Comment le commerce et la durabilité dans l'agriculture peuvent-ils se renforcer mutuellement ? Cette question centrale a été au centre des débats d’une séance consacrée aux « Enjeux de l’agriculture durable ». Selon la FAO, le terme de l’agriculture durable est défini comme un système de production agricole qui assure la pérennité des ressources naturelles tout en répondant aux enjeux sociaux, économiques et écologiques. Les participants à la séance ont unanimement reconnu que l’agriculture durable constituait la meilleure réponse face aux défis mondiaux, tels que le changement climatique, l'insécurité alimentaire et l'épuisement des ressources naturelles. Ils ont aussi souligné la nécessité d’une action mondiale concertée pour éradiquer la faim.
En effet, la relation entre l’agriculture durable et le commerce est multidimensionnelle. Selon les chiffres dévoilés par l’OMC, 783 millions de personnes, soit 10 % de la population mondiale, sont confrontées à la faim. Au moins 10 milliards de dollars sont perdus en « coûts cachés » en raison de mauvaises habitudes alimentaires, de coûts environnementaux, de la pauvreté et de la dénutrition. Plus du cinquième des émissions totales de gaz à effet de serre provient de l'agriculture. La population mondiale devrait atteindre les 9,8 milliards d'habitants en 2050. Ce qui nécessite une augmentation de la production alimentaire d'au moins 30 à 40 %. Autre défi, bien que les mesures commerciales guidées par des objectifs environnementaux soient nombreuses, elles ne sont pas toutes nécessairement efficaces.
« Au sein de l’OMC il y a de nombreuses années, nous avons constaté l'importance croissante de l'agriculture durable. Face aux défis mondiaux, il est essentiel d'intégrer des pratiques durables dans la production agricole pour construire un secteur agricole mondial progressif, inclusif et durable. Le concept de re-mondialisation domine les débats dans les sessions du Forum public. Cependant, une nouvelle mondialisation du secteur agricole dans ce contexte pourrait contribuer à inverser le ralentissement économique observé dans plusieurs pays et régions, tout en renforçant leur sécurité alimentaire », a souligné l’ambassadeur Guilherme Patriota, représentant permanent du Brésil auprès de l'OMC et modérateur de la séance. Et d’ajouter : « La durabilité et la sécurité alimentaire, ces deux notions sont étroitement liées. Sans pratiques agricoles durables, la sécurité alimentaire à long terme est compromise ».
En outre, la crise alimentaire frappe en premier lieu les habitants des pays en développement. Environ 80 % de la population mondiale vivent dans des pays importateurs nets de denrées alimentaires ou dépendent des importations pour satisfaire au moins une partie de leurs besoins nutritionnels. Ces pays sont les plus vulnérables face aux perturbations des chaînes d’approvisionnement et à la volatilité des prix. Le groupe africain de l'OMC réclame sans cesse une réforme du commerce des produits agricoles afin d'instaurer des conditions équitables, de permettre un meilleur accès aux marchés mondiaux pour les produits agricoles africains et de soutenir la résilience des systèmes alimentaires.
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