie de 170 000 feddans et située à 45 km au nord-est du Caire, la Nouvelle Capitale administrative est un mégaprojet urbain érigé sur un terrain désertique transformé en valeur ajoutée. Son principal objectif est de décongestionner le centre-ville du Caire grâce au transfert des ministères, du Parlement et des différents appareils administratifs. La Nouvelle Capitale accueille 34 bâtiments administratifs, les sièges du gouvernement et du parlement bicaméral, le palais présidentiel et un centre financier et d’affaires. Une fois terminée, la ville accueillera 6,5 millions d’habitants et créera quelque 2 millions d’emplois. Près de 50 000 employés ont déjà pris leurs fonctions dans la Nouvelle Capitale, et ce chiffre devrait doubler pour atteindre les 100 000. Mais la Nouvelle Capitale ne renferme pas seulement des bâtiments administratifs, il s’agit d’une ville intégrale avec un aéroport, un centre culturel islamique, une cathédrale, un opéra et un centre d’art et de culture, ainsi que 13 cités résidentielles, dont chacune comprend 20 quartiers, avec un intérêt particulier pour les espaces verts (en moyenne 15 m2 par habitant). Il s’agit également d’une ville intelligente qui fournit un service digitalisé à ses habitants avec un centre de contrôle connecté à des caméras pour assurer la sécurité. La Nouvelle Capitale n’est pas la seule ville intelligente de l’Egypte. Dans le cadre de sa vision urbaine moderne, l’Egypte a lancé en 2018 un énorme projet national visant à créer 31 nouvelles villes intelligentes dans les quatre coins du pays.

 Le nouveau concept de la Côte-Nord

 Le 9 novembre, les visiteurs du FUM mettront le cap sur la nouvelle ville d’Al-Alamein. Ils pourront ainsi découvrir l’énorme développement de l’infrastructure routière du pays, ainsi que la beauté de cette nouvelle ville côtière. Autrefois un champ de mines, Al-Alamein est le reflet d’une Egypte nouvelle grâce à ses activités industrielles, touristiques et culturelles. Lancé en mars 2018, le projet de la création de la nouvelle ville d’Al-Alamein s’inscrit dans le cadre d’un vaste projet de développement de la Côte Nord-Ouest qui s’étend d’Alexandrie à Salloum. Ce projet vise à changer le concept de la Côte-Nord et à transformer les villages touristiques exploités deux ou trois mois par an seulement, pendant la saison estivale, en villes durables et intégrées qui attirent les citoyens et les touristes tout au long de l’année.

S’étendant sur une superficie de 48 000 feddans, Al-Alamein se présente comme un modèle de développement urbain global avec des quartiers résidentiels, où l’on trouve des logements pour toutes les couches de la société, une zone industrielle qui occupe 25 % de sa superficie en plus des régions touristiques et archéologiques, d’une université et d’un siège estival du gouvernement. Depuis deux ans, elle accueille en été le festival Al-Alam Alamein (le monde est Alamein), qui réalise un succès retentissant dévoilant les multiples facettes de la nouvelle ville.

 Logements sociaux : L’habitat pour tous les Egyptiens

 Une autre étape-clé du forum est la visite des logements sociaux à la périphérie du Caire qui reflètent l’engagement de l’Egypte en faveur d’une croissance urbaine durable. Dans le cadre du concept « Un habitat pour tous les Egyptiens », l’Egypte s’est lancée ces dernières années dans de vastes projets de logements sociaux, mais aussi de luxe. Son plan est de construire un million de logements pour les différentes classes, soit 166 000 unités par an. Selon la Banque mondiale, l’Egypte mène l’un des plus grands projets de logements sociaux au monde, ayant déjà résolu 60 % de la crise du logement, qui affecte les classes les plus modestes. Ce programme a permis de fournir des logements décents et abordables dans tout le pays, adaptés aux revenus des bénéficiaires. Il s’agit d’appartements de deux ou trois pièces et d’une salle de séjour entièrement finis d’une superficie de 75 à 90 m2, dont le prix est échelonné sur 20 ans.

