Dans le continent africain, les banques égyptiennes s’efforcent d’élargir leurs activités et de pénétrer dans de nouveaux marchés. Et ce, en obtenant des licences de succursales bancaires à l’étranger ou bien en prenant possession d’unités bancaires complètes en Afrique. L’expansion géographique des banques égyptiennes à l’étranger, notamment en Afrique, ouvre de nouvelles perspectives prometteuses pour le secteur bancaire et l’économie égyptienne dans son ensemble. Elle donne une valeur ajoutée significative au secteur bancaire et stimule les marchés d’exportation en attirant des capitaux et des devises étrangères. Cette expansion se traduira par une hausse des taux de croissance, une augmentation des rendements pour les banques mères et un élargissement de leur clientèle et leur volume d’affaires. Cette expansion est favorisée par la signature d’un nombre d’accords avec plusieurs pays africains, ainsi que par l’existence d’un grand nombre de ressortissants égyptiens dans les pays africains qui peuvent s’ajouter à la liste des clients. Par exemple, la banque Al-Ahly a obtenu les approbations nécessaires pour ouvrir une agence à Juba, au Soudan du Sud, avec un capital de 30 millions de dollars.
L’analyse du potentiel offert par l’élargissement du secteur bancaire est cruciale pour garantir une rentabilité économique optimale. Comme en témoigne l’exemple de la Commercial International Bank (CIB) qui vise à étendre sa présence en Afrique de l’Est, région avec laquelle l’Egypte entretient des liens économiques forts, notamment en raison de son adhésion au COMESA. La CIB a ainsi acquis 51 % des actions de la banque kényane Mayfair, disposant d’environ 5 agences locales et ciblant une clientèle aisée. Cette opération, qui permet à Mayfair de s’accaparer 0,17 % du marché kényan, constitue une première étape dans la stratégie d’expansion de la CIB.
Exportations, investissements et secteur bancaire
L’expansion bancaire facilitera le flux du commerce égyptien à l’étranger et ouvrira de nouveaux marchés face aux exportations égyptiennes. Il est crucial de tirer parti de la présence effective des banques égyptiennes à l’étranger. Celles-ci peuvent devenir des entités bancaires régionales capables de concurrencer les banques internationales. Cependant, il faut élaborer des études approfondies de marché avant de se lancer dans ces plans consistant à créer de grandes entités bancaires à l’étranger, d’autant que les lois régissant le travail des banques dans les différents pays ne sont pas les mêmes. Un grand nombre de pays africains voisins sont en proie à des troubles politiques qui pourraient entraîner la chute du système monétaire et financier et menacer, par conséquent, les capitaux. Ainsi, il est crucial de mener des études approfondies et d’analyser la situation des monnaies locales.
Dynamiser le commerce interafricain
L’implantation de nouvelles succursales bancaires en Afrique permettra de faciliter et de dynamiser le commerce interafricain, tout en ouvrant de nouvelles perspectives pour les exportations. La Banque du Caire-Ouganda est considérée comme l’un des plus grands investissements de la Banque du Caire en Afrique. Cette filiale indépendante possède un réseau d’agences autonomes et verra son capital augmenter pour atteindre 19,4 millions de dollars fin juin 2024. Le rapprochement économique et l’ouverture sur le marché africain nécessitent avant tout un rapprochement bancaire pour fluidifier les opérations commerciales internationales et le financement de projets conjoints dans le cadre de la coopération bilatérale ou multilatérale africaine. En effet, l’Union africaine ambitionne de créer une unité monétaire et une banque centrale africaine unifiée afin de faciliter la coopération africaine sur le plan monétaire. L’expertise et les ressources humaines accumulées par l’Egypte dans le secteur bancaire pendant plus d’un siècle constituent des atouts majeurs qui font du secteur bancaire égyptien un leader potentiel dans la région africaine.
Stratégie complémentaire
Il est nécessaire donc de formuler une stratégie complémentaire concernant la présence du secteur bancaire égyptien à l’étranger pendant la phase à venir. Les banques nationales et certaines banques privées qui possèdent des actifs importants sont capables de faire ce pas en fournissant différentes formes de services non financiers aux micro, petites et moyennes entreprises. Parmi ces services figurent la sensibilisation, les conseils financiers, le soutien à la création des entreprises et les études de faisabilité. Il y a aussi les facilités de financement et la conclusion des accords avec les investisseurs et les fournisseurs. Ce genre de services a une importance majeure dans la transformation des idées en nouveaux projets et la croissance des projets déjà existants. Un changement dans la pensée du secteur bancaire est en train de se produire. Auparavant, les banques ne présentaient pas de tels services, mais avec l’augmentation du rôle des micro, petites et moyennes entreprises dans le développement économique et la nécessité de créer des emplois, le rôle du secteur bancaire devrait augmenter en garantissant ces services aux entreprises.
*spécialiste de l’économie africaine
Soutenir la technologie financière
Les services non financiers sont devenus une partie intégrante de l’activité du secteur bancaire et ne sont pas limités aux banques nationales. Les banques commerciales privées présentent aussi des services non financiers, convaincues de leur capacité à attirer une nouvelle génération de clients et à réaliser l’inclusion financière et le développement économique durable. Il existe aujourd’hui une relation étroite entre les services non financiers et le secteur de l’entrepreneuriat, ainsi que celui des micro, petites et moyennes entreprises. La Banque Centrale d’Egypte (BCE) a lancé des initiatives visant à soutenir ce secteur. C’est l’un des facteurs permettant au secteur bancaire égyptien de jouer un rôle pionnier dans la région africaine. Ainsi, un groupe de banques nationales égyptiennes, à savoir la Banque Misr, la banque Al-Ahly, la Banque du Caire et la société Global Ventures, l’une des sociétés leaders dans la région Moyen-Orient et Afrique dans le domaine de l’investissement en capital-risque, a annoncé le lancement du Fonds de technologie financière (Incloud) et ce, après avoir obtenu l’approbation de la BCE. Cette étape sans précédent s’inscrit dans le cadre de l’application des orientations stratégiques de l’Etat, visant à soutenir les jeunes innovateurs qui seront responsables de bâtir l’économie égyptienne future. Le Fonds Incloud vise à renforcer l’innovation dans le domaine de la technologie et de l’inclusion financières.
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