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Mahmoud Choukri : Nos trois axes principaux sont les grands projets, le soutien à l’industrie et la formation

Ola Hamdi , Mercredi, 21 août 2024

L’ingénieur Mahmoud Choukri, directeur du secteur de développement des projets auprès de l’Initiative nationale pour le développement de l’industrie égyptienne « Ibdaa », explique le plan d’action de l’initiative afin de soutenir la localisation des industries et d’aider les usines en difficulté.

Mahmoud Choukri

Al-Ahram Hebdo : Quel rôle est censée jouer l’initiative présidentielle « Ibdaa », notamment après la formation d’un nouveau gouvernement ?

Mahmoud Choukri : Le président Abdel Fattah Al-Sissi a lancé cette initiative lors de l’iftar de la famille égyptienne en avril 2022 en soulignant la priorité donnée au dossier de l’industrie. Ibdaa a été lancée pour atteindre quatre objectifs principaux : localiser les industries modernes, réduire la facture des importations, créer des emplois et attirer les investissements étrangers. Nous sommes très optimistes quant aux capacités du nouveau ministre Kamel Al-Wazir de concrétiser ces ambitions.

— Quelles perspectives l’évolution du secteur industriel offre-t-elle à l’Etat et à l’économie égyptienne ?

— Le dossier de l’industrie en général impacte directement et indirectement le quotidien de chaque citoyen égyptien. Malheureusement, nous souffrons d’un déficit dans la balance commerciale estimé à environ 40 milliards de dollars. S’intéresser à l’industrie sera bénéfique à l’économie et au citoyen. A titre d’exemple, la localisation de nouvelles industries signifie la création d’usines et d’emplois pour les ouvriers, les ingénieurs et les entrepreneurs.

— Quel est donc le plan d’action d’Ibdaa pour soutenir les industries nationales ?

— Nos activités s’articulent autour de trois axes principaux : le secteur des grands projets, le soutien à l’industrie et la formation. Dans le domaine des grands projets, l’objectif est d’établir des partenariats avec les grands fabricants en Egypte. En effet, nous avons identifié 23 nouvelles opportunités de développement industriel, dont une grande partie a lieu pour la première fois en Egypte. Dans le secteur du soutien à l’industrie, nous recevons toutes les demandes des personnes en difficulté, et je ne parle pas ici de défaillance financière car nous ne sommes pas une initiative de financement, mais nous recevons plutôt des demandes et des plaintes d’entrepreneurs qui ne connaissent pas suffisamment les lois ou les procédures. Nous avons pu donner une vision différente en traitant de problèmes individuels et spécifiques. Par exemple, en résolvant un problème de drainage industriel au sein d’un complexe, nous bénéficions à plus de 100 entreprises sans intervention supplémentaire de notre part.

En ce qui concerne la formation, nous la considérons comme un vecteur de développement plus qu’un objectif économique. Ibdaa vise à changer la perception du travailleur égyptien en lui offrant une formation de pointe afin qu’il puisse s’intégrer pleinement au marché du travail. Nous avons ainsi lancé plusieurs initiatives comme la création de deux écoles, l’une dans la ville de Badr spécialisée dans l’intelligence artificielle et l’autre à Damiette consacrée à la réparation navale et la logistique. Nous avons également lancé l’initiative « Votre équipement est votre entreprise », qui a permis de former 150 stagiaires en coopération avec le secteur des grands projets.

— La plupart des usines en difficulté sont des lignes de production prêtes à fonctionner immédiatement. Quels sont les mécanismes mis en place par Ibdaa pour aider ces usines à retrouver leur activité ?

— L’initiative classifie les demandes des usines en difficulté selon trois mécanismes principaux : d’abord, la plateforme électronique de l’initiative, puis les visites de terrain et nous avons réussi à atteindre plus de 25 gouvernorats grâce à l’équipe de travail d’Ibdaa et l’équipe de suivi de Hayah Karima (vie décente). En troisième lieu, nous procéderons à l’analyse détaillée des données relatives aux demandes individuelles et spécifiques.