 L’expérience singulière des logements alternatifs

 Comme toutes les grandes capitales du monde, Le Caire a vu naître, à la fin du XX^e siècle, des zones informelles qui se sont élargies d’une manière alarmante créant un véritable défi urbain pour les gouvernements successifs. C’est ainsi que l’Etat a lancé en 2014 un plan global pour éradiquer ce phénomène non seulement au Caire, mais dans tout le pays. Au FUM, l’Egypte a présenté son expérience singulière qui a réussi en quelques années à réaménager les zones informelles dangereuses, parallèlement au développement des zones informelles non planifiées. 342 zones ont été entièrement réaménagées, alors que 15 sont en cours de réaménagement. Le projet a coûté 67,8 milliards de L.E. entre 2014 et 2023.

La Semaine urbaine du Caire, organisée du 27 octobre au 3 novembre pour créer une dynamique autour du FUM via une série d’activités, a organisé une visite au quartier d’Asmarat où vivent plus de 15 000 familles déplacées de zones dangereuses. Les participants au forum ont aussi eu l’occasion de visiter, dans le cadre des tours urbains, d’autres projets de réaménagement des zones dangereuses comme les logements alternatifs de Maspero, de Rawdet Al-Sayéda, de Sein Al-Agouz et d’Al-Tibi. Rawdet Al-Sayéda est située à quelques minutes de la mosquée de Sayéda Zeinab, dans l’un des plus anciens quartiers du Caire. Quand on ne connaît pas l’endroit et son histoire, on pourrait penser qu’il s’agit d’une nouvelle résidence de luxe comme on en construit aux alentours du Caire. En réalité, il s’agit du bidonville de Tell Al-Aqareb, autrefois entièrement fait de taudis en bois et en tôle, dans l’une des zones à risque les plus pauvres de la capitale. Sur ce monticule calcaire de 7 feddans, situé à une hauteur de 13 m, se côtoyaient les scorpions (d’où son nom le monticule des scorpions) et une population de quelque 3 500 personnes. Tell Al-Aqareb n’existe plus. Aujourd’hui, il s’appelle Rawdet Al-Sayéda, construit dans un style architectural islamique avec ses fenêtres en forme de moucharabiehs. 16 immeubles de 5 étages, soit un total de 816 logements, y ont été construits. Des emplacements sont également prévus pour accueillir 350 magasins et ce, dans l’idée de transformer le quartier et d’y attirer les touristes, comme dans les rues historiques d’Al-Moez et de Khan Al-Khalili.

 Redynamiser le patrimoine

Pendant le FUM, le gouvernorat du Caire organise des visites de la capitale pour présenter le patrimoine dynamique de la ville. Selon le site du forum, ces événements permettent de goûter aux saveurs du Caire. Les participants peuvent découvrir les merveilles islamiques de la rue Al-Moez, l’art de la poterie ancienne et moderne au village de Fostat et une nuit festive de musique au Festival de la Citadelle. Tous ces événements mettent en valeur le mélange unique d’histoire, de culture et d’art de la ville.

Par ailleurs, la Semaine urbaine du Caire a organisé, en prélude au forum, une célébration sur l’héritage du Caire et son avenir avec des dialogues engageants sur l’urbanisme, des animations, des performances artistiques et des visites guidées à pied dans les rues de la ville, afin d’inspirer, d’engager et de connecter les participants à l’esprit de cette métropole dynamique.

Face à la croissance démographique galopante et à l’exode rural, la préservation du patrimoine du Caire historique a toujours représenté un défi colossal, de nombreux sites ont été endommagés ou sont tombés dans l’oubli. L’Etat, en collaboration avec de nombreuses institutions locales et mondiales, s’efforce de redonner vie à ces sites. Par exemple, la fondation Aga Khan, dans le cadre de son réaménagement du parc d’Al-Azhar sur une superficie de 30 hectares sur ce qui n’était que poussières et ruines pendant plus de deux siècles, a entièrement restauré le quartier historique d’Al-Darb Al-Ahmar, adjacent au parc.

