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Pacifier le Soudan pour assurer la stabilité de la région

Aliaa Al-Korachi , Mercredi, 16 octobre 2024

Alors que la guerre se poursuit au Soudan, l’Egypte, de par sa présidence ce mois-ci du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, s’efforce de trouver des solutions pacifiques et durables à la crise soudanaise. Car la stabilité du Soudan est aussi un enjeu de sécurité nationale majeur pour Le Caire.

Pacifier le Soudan pour assurer la stabilité de la région

« L’Egypte ne ménage aucun effort pour soutenir la sécurité et la stabilité du Soudan face aux conséquences de la guerre », a déclaré le premier ministre, Mostafa Madbouly, lors de la cérémonie d’ouverture de la 9e Semaine africaine de l’eau, organisée cette semaine en marge de la 7e Semaine de l’eau du Caire. Alors que les armes ne cessent de tonner au Soudan depuis un an et demi, entraînant une crise humanitaire sans précédent qui a coûté la vie à plus de 20 000 personnes et a fait déplacer près de 10 millions, l’Egypte multiplie les initiatives pour désamorcer la crise.

Au coeur de la Corne de l’Afrique, la stabilité du Soudan est un enjeu de sécurité nationale majeur pour l’Egypte. Les relations entre l’Egypte et le Soudan sont multiformes, caractérisées par des constantes géographiques et historiques, ainsi que par des liens sociaux et culturels profonds. Ces relations sont particulièrement marquées par deux axes fondamentaux, le Nil et la mer Rouge, qui revêtent une importance stratégique croissante, comme l’a souligné l’ambassadeur Salah Halima, vice-président du Conseil égyptien pour les affaires africaines. Dans ce contexte, l’Egypte et le Soudan ont annoncé, dans une déclaration conjointe publiée samedi dernier après la tenue de la réunion de la Commission technique permanente mixte de l’eau du Nil entre les deux pays, que l’accord-cadre de coopération dans le bassin du Nil promu par l’Ethiopie « n’est contraignant pour aucun d’entre eux, car il est contraire aux règles du droit international pertinentes et aux meilleures pratiques internationales, y compris dans les expériences africaines réussies telles que les bassins des fleuves Zambèze et Sénégal, qui garantissent la continuité de la coopération et la durabilité du développement pour tous ».

Les deux pays ont également réaffirmé leur plein engagement à coopérer avec les pays du bassin du Nil « dans le cadre des principes internationalement reconnus, qui bénéficient à tous sans nuire à aucun pays ».

Selon les observateurs, cette position commune vise à contrecarrer les tentatives éthiopiennes pour former un bloc soutenant son plan de redistribution des parts des eaux du Nil.

Première visite à Port-Soudan

Sur un autre plan, parvenir à une solution pacifique à la crise figure à la tête des priorités de la présidence de l’Egypte du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (UA) au cours du mois d’octobre 2024. En effet, l’Egypte a été élue à l’unanimité à ce conseil en février 2024 en tant que représentant de l’Afrique du Nord pour une durée de deux ans. Créé en juillet 2002, le conseil est l’organe décisionnel de l’UA en matière de paix et de sécurité sur le continent. Dans le cadre de la présidence égyptienne, une délégation de haut niveau du conseil s’est rendue à Port-Soudan, au Soudan, le 10 octobre, au cours de cette visite plusieurs réunions et événements ont été organisés. Selon le communiqué du ministère des Affaires étrangères, cette visite, la première depuis le début de la guerre le 15 avril 2023, « a permis d’établir une vision d’ensemble de la crise soudanaise et d’identifier les moyens de soutenir le Soudan dans sa sortie de crise. Il s’agit notamment de faciliter le retour du Soudan au sein des instances de l’UA et de lui permettre de retrouver pleinement son rôle sur la scène continentale ». De son côté, la partie soudanaise a salué cette visite, la considérant comme une étape importante « pour restaurer les canaux de communication du Soudan avec l’UA, en tant que membre fondateur de l’organisation continentale, et pour aider à mieux comprendre la réalité sur le terrain au Soudan », a ajouté le communiqué.

Trois piliers

En effet, la crise soudanaise ne se limite pas aux frontières de ce pays. Mais ses répercussions pèsent lourdement sur toute la région, notamment la Corne de l’Afrique et la mer Rouge, qui constituent une artère vitale pour le commerce mondial. C’est pourquoi l’Egypte s’est mobilisée dès le début de la crise. En juillet 2023, elle a lancé l’initiative des pays voisins du Soudan, suivie en juillet 2024 par l’organisation d’une conférence des forces politiques civiles soudanaises. La vision égyptienne repose sur trois piliers principaux : parvenir à un cessez-le-feu global et durable tout en préservant l’unité et l’intégrité du Soudan, faciliter l’accès à l’aide humanitaire et aux secours et, enfin, trouver une solution politique globale à la crise soudanaise fondée sur une vision soudanaise sans ingérence extérieure. Selon Halima, « la présidence égyptienne ce mois-ci du Conseil de paix et de sécurité de l’UA, ainsi que son adhésion en tant que représentant de l’Afrique du Nord pour une durée de deux ans offrent une grande opportunité à l’Egypte d’agir de manière efficace pour trouver des solutions pacifiques et durables à la crise soudanaise ». Et de conclure : « Il ne fait aucun doute que la situation militaire sur le terrain au cours des dernières semaines souligne l’importance d’une action concertée du conseil, d’autant plus que de nombreuses positions internationales concernant la situation au Soudan ont évolué, comme en témoigne la récente participation du chef de l’armée, le général Abdel-Fattah Al-Burhan, aux réunions des Nations-Unies. Par ailleurs, la Conférence du Caire tenue en juillet dernier a permis de dégager un consensus sur la nécessité d’une armée soudanaise professionnelle, nationale et apolitique ».

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