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Petit acquis pour la Palestine

Nada Al-Hagrassy , Mercredi, 25 septembre 2024

Alors que la guerre dévastatrice à Gaza se poursuit depuis plus de 11 mois, une nouveauté a marqué l’ouverture de la 79e session de l’Assemblée générale : l’Etat de Palestine y siège désormais parmi les Etats membres.

Petit acquis pour la Palestine

Le président palestinien, Mahmoud Abbas, prononcera son discours à la tribune de la 79e session de l’Assemblée générale des Nations-Unies ce jeudi 26 septembre. La participation du chef de l’Autorité palestinienne à cette session marque un tournant par rapport aux précédentes : l’Etat de Palestine a obtenu, pour la première fois, un siège officiel parmi les Etats membres de l’Assemblée générale des Nations-Unies en application d’une décision prise en mai dernier. Le 10 mai, l’Assemblée générale a voté à une majorité écrasante, 143 voix pour et 9 voix contre, pour l’admission de l’Etat de Palestine à l’ONU et le fait de rehausser son statut d’observateur permanent. « L’attribution d’un siège à la Palestine, conformément à l’ordre alphabétique des Etats membres, constitue un grand pas vers l’adhésion complète de la Palestine en tant que membre à part entière à l’ONU », a déclaré l’ambassadeur Riyad Mansour, représentant de la Palestine auprès de l’organisation internationale.

D’ailleurs, ce n’est pas la première fois que la Palestine présente une demande d’adhésion à part entière à l’ONU. La première demande fut présentée en 2011 sans succès. En 2012, le Conseil de sécurité a octroyé à la Palestine le statut de pays observateur à l’instar du statut octroyé au Vatican. Selon ce statut, la Palestine peut participer à toutes les procédures de l’organisation, à l’exception du droit de vote sur les projets de résolution et des décisions dans ses principaux organes et institutions du Conseil de sécurité à l’Assemblée générale et ses six commissions principales. « On a travaillé d’arrache-pied pour prouver notre valeur jusqu’à ce que nous ayons présidé le Groupe 77+ qui groupe près de 134 pays + la Chine et est responsable de près de 70 % des activités des agendas de l’ONU », souligne toujours Riyad Mansour. Et d’ajouter que « l’accumulation de succès et d’approbation nous a permis de demander à l’Assemblée générale de réexaminer notre demande d’adhésion comme membre à part entière ». Et ce fut fait par une majorité écrasante.

 La résolution affirme la conviction de l’Assemblée générale que l’Etat de Palestine est pleinement qualifié pour devenir membre des Nations-Unies conformément à sa charte et indique un large soutien des Etats membres de l’organisation à l’acceptation de la Palestine comme membre.

« Le vote de l’Assemblée générale avec cette majorité écrasante représente un certificat international officiel du droit du peuple palestinien à exercer son droit à l’autodétermination et à établir son Etat indépendant et pleinement souverain sur les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est pour capitale », explique Mahmoud Mahran, professeur de droit international. Et d’ajouter que « cette adhésion renforce le statut juridique de la Palestine, ce qui, à son tour, pèse sur sa position dans toutes les négociations futures concernant le conflit ».

Une résolution pas comme les autres

En effet, le projet de la résolution comporte également d’autres privilèges liés à cette adhésion. Ainsi, l’Etat de Palestine aura le droit de parler au nom d’un groupe régional, de siéger à côté des Etats membres par ordre alphabétique et de soumettre des résolutions et des amendements et d’autres pouvoirs qui confèrent aux Etats un rôle plus efficace au sein de l’organisation internationale. Cette résolution a également établi des droits supplémentaires pour la participation de l’Etat de Palestine aux réunions de l’Assemblée générale, mais pas le droit de voter ou de présenter sa candidature aux principaux organes de l’ONU, tels que le Conseil de sécurité ou le Conseil économique et social (ECOSOC).

L’approbation de cette résolution a poussé Gilad Erdan, représentant permanent de l’entité sioniste, à déchirer devant l’Assemblée générale la charte de l’ONU, parce que la résolution réaffirme également le droit du peuple palestinien à l’autodétermination, y compris son droit à fonder son Etat indépendant.

Le 19 septembre, le conseil a adopté un projet de résolution historique présenté par la Palestine pour la première fois dans l’histoire des Nations-Unies, appelant à la mise en oeuvre de l’avis consultatif rendu par la Cour Internationale de Justice (CIJ) le 19 juillet 2024 et appelant Israël à mettre terme à son occupation illégale des territoires occupés d’ici un an. En effet, la résolution soutient la conclusion de la CIJ qui a estimé que la politique israélienne constitue une « annexion de facto d’un territoire palestinien important et une violation directe du droit du peuple palestinien à l’autodétermination ». « L’approbation d’une large majorité de la résolution de mettre fin à l’occupation israélienne souligne l’unanimité internationale qui rejette la politique agressive d’Israël qui vise à instaurer un nouveau fait accompli », analyse ainsi le Dr Ahmed Sayed Ahmed, professeur de relations internationales au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram. Avant d’ajouter que malgré son caractère non contraignant, l’importance de cette nouvelle décision réside principalement dans le fait qu’elle a été proposée par la Palestine elle-même pour la première fois, suite à l’acquisition de privilèges au sein de l’organisation internationale lui permettant de soumettre des projets de résolution. Auparavant, elle devait solliciter d’autres Etats ou groupes pour le faire. En plus, cette décision a fixé une date pour la tenue d’une conférence internationale chargée de définir les mécanismes de sa mise en oeuvre. « Cette résolution peut devenir l’une des références essentielles pour relancer un processus de négociation qui vise à réaliser la solution de deux Etats », conclut Sayed Ahmed.

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