Par exemple, si nous constatons des difficultés financières, nous les orientons vers les institutions de financement officielles du pays, surtout si nous constatons que cette usine a du potentiel, et nous faisons le lien entre les deux parties et leur demandons de l’aider. Nous analysons les demandes et les orientons vers le ministère de l’Industrie et ses différentes instances, ainsi que vers le ministère du Logement et ses différentes instances. Nous avons fourni environ 66 500 m2, qu’il s’agisse de terrains ou d’unités industrielles, en coopération avec l’Autorité de développement industriel et l’Autorité des communautés urbaines. Nous avons également créé l’Unité de développement des politiques et des procédures, qui a récemment organisé le premier atelier pour discuter des défis du secteur de l’industrie de l’électroménager et augmenter le taux de la composante locale, dont les défis rencontrés par les investisseurs et les fabricants ont été discutés afin d’améliorer les taux de fabrication locale, de développer les chaînes d’approvisionnement et d’oeuvrer à qualifier et accroître l’efficacité des travailleurs du secteur industriel.

— L’initiative peut-elle s’étendre et coopérer avec des écoles techniques visant à accroître l’efficacité du travailleur égyptien ?

— Dans la période à venir, nous prévoyons d’opérer un changement qualitatif dans le secteur de la formation dans le cadre de l’initiative en renforçant notre coopération avec tous les acteurs impliqués dans le développement des compétences techniques, y compris les écoles techniques, les entreprises et les autres initiatives. Nous souhaitons voir les fruits de cette transformation se concrétiser d’ici deux mois.

— Quel bilan peut-on tirer après deux ans d’efforts ?

— Nous avons découvert que certains secteurs consomment au moins un demi-milliard de dollars par an, notamment l’industrie du carbonate de sodium. C’est pourquoi nous avons lancé la compagnie égyptienne Soda Ash en partenariat avec le secteur privé égyptien, représenté par la Soda Chemical Industries Company, en coopération avec le ministère du Pétrole et des Ressources minérales, représenté par la Petrochemicals Holding Company, le ministère du Secteur des affaires et l’Organisation arabe pour l’industrialisation. Nous économisons ainsi pour l’Etat un demi-milliard de dollars. Nous avons également créé la société Al-Alamein pour la production de la silicone métallique qui amènera l’Egypte à un autre niveau, car nous visons à produire du silicium métal pour la première fois en Egypte. En parallèle, dans les étapes suivantes, nous produirons le reste des types de silicium. Environ 45 % de la construction de l’usine de la société Ibdaa pour les industries chimiques ont été achevés pour produire des additifs du fourrage, ce qui est également une première en Egypte. De même, 40 % de la construction de la première phase de la Cité des services pharmaceutiques ont été achevés. Cette année, nous avons inauguré deux usines : Nova pour la production de composants métalliques pour les stations d’eau potable et d’eaux usées et l’usine de moteurs de transport léger, qui produit le premier moteur à essence égyptien avec un pourcentage de composants locaux estimé à 70 ou 80 %. En plus, nous avons coopéré avec Allweiler Farid Pumps et développé 12 modèles de pompes horizontales ou verticales, ce qui a fait un saut qualitatif dans le développement de 12 modèles et nous avons commencé l’exploitation expérimentale de l’usine de vannes à gaz avec l’usine Copressi International, qui est l’un des exemples d’investissements directs étrangers réalisés par l’initiative.

— Quel est l’objectif de la prochaine période ?

— Nous visons à achever les projets et à augmenter le portefeuille d’investissement de l’initiative, qui est actuellement de 62,5 milliards de L.E. A titre d’exemple, l’usine de carbonate de soude (Soda Ash) est une composante majeure dans l’industrie du verre, du textile et de la pétrochimie, en plus de la fabrication de savon, de détergents, de produits chimiques et de diverses autres industries. Nous visons également un plan d’exportation d’au moins 30 %, ce qui est un critère très important, car de la sorte, nous ferons d’une pierre deux coups : non seulement nous fermons la porte aux importations, mais aussi nous encourageons les exportations. En outre, nous avons lancé le Nile Industrial Fund for Direct Investment (le fonds industriel Le Nil pour les investissements directs), le premier fonds spécialisé dans l’industrie, avec un montant de 2,5 milliards de L.E., dans le but d’encourager les hommes d’affaires à investir dans l’industrie.

— Et quels sont les principaux enjeux ?

— Les défis stratégiques de notre région sont profondément interconnectés avec les défis mondiaux. Nous faisons partie d’un tout et nous ne sommes pas isolés du monde. Des événements externes tels que la pandémie de Covid-19 ou la guerre en Ukraine ont eu des répercussions considérables sur nos économies, perturbant notamment les chaînes d’approvisionnement mondiales. Par ailleurs, l’industrie égyptienne est confrontée à d’autres défis majeurs, tels que des intérêts élevés ou des capitaux spéculatifs, car de grandes sommes d’argent ont été retirées et nous travaillons maintenant pour les restituer sous forme d’investissement direct étranger.

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