C’est un grand honneur de parler à votre géant des médias renommé et faisant autorité, Al-Ahram. Je voudrais vous remercier pour cette opportunité et vous souhaiter également la bienvenue à l’ambassade du Ghana ici au Caire. Nous vivons une époque intéressante. En tant qu’Africains, nous avons nos défis, notamment l’extrémisme violent, la radicalisation, le changement climatique, les pandémies, le ralentissement économique mondial, les déficits de gouvernance et bien d’autres. Mais nous avons aussi nos opportunités, notamment nos vastes ressources en tant que continent et l’esprit africain résilient et dynamique. C’est un fait historique que l’Afrique, ayant résisté aux graves problèmes de l’esclavage et du colonialisme pendant plus de trois siècles, a pu passer de la domination coloniale à l’indépendance politique en moins de trois générations. En effet, selon des estimations prudentes, plus de 90 % des Africains d’aujourd’hui sont des citoyens nés après l’ère coloniale. Nous vivons donc dans l’espoir, avec une perspective historique.
En tant que Ghanéen, permettez-moi de vous faire part de l’expérience du Ghana. Notre premier président était Kwame Nkrumah. Lors de l’indépendance du Ghana, le 6 mars 1957, il a fait cette déclaration très importante : « L’indépendance du Ghana n’a aucun sens si elle n’est pas liée à la libération totale du continent africain ». Cela a enflammé l’esprit du nationalisme à travers tout le continent. Le nationalisme, dans ce contexte, fait référence à la conscience d’appartenance à un Etat-nation, qui existe déjà ou auquel on aspire, de la part d’un individu ou d’un groupe de personnes. Il englobe également le désir de parvenir à la liberté politique et économique, au développement social et économique global, ainsi qu’à un renouveau culturel de cet Etat-nation. L’appel clair pendant cette période était que le Ghana, comme le reste de l’Afrique, préférait l’autonomie avec le danger à la servitude dans la tranquillité.
Plusieurs dirigeants partageant les mêmes idées, tels que le président Gamal Abdel-Nasser d’Egypte, Hailé Selassié d’Ethiopie, Jomo Kenyatta du Kenya et plusieurs autres grands dirigeants africains ont joué un rôle dans l’établissement de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) et du Mouvement des non-alignés, promouvant la coopération Sud-Sud en général. Comme vous le savez tous, l’OUA a depuis été remplacée par l’Union Africaine (UA) en juillet 2002, conformément à l’évolution des réalités mondiales.
Tournés vers l’avenir
En tant qu’Africains, nous sommes devenus parfaitement conscients que nous ne pouvons surmonter les défis auxquels le continent est confronté que si nos dirigeants placent la stabilité, la démocratie, la paix et le développement économique au sommet de leurs priorités. Ce n’est qu’alors que nous pourrons lancer un programme visant à améliorer fondamentalement la qualité de vie de la population ; ce n’est qu’alors que de nouvelles énergies commenceront à se libérer pour signaler le début de la transformation de l’Afrique. Aujourd’hui, l’Afrique est au seuil d’une grande renaissance. Nous avons l’Agenda 2063 de l’UA, qui décrit « l’Afrique que nous voulons ». Nous avons également des communautés économiques régionales formées à travers le continent (nord, sud, est, ouest et centre) et la Zone de libre-échange continentale africaine, que le Ghana est heureux d’accueillir, ainsi que plusieurs autres institutions africaines. Cependant, il convient de souligner que nous devons nous concentrer davantage sur l’avenir que sur le passé.
Miser sur la jeunesse africaine
L’avenir, ce sont les jeunes. Avec l’arrivée croissante de jeunes hommes et femmes sur le marché du travail, la pression pour fournir des emplois décents prendra une ampleur toujours plus grande. En effet, certains experts ont estimé que l’Afrique devrait créer environ 12 millions de nouveaux emplois par an pour faire face au problème du surplus de jeunes. L’exploitation du potentiel de la population jeune de l’Afrique, ainsi que l’autonomisation des femmes sont donc essentielles à la marche en avant du continent vers le progrès. Il est nécessaire de donner la priorité à l’éducation et à l’entreprenariat des jeunes, tout en promouvant l’égalité des sexes et la participation des femmes aux processus décisionnels. L’avenir, c’est la réduction de la pauvreté actuelle par la création de richesses via l’industrialisation, ancrée dans la suffisance et la sécurité énergétiques. L’avenir signifie combler le fossé numérique pour une intégration plus facile et plus rapide. L’avenir signifie également travailler ensemble pour relever nos défis communs afin de réaliser notre potentiel.
Pour conclure cette conversation, permettez-moi de poser une question : l’Afrique peut-elle vraiment surmonter ses défis ? La réponse est certainement oui, mais il y a quelques conditions préalables : leadership, vision claire, pragmatisme et détermination. Vive notre cher continent, l’Afrique ! Vive l’Union africaine ! Puisse l’Agenda 2063 se réaliser dans les plus brefs délais. Merci beaucoup.
Lien court: