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Ntsiki Mashimbye : L’industrialisation est un impératif pour que l’Afrique stimule sa croissance économique

Nada Al-Hagrassy , Mercredi, 29 mai 2024

Pour S.E. M. Ntsiki Mashimbye, ambassadeur de l’Afrique du Sud au Caire, le continent africain fait face à trois défis majeurs.

Ntsiki Mashimbye
(Photo : Ahmad Agami)

En ce jour de commémoration du 60e anniversaire de l’Union africaine, je souhaite évoquer les défis et les succès qui ont marqué le parcours du continent africain. En tant que représentant du gouvernement et du peuple de l’Afrique du Sud, je dois également mentionner que nous célébrons le 30e anniversaire de la démocratie en Afrique du Sud.

Je suis extrêmement optimiste quant à l’avenir de notre continent, en particulier dans le domaine du commerce et des investissements. La Foire Commerciale Intra-Africaine, qui s’est tenue ici au Caire en 2023, sous l’égide du gouvernement égyptien, a permis de conclure des accords d’une valeur de plus de 43 milliards de dollars. Il s’agit d’une avancée très positive pour le continent africain, afin de s’attaquer aux problèmes auxquels nous sommes confrontés : la pauvreté, le chômage et les inégalités.

Le commerce intra-africain est actuellement à un niveau très bas, autour de 16 %, mais nous estimons qu’il va croître car l’Afrique d’aujourd’hui est différente.

Aujourd’hui, nous disposons de la Zone de Libre-Echange Continentale Africaine (ZLECAf), et ce qui est également peu connu, ce sont les nombreuses initiatives que les pays, par l’intermédiaire de leurs jeunes, prennent pour améliorer leurs propres moyens de subsistance et ceux de leurs communautés. Ce développement est visible à travers l’Afrique, en particulier dans des pays comme l’Afrique du Sud, le Nigeria, le Kenya et l’Egypte, entre autres.

Sur le plan politique, les conflits qui sévissent sur le continent ont contraint de millions de personnes en Afrique à fuir leur pays au cours de l’année dernière. Ces conflits perturbent non seulement la vie des Africains, mais aussi celle des pays voisins contraints d’accueillir les réfugiés.

Outre les conflits politiques, il convient également de s’attaquer aux problèmes liés aux ressources naturelles, source de tensions et de violence. Je crois également qu’il y a trois défis majeurs auxquels est confronté le continent africain. A mon avis, le premier est la question de la gouvernance. Je pense que mon continent doit s’attaquer sérieusement aux questions de gouvernance. Deuxièmement, je pense que nous devons identifier clairement ceux qui sont amis du continent africain avec lesquels nous pouvons travailler. Troisièmement, il s’agit de l’aspect géopolitique de nos relations avec le monde entier et des questions de mondialisation en ce qui concerne le commerce et la technologie. Ce sont des défis que nous devons relever d’une manière qui soit dans l’intérêt du continent.

Tirer le meilleur parti du potentiel de la ZLECAf

Les aspirations de nos peuples exigent la paix pour favoriser le commerce et les investissements, conditions indispensables à la prospérité du continent. L’Afrique représente la dernière frontière de l’économie mondiale. L’afflux d’investissements vers l’Afrique confirme qu’en matière d’intégration économique, nous devons explorer comment l’Afrique peut parvenir à une plus grande intégration économique et commerciale en mettant l’accent sur le potentiel de la ZLECAf. Cette zone de libre-échange change la donne. L’Afrique est complètement différente de ce qu’elle était hier.

L’Agenda 2063 de l’Union africaine a justement placé les infrastructures au coeur de ses priorités. Plusieurs facteurs ralentissent cependant le développement des infrastructures sur notre continent, parmi lesquels le financement, la géographie, les conflits, les préoccupations environnementales et d’autres encore. Un autre élément essentiel de l’intégration africaine est l’industrialisation. L’Afrique doit s’industrialiser afin de se diversifier au-delà de la simple exportation de ressources naturelles, mais aussi de créer des emplois et d’en faire bénéficier sa population jeune en pleine croissance. L’Afrique est dotée d’un marché unique, regroupant 1,3 milliard de personnes et d’un PIB estimé à 3 000 milliards de dollars.

En tant qu’Africains, nous devons assumer une plus grande responsabilité vis-à-vis de nos ressources, de la gestion des profits et de leur répartition. De nombreuses industries à travers le monde se ravitaillent en matières premières et en minéraux sur notre continent, tandis que l’Afrique en tire peu de profits. Un exemple flagrant est l’industrie du cacao : les pays africains producteurs de cacao ne capturent qu’environ 2 % des bénéfices générés par le marché mondial du cacao. Cette situation doit impérativement changer. L’Afrique doit tirer davantage parti de ses richesses : agriculture, énergie, mines, pêche, industries automobiles et aquacoles.

30 ans de liberté

Alors que nous célébrons cette année le 30e anniversaire de notre libération de l’oppressif régime d’apartheid, la plus importante leçon tirée de l’Afrique du Sud est la paix. L’Afrique du Sud organisera des élections nationales le 29 mai. Les premières élections démocratiques d’Afrique du Sud ont eu lieu en 1994. La transition n’est pas facile et le chemin vers la transformation est long. De nombreux facteurs indépendants de la volonté du pays, comme la crise financière mondiale, les fluctuations monétaires, l’inflation mondiale et la pandémie de Covid-19 ont contribué à faire dérailler la croissance économique de l’Afrique du Sud, qui était de 3 à 5 % jusqu’en 2008-2009. L’Afrique du Sud a dû relever de nombreux défis au cours des trois dernières décennies. Il y a également eu de nombreuses victoires difficiles, fruits de la nature indulgente et de l’esprit indomptable du peuple sud-africain.

La position de l’Afrique du Sud sur la scène mondiale constitue un autre avantage majeur. Le monde connaît des changements sans précédent. Nous devons nous adapter au mieux de nos capacités. Les BRICS constituent un autre développement-clé qui offre à l’Afrique du Sud des partenaires solides partageant la même vision.

De nombreuses opportunités de coopération

Après un long hiatus, les relations entre l’Afrique du Sud et l’Egypte fonctionnent très bien au plus haut niveau. Nos deux chefs d’Etat sont en contact régulier pour discuter de questions d’intérêt mutuel. Les volets économique et commercial de la coopération sont pilotés par les Ministres des Relations internationales et des Affaires étrangères respectifs, et les échanges commerciaux entre les deux nations sont dynamiques et constants.

L’Afrique du Sud a apporté son soutien à l’Egypte pour l’organisation de la COP27 et de la Foire commerciale intra-africaine, tandis que l’Egypte a soutenu l’Afrique du Sud lors de l’accueil de la deuxième édition de la Foire commerciale intra-africaine en 2021. Nos relations se sont renforcées avec la tenue de la Commission mixte de coopération en 2022 et à nouveau en 2024 sous l’égide des deux ministres.

Nous espérons que nos relations se renforceront encore avec l’Egypte devenue un nouveau membre de la Nouvelle Banque de développement des BRICS et du groupe des BRICS.

Nous entrevoyons de nombreuses opportunités non seulement pour le commerce et les investissements, mais aussi pour la coordination et le soutien politiques, ainsi que pour les contacts importants entre les peuples.

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