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Côte-Nord : Vers un développement à multiples facettes

Racha Darwich , Mercredi, 17 juillet 2024

Créer une région attractive et fonctionnelle toute l’année, capable d’accueillir une population croissante et de contribuer à la croissance économique. Telle est la philosophie du plan global de développement de la Côte nord-ouest. Explications.

Côte-Nord : Vers un développement à multiples facettes

Sous le feu des projecteurs. Tout au long de l’été, la Côte-Nord est la destination privilégiée des Egyptiens qui essayent de fuir la chaleur et de prendre un peu de repos de la routine écrasante du travail sur ses plages de sable fin et ses eaux limpides. La nouvelle ville d’Al-Alamein a organisé, pour la deuxième année consécutive, son festival d’été dont les soirées musicales avaient réalisé un grand succès l’année dernière attirant un grand nombre de touristes. Une chaîne de télévision a même été lancée exclusivement cette année pour couvrir en direct les activités artistiques, sportives et culturelles du festival. Le projet de développement de la région de Ras Al-Hikma, signé en février dernier avec les Emirats arabes unis, a attiré davantage l’intérêt des Egyptiens pour cette région. L’accord a permis l’injection de 35 millions de dollars en investissements directs étrangers. Ces devises étrangères ont permis à l’Etat égyptien de libéraliser les taux de change, ce qui a permis d’éliminer le marché parallèle du dollar. Mais la Côte-Nord n’est pas seulement les stations balnéaires et de plaisance. C’est une vaste région qui possède des ressources immenses. « La Côte-Nord est une région capable d’attirer les investissements directs, elle peut devenir une destination touristique importante au niveau mondial tout le long de l’année et absorber la croissance démographique dans les années à venir », a déclaré le premier ministre, Mostafa Madbouly, après avoir annoncé, début juillet, le lancement d’un projet de partenariat d’investissement entre l’Etat et le secteur privé sur la Côte-Nord sur une superficie de 23 millions de m2.

16 % de la superficie de l’Egypte

Le coup d’envoi du méga-projet de développement de la Côte nord-ouest a été donné en juillet 2017 après deux années d’études économiques, techniques et stratégiques, afin de mettre en place une série d’agglomérations urbaines, agricoles, industrielles et touristiques, et d’exploiter au maximum l’énorme potentiel dont jouit cette région (voir page 5). « Le développement de la Côte nord-ouest s’inscrit dans le cadre du plan de développement global au niveau de la République, qui a été adopté par l’Etat égyptien, sous les directives du président Abdel Fattah Al-Sissi, en accord avec la stratégie nationale de développement urbain Egypte 2052. La Côte-Nord représente 16 % de la superficie de l’Egypte, et jusqu’en 2014, le développement de la région ne représentait que 1 % du développement global du pays », explique le vice-ministre du Logement, Walid Abbas. Et d’ajouter que l’Etat a lancé jusqu’à présent 90 projets sur la Côte-Nord sur une superficie de près de 12 000 feddans.

La Côte nord-ouest s’étend d’Al- Alamein à Salloum sur une longueur de près de 500 km, avec un arrière-plan désertique d’une profondeur de 280 km et une superficie totale de près de 160 000 km2. Le développement de cette région vise essentiellement à réaliser un taux de croissance économique d’au moins 12 % par an. L’objectif aussi est d’y installer au moins 5 millions de personnes, de créer environ 1,5 million d’emplois et d’intégrer la région dans l’économie nationale et mondiale en augmentant sa contribution au PIB de 5 à 7 %. Le projet vise également à améliorer les conditions de vie de ses habitants de sorte que l’indice de développement humain soit d’au moins 77 %.

« Le développement de la Côte nord-ouest est le troisième axe de développement qui vient compléter les deux autres lancés en Egypte. Le premier est l’axe est représenté par la région du Canal de Suez et la côte de la mer Rouge, et le deuxième est l’axe central tout au long du bassin du Nil. Dans le passé, le développement de cette région était difficile et coûteux car elle n’était reliée au reste du pays que par une seule route horizontale parallèle à la Méditerranée. Raison pour laquelle l’Etat a commencé par construire un vaste réseau de routes horizontales et verticales facilitant l’accès à cette région », explique l’économiste Mohamed Shadi. Et d’ajouter qu’avec les travaux de développement lancés ces dernières années, il était indispensable que l’Egypte possède des centres de suivi dans tout le pays. « C’est ainsi que nous avons maintenant la Nouvelle Capitale administrative au Caire, Al-Galala à l’est et Al-Alamein au nord où le gouvernement possède un siège estival », ajoute Shadi.

Le développement de la Côte-Nord est très important pour le tourisme, car cette région possède des températures inférieures à celles du reste du pays. « L’Egypte ne veut perdre aucun de ses touristes potentiels », précise Shadi.

Nouvelle philosophie de développement

La philosophie de développement de la Côte-Nord est basée sur la création de villes durables et intelligentes pour attirer des milliers d’habitants et réaliser le développement urbain global de cette région capable d’absorber la croissance démographique et de créer des emplois. Il s’agit en parallèle d’exploiter au mieux les ressources de la région, notamment entre Al- Alamein et Salloum dans l’agriculture, et de créer de nouvelles communautés urbaines au sud de ces régions agricoles basées sur le tourisme, notamment le tourisme de safari.

Il s’agit aussi de régler les problèmes d’eau et d’énergie pour réaliser une autosuffisance. On peut ainsi utiliser l’énergie solaire, car cette région jouit du deuxième plus grand taux d’ensoleillement en Egypte, et l’énergie nucléaire grâce au projet de réacteur nucléaire d’Al-Dabaa. Ces ressources d’énergie seront également utilisées pour le dessalement de l’eau de mer qui sera utilisée en plus des eaux souterraines dont regorge la région. Et ce, sans oublier la possibilité d’obtenir une source d’irrigation du Nil à travers le canal d’Al-Hammam après son réaménagement. Ce qui permettra de cultiver près de 400 000 feddans dans cette région. « La présence d’un arrière-plan désertique dans cette région représente un avantage plutôt qu’un inconvénient pour compléter son développement. C’est là que seront installés les stations de génération d’électricité, les projets industriels et agricoles, les centres logistiques … », explique Shadi.

L’enjeu consiste à créer des agglomérations urbaines durables qui fonctionnent tout au long de l’année pour attirer les habitants des différentes régions du pays. « Le plan global de développement de la Côte nord-ouest ne vise pas des zones spécifiques et ne s’applique pas uniquement à Ras Al-Hikma. L’objectif est de développer cinq villes dans cette région. La première a été la nouvelle ville d’Al-Alamein que l’Etat a entièrement construite parallèlement au développement d’un réseau de routes et d’infrastructures placé au service de la région et pas seulement d’Al-Alamein et de Ras Al- Hikma », conclut Walid Abbas.

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