L’Afrique est qualifiée de « continent d’avenir », car il possède tout le potentiel nécessaire à sa progression et à son développement. Des terres fertiles encore inexploitées et des matières premières enfouies, telles que l’or, l’uranium et le potassium, font partie de ses richesses. De plus, le continent est traversé par des rivières et bénéficie de pluies abondantes dans certaines régions. Ainsi, on peut affirmer que l’Afrique est, sans aucun doute, le continent de l’avenir pour l’humanité. L’intégration entre les pays africains s’impose comme une nécessité fondamentale, car aucun pays ne peut, à lui seul, assurer son développement et son progrès dans le contexte actuel. Le continent africain, avec sa population avoisinant un milliard d’habitants, représente un marché gigantesque, tant pour la consommation que pour la production. D’où l’importance de l’intégration économique parce que les Africains souffrent de nombreux problèmes, surtout la pauvreté, et ce, en dépit de toutes ses richesses. De nombreux pays souffrent des maux liés au manque d’indépendance de leurs atouts. Si l’intégration se concrétise, le processus de développement s’accélérera et se reflétera positivement sur la vie des Africains. Je suis convaincu que l’Afrique et les Africains méritent d’être dans une position bien supérieure à leur niveau actuel.
Egypte et Erythrée : Des liens multidimensionnels
Les relations entre l’Egypte et l’Erythrée sont marquées par une longue histoire commune. L’Egypte a une présence historique en Erythrée remontant à l’époque du khédive Ismaïl, qui s’étendait à différentes régions du pays, notamment Massaoua et Assab. On peut donc affirmer que les relations socioculturelles sont fortes et anciennes. Nous possédons même des traces de cette relation socioculturelle entre nos pays : il s’agit du siège de l’Union des étudiants érythréens, localisé 23, rue Chérif au centre-ville, qui date de près de 70 ans et qui fut réinauguré par le feu président Sadate. Toujours en activité, cette union est un témoignage de la présence culturelle érythréenne en Egypte. Avant l’indépendance, les Erythréens venaient en Egypte pour étudier soit à Al-Azhar, soit dans d’autres universités.
En effet, les trois muftis d’Erythrée sont diplômés d’Egypte. Le premier est Ibrahim Al-Mokhtar, diplômé d’Al-Azhar. Après l’indépendance, il y a eu le cheikh Amin, également diplômé d’Al-Azhar, et l’actuel mufti l’est aussi. Ainsi, on peut dire que les relations égypto-érythréennes ont un aspect multidimensionnel, social, culturel et même sécuritaire. Le président érythréen a visité l’Egypte 26 fois après l’indépendance, ce qui reflète l’importance des relations avec l’Egypte. On peut donc conclure que les relations égypto-érythréennes sont enracinées, profondes et basées sur des intérêts stratégiques communs. Cela s’explique également par le fait que les deux pays se rencontrent dans de nombreux cercles, comme celui de la mer Rouge, celui du Bassin du Nil et celui de la Corne de l’Afrique. Située au nord de la mer Rouge et contrôlant le Canal de Suez, l’Egypte occupe une position géostratégique majeure. De son côté, l’Erythrée, surplombant le détroit de Bab el-Mandeb au sud, joue un rôle crucial dans la sécurisation de cette voie maritime essentielle.
La collaboration entre les deux pays s’avère essentielle pour garantir la sécurité de la mer Rouge et exploiter durablement ses richesses en coopération avec les autres Etats riverains. Les deux pays peuvent également coopérer dans la Corne de l’Afrique. On peut travailler ensemble pour trouver des solutions aux problèmes dont souffrent certains pays comme le Soudan et la Somalie, pays limitrophes à la fois de l’Egypte et de l’Erythrée, qui partagent le même intérêt pour la paix et la stabilité dans la Corne de l’Afrique.
Les défis de l’Agenda 2063
Evidemment, des défis tels que le réchauffement climatique et le développement entravent le progrès de l’Afrique. Cependant, une volonté politique ferme de la part des dirigeants africains, conjuguée à une coopération accrue, permettrait de les surmonter. Je suis convaincu qu’une intégration régionale croissante entre les pays d’Afrique de l’Est et de l’Ouest, s’étendant progressivement à l’ensemble du continent, constitue la clé pour relever ces défis.
L’Erythrée, indépendante depuis 33 ans, a relevé plusieurs défis avec succès. Premièrement, au niveau de la construction des barrages. L’Erythrée, dépourvu de rivières, a construit des barrages de tous les niveaux : petits, moyens et grands, pour conserver l’eau des pluies. L’Erythrée a réussi à cultiver la majorité de ses terres afin de subvenir aux besoins alimentaires de sa population. D’ailleurs, le président de la Banque africaine de développement s’est rendu en Erythrée pour s’informer davantage sur l’expérience érythréenne. Il a conseillé aux autres pays africains de suivre l’exemple de l’Erythrée en ce qui concerne l’autonomie de ses ingénieurs dans la construction de barrages. Il a également promis de partager cette expérience avec les autres pays africains afin qu’ils en profitent à l’échelle du continent.
Egalement, nous avons réussi à réduire considérablement le taux de mortalité chez les femmes enceintes et les nourrissons, comme en témoignent les organisations mondiales de la santé.
En effet, avant l’indépendance, le taux de mortalité chez les femmes enceintes et les nouveau-nés était extrêmement élevé, frôlant les 90 %. Actuellement, ce taux a chuté à 37 %, ce qui est considéré comme une réussite fulgurante dans le domaine de la santé. Alors que dans le domaine de l’enseignement, l’Erythrée a réussi à fournir à ses enfants l’accès à l’école, même dans les zones rurales.
Promouvoir la diversité
L’Afrique possède, en effet, d’innombrables atouts, bien qu’ils ne soient pas encore pleinement exploités. Ses potentialités économiques sont bien réelles, mais elles manquent d’investissements adéquats. Néanmoins, le continent regorge de matières premières, de terres cultivables, de ressources humaines et animales. Si l’Afrique parvient à s’intégrer économiquement, elle aura une influence et un pouvoir considérables sur le reste du monde. Pour y parvenir, un consensus politique entre les pays est indispensable. Chaque pays devrait d’abord exploiter ses atouts, puis chercher à s’intégrer avec ses voisins, et ensuite avec l’ensemble du continent. Si nous atteignons ce stade, je suis convaincu que ce XXIe siècle peut être considéré comme le Siècle de l’Afrique.
Certains pays africains disposent de terres fertiles cultivables tandis que d’autres en manquent. Cette complémentarité offre des opportunités de collaboration et d’échange dans le domaine agricole. De même, certains pays ont développé une structure industrielle solide tandis que d’autres en sont encore à leurs débuts. Cette diversité industrielle crée un terrain propice à la coopération et à la complémentarité économique.
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