Incapacité, dysfonctionnement et une justice à deux vitesses sont autant d’accusations portées contre l’inaction du système international face aux nombreux défis qui ravagent notre monde. Comment refonder la gouvernance mondiale ? Cette question est au coeur des discussions de la 79e session de l’Assemblée générale des Nations-Unies, tenue cette année du 22 au 27 septembre sous le thème « L’unité dans la diversité ». La semaine de haut niveau a été précédée par le Sommet de l’avenir au cours duquel les Etats membres ont adopté le Pacte pour l’avenir à l’unanimité, ainsi que ses annexes : le Pacte numérique mondial et la Déclaration sur les générations futures . A la tribune de l’ONU, la voix de l’Egypte « sera présente et forte, en tant qu’acteur régional majeur dans une région en proie à des troubles », avait déclaré le ministre des Affaires étrangères, de l’Emigration et des Expatriés égyptiens, Badr Abdelatty. L’ordre du jour du chef de la diplomatie égyptienne inclut des réunions bilatérales avec ses homologues et des participations à des événements de haut niveau abordant les enjeux régionaux et internationaux et les priorités égyptiennes .
L’érosion de la crédibilité du système multilatéral
Une réforme ou une refonte complète ? En effet, la 79e session de l’Onu se tient alors que le monde fait face à de nombreuses crises et à des conflits complexes. « Le monde traverse une période de turbulence et de transition. Du Moyen-Orient au Soudan, en Ukraine et au-delà, nous voyons les balles et les bombes défigurer et tuer, les corps s’accumuler, les populations traumatisées et les bâtiments détruits », a déclaré le secrétaire général des Nations-Unies, Antonio Guterres. Selon beaucoup d’observateurs, l’agression israélienne à Gaza, qui entrera dans sa deuxième année le 8 octobre prochain, a non seulement révélé la duplicité des normes occidentales, mais a également érodé la crédibilité et l’efficacité du système international et a bafoué les principes humanitaires les plus fondamentaux. « L’escalade dangereuse au Moyen-Orient confirme l’urgence de respecter strictement la Charte des Nations-Unies sans distinction ni doubles standards et de mettre en oeuvre les résolutions internationales pour consolider la paix », a souligné le président Abdel Fattah Al-Sissi dans son allocution au sommet virtuel « Appel mondial pour le sommet de l’avenir », tenu le 13 septembre en préparation au Sommet de l’avenir. Afin de renforcer l’action multilatérale, le président a appelé à « la réforme du système financier mondial, à une grande participation des pays en développement aux mécanismes de prise de décision économique et à faciliter l’accès des pays du Sud aux financements nécessaires pour atteindre les objectifs du développement durable ».
Restaurer la confiance
Quelle est la portée du « sommet de l’avenir » pour la région arabe dans ce contexte de tensions? A cette question, Mahmoud Mohieddine, envoyé spécial des Nations-Unies pour le financement du développement durable 2030, a tenté de répondre dans son article intitulé « Le Sommet de l’avenir et le renouvellement de l’arène internationale ». « Ce sommet est une tentative sérieuse, et peut-être l’une des dernières tentatives, pour sauver le système mondial actuel et ses institutions chargées de la paix, de la sécurité et du développement », souligne Mohieddine. « L’histoire nous enseigne que le déficit de confiance dans les institutions internationales engendre plus de crises », explique-t-il. Selon lui, le Conseil de sécurité est aujourd’hui totalement paralysé, incapable de résoudre les conflits les plus meurtriers et les crises qui secouent notre monde. Sans parler des enjeux existentiels qui menacent la paix internationale, tels que la question de l’eau, et des défis émergents comme la cybersécurité, la gouvernance de l’espace extra-atmosphérique et la compétition pour ses ressources. Un autre défi majeur réside dans le sous-financement des missions de maintien de la paix. Par ailleurs, l’Accord de Paris sur le climat et ses engagements n’ont pas réussi à réduire les émissions nocives pour la planète en raison d’un manque de financement. Et moins de 15% des objectifs du développement durable sont en voie d’être atteints d’ici 2030. « La revitalisation du système de coopération internationale exige une refonte de ses institutions afin de s’adapter aux nouvelles réalités sur la scène mondiale. Cette refonte doit s’adapter à un monde radicalement différent de celui issu de la Seconde Guerre mondiale. Les vainqueurs de cette guerre n’ont pas seulement écrit l’Histoire, ils ont également établi les règles du jeu pour l’après-guerre à travers des chartes, des accords et des normes qui ont contraint les institutions internationales à agir dans leur cadre, sans changement significatif pour s’adapter aux évolutions mondiales depuis les années 1940 », conclut Mohieddine .
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