 Le Caire historique régénéré

 Il y a plusieurs années, l’Etat a lancé un vaste projet de revitalisation et de régénération du Caire historique. Ce projet vise à restaurer et à repeindre les façades des bâtiments anciens du centre-ville, à développer les régions historiques et à préserver les monuments de cette région sur une période allant jusqu’à 2030, vu la délicatesse des travaux. Dans ce cadre figure le projet de réaménagement des jardins de Fostat, la première capitale de l’Egypte qui a donné naissance au Caire d’aujourd’hui. Sur une superficie de 404 feddans autour du lac de Aïn Al-Sira, ce projet a entièrement changé le visage de cette région pour la transformer en un parc mondial où les espaces verts représentent 88 % de la superficie totale. C’est dans ce contexte qu’a été réaménagé le célèbre village de poterie d’Al-Fawakhir, l’un des joyaux de Fostat avec ses multiples coupoles. Le projet est aussi connecté au nouveau Musée de la civilisation et à la cour de la mosquée de Amr Ibn Al-Ass, dont les travaux de restauration viennent d’être terminés. Non loin d’Al-Fostat, le projet de développement de l’aqueduc de Magra Al-Oyoune et de ses alentours touche à ses dernières phases. Les travaux de restauration de l’aqueduc ont été achevés. La centaine de tanneries installées depuis des décennies autour de l’aqueduc ont été transférées à la nouvelle ville d’Al-Roubeiki, alors que des logements alternatifs ont été accordés à plus de 1 500 familles qui habitaient la région. De nouveaux immeubles résidentiels ont été construits dans un style architectural islamique, ainsi qu’un vaste marché pour les produits artisanaux traditionnels, dont Le Caire est célèbre.

 Le Centre financier international du Caire, un nouvel horizon pour l’investissement

 Le FUM est l’occasion non seulement de présenter au monde l’expérience urbaine égyptienne, mais aussi d’ouvrir de nouveaux horizons à l’investissement, d’autant que l’Egypte envisage de créer le Centre financier international du Caire via le développement et la gestion du quartier des affaires de la Nouvelle Capitale administrative, le Central Business District (CBD). C’est ainsi que les personnalités importantes, les ministres et les représentants des délégations officielles ont été invités à se rendre au CBD de la Nouvelle Capitale et le centre administratif de la nouvelle ville d’Al-Alamein afin de prendre connaissance de leurs capacités et des opportunités d’investissement qu’ils présentent. Le CBD a pour objectif de créer un environnement propice à la croissance et à la prospérité des entreprises, de renforcer la croissance économique du pays, de créer des emplois et d’améliorer la position de l’Egypte sur la carte mondiale des investissements. Il abrite la Banque Centrale, la Bourse, les principales banques égyptiennes, ainsi que des centres commerciaux qui fournissent des services commerciaux, administratifs et médicaux. Il comprend également 20 gratte-ciels, ainsi que la tour iconique, la plus haute tour d’Afrique. Ces bâtiments sont destinés à plusieurs activités hôtelières, administratives, commerciales et résidentielles, toutes destinées à une clientèle de luxe. Ce quartier est l’un des premiers grands projets exécutés dans la capitale. Il a été inauguré en juin 2017, au coeur de la capitale avec des investissements atteignant près de 3,4 milliards de dollars.

Selon un rapport du Centre d’information et d’aide à la prise de décision du Conseil des ministres (CDSC) intitulé « Le Caire en tant que centre financier mondial, les villes du futur », les centres financiers jouent un rôle crucial dans l’économie mondiale, surtout face aux évolutions actuelles. Ils soutiennent l’innovation financière, facilitent le commerce international et renforcent la stabilité financière, et malgré les défis auxquels ils sont confrontés, tels que les développements technologiques et les changements géopolitiques, ces centres restent des moteurs-clés de la croissance et de la prospérité dans notre monde interconnecté.