Al-Ahram Hebdo : Après la mort du président iranien, comment voyez-vous l’avenir des relations égypto-iraniennes, qui avaient connu un timide rapprochement ?
Rakha Hassan : Nous pouvons dire que les relations égypto-iraniennes progressent et continuent de s’améliorer. Au cours des derniers mois, des consultations ont eu lieu entre le ministre des Affaires étrangères, Sameh Shoukry, et son homologue iranien, Hossein Amir-Abdollahian, concernant notamment la situation à Gaza. Nous constatons ici une évolution notable dans la forme des relations. Nous pouvons dire que les relations sont sur la voie de se rétablir, mais étant donné les circonstances actuelles, cette étape prendra un certain temps.
Le premier pas attendu concerne l’élévation des relations bilatérales du niveau des intérêts mutuels à celui de la représentation diplomatique. Nous pourrons ensuite voir des échanges de visites au niveau ministériel. Cette étape était attendue au cours des derniers mois, mais avec l’éclatement de la guerre à gaza, cette démarche a été retardée.
L’un des domaines les plus importants des relations avec l’Iran est celui des investissements iraniens qui existent et sont là depuis plusieurs années. Bien que les échanges commerciaux entre les deux pays soient très limités, ils représentent un domaine de coopération très prometteur. Mais l’aspect le plus important des relations est le tourisme religieux. Depuis février 2023, des facilités sont accordées aux citoyens iraniens pour obtenir des visas touristiques et visiter Al Al-Bayt (la famille du prophète Mohamad), qui représente l’un des sanctuaires les plus importants pour les Iraniens. Les deux pays s’accordent également sur un certain nombre de dossiers régionaux.
— Quels dossiers ?
— Le ministre iranien des Affaires étrangères s’est récemment rendu au Liban, en Iraq et en Syrie dans le but d’y apaiser la tension. L’Egypte partage la même vision concernant les principaux dossiers régionaux. Tout comme l’Egypte, l’Iran exige un cessez-le-feu à Gaza, rejette le génocide commis à l’encontre des Palestiniens et la déportation des populations et s’oppose au système de vote des résolutions de l’Assemblée générale des Nations-Unies. Toutes ces positions sont compatibles avec la position égyptienne.
— Existe-t-il des craintes concernant le fait que le nouveau régime iranien adopte une vision différente en matière de normalisation avec l’entourage arabe de l’Iran ?
— L’Iran ne veut pas revenir à l’isolement politique régional, d’autant qu’il a réalisé une percée avec les pays du Golfe. En échange, il y a eu une ouverture arabe à l’Iran et des consultations continues entre Le Caire et Téhéran. Le nouveau régime sera probablement issu de la même tendance du défunt