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Vers un partenariat gagnant-gagnant

Aliaa Al-Korachi , Mercredi, 11 septembre 2024

Le 9e Forum de coopération sino-africaine (FOCAC) s’est tenu du 4 au 6 septembre à Pékin. Objectif : approfondir la coopération entre l’empire du milieu et le continent noir. Explications.

Vers un partenariat gagnant-gagnant

« La Chine et l’Afrique représentent ensemble un tiers de la population mondiale. Sans leur modernisation, il n’y aura pas de modernisation mondiale », a déclaré le président chinois, Xi Jinping, lors de l’ouverture de la 9e édition du Forum de coopération Chine-Afrique, avant de dévoiler son nouveau plan d’action visant à « approfondir la coopération sino-africaine et la modernisation du Sud global ». Dans les trois prochaines années, Pékin a promis d’allouer un soutien financier à l’Afrique de près de 51 milliards de dollars. Ce financement inclut 30 milliards de dollars de crédits et 10 milliards d’investissements, et il vise à créer un million d’emplois. Sous le slogan « Construisons ensemble une communauté d’avenir », le 9e Forum de coopération sino-africaine (FOCAC 9) s’est tenu à Pékin du 4 au 6 septembre. Les dirigeants et chefs d’Etat africains, accompagnés de représentants d’organisations régionales et internationales, ont été accueillis en grande pompe au Grand Palais du Peuple à Pékin. Plusieurs séances de haut niveau ont été consacrées à des thématiques-clés, telles que la gouvernance, l’industrialisation, la modernisation de l’agriculture, la paix et la sécurité, ainsi que la coopération autour des « nouvelles routes de la soie ».

Une plateforme de dialogue

Créé en 2000, ce forum se tient tous les trois ans, alternativement en Chine et dans un pays africain. Il constitue le mécanisme principal de coordination entre les deux parties. Depuis son instauration, les relations sino-africaines sont devenues plus structurées, donnant naissance à de nombreux forums spécialisés dans le cadre du FOCAC. Ces forums comprennent notamment le Forum du peuple chinois et africain, le Forum des jeunes leaders entre la Chine et l’Afrique, le Forum ministériel sur la coopération sanitaire entre la Chine et l’Afrique et le Forum de coopération médiatique sino-africaine.

Ce sommet intervient dans un contexte de crise mondiale qui fragilise les systèmes financiers et de gouvernance, mettant en difficulté les pays africains déjà vulnérables. « L’importance du forum ne se limite pas à l’économie, c’est un mécanisme de consultation et une plateforme de dialogue collectif entre la Chine et l’Afrique permettant aux pays en développement de faire entendre leur voix », a déclaré le premier ministre égyptien, Mostafa Madbouly, lors de sa participation au forum. Il a souligné que « les défis auxquels le continent et ses partenaires stratégiques, comme la Chine, sont confrontés exigent de sortir des sentiers battus et d’adopter de nouvelles approches pour réaliser nos intérêts communs ».

Sous l’impulsion du forum, les relations sino-africaines ont évolué en trois phases, passant du stade de « partenariat » à celui de « nouveau partenariat stratégique », puis celui de « partenariat stratégique global ». C’est ce qu’explique Géhane Abdel-Salam, professeure d’économie au Centre des études supérieures africaines de l’Université du Caire. Et d’ajouter : « Les relations économiques entre la Chine et l’Afrique évoluent dans un contexte de complémentarité et non de concurrence, un principe gagnant-gagnant. Cette dynamique est renforcée par l’ouverture économique de la Chine et les aspirations de l’Afrique à diversifier ses partenariats au-delà des anciennes sphères d’influence coloniales ». La question qui se pose alors est : Dans quelle mesure la présence chinoise bénéficie-t-elle vraiment au continent africain ?

40 milliards de dollars d’investissements chinois

Au cours des deux dernières décennies, la Chine est devenue le premier investisseur direct en Afrique. Elle a massivement investi dans la construction des routes, des chemins de fer et des ports sur le continent. Le montant total des investissements directs chinois en Afrique a dépassé le seuil des 40 milliards de dollars fin 2022. Selon Zhou Zhencheng, conseiller économique et commercial de l’ambassade de Chine au Caire, des projets phares, comme la zone de coopération économique et commerciale sino-égyptienne à Suez (TEDA), la zone industrielle de Hessens en Afrique du Sud, la zone de libre-échange de Lekki au Nigeria et d’autres, témoignent de cette dynamique. Selon l’Indice sino-africain de commerce, publié pour la première fois en 2023, le montant des importations et des exportations chinoises vers et depuis l’Afrique a été multiplié par 20 en l’espace de 22 ans, passant d’environ 14 milliards de dollars en 2000 à 263 milliards de dollars en 2022. Depuis la création du Forum de coopération sino-africaine, plus de 10 000 kilomètres de voies ferrées, 100 000 kilomètres d’autoroutes, 1 000 ponts et environ 100 ports ont été construits ou modernisés dans plusieurs pays du continent, dans le cadre de l’initiative de « La Ceinture et la Route ». « La prospérité des relations sino-africaines repose également sur l’image positive de la Chine en Afrique, renforcée par sa force douce et la réussite de son modèle de développement », explique Géhane Abdel-Salam, soulignant que le principal moteur des relations sino-africaines est l’économie. « Il existe une complémentarité économique entre les deux parties. La Chine, forte de ses capitaux et de ses technologies, est en pleine croissance et cherche des ressources. Tandis que l’Afrique veut des technologies adaptées et un partenaire fiable pour développer son potentiel économique », ajoute la spécialiste.

Défis persistants

Malgré l’essor du commerce et de l’investissement entre la Chine et l’Afrique, des défis persistent. « La question de l’équilibre commercial et la faible compétitivité des produits africains demeurent un défi pour les économies africaines », souligne Bassant Gamal, économiste. En effet, de nombreux pays africains ont un déficit commercial avec la Chine, car ils importent en grandes quantités des produits chinois, tandis que leurs exportations vers la Chine se limitent presque exclusivement aux matières premières. A cela s’ajoute le problème de l’endettement croissant des pays africains, à cause des prêts chinois, qui suscite de plus en plus d’inquiétudes. Le volume des prêts chinois entre 2006 et 2021 s’est élevé à 195 milliards de dollars. En outre, les investissements chinois font face à une concurrence accrue de la part des entreprises européennes, américaines, indiennes et japonaises en Afrique. « Nous sommes entrés volontairement dans une relation que nous pensons être mutuellement bénéfique. Le défi de ce partenariat réside dans sa capacité à servir les intérêts des deux parties, la Chine et l’Afrique », a déclaré le président sierra-léonais, Julius Maada Bio, lors de son intervention au forum. « Afin de maximiser les bénéfices de la coopération sino-africaine, le continent doit mettre à profit les capacités chinoises afin de dynamiser ses économies et d’accroître sa compétitivité », conclut Bassant Gamal

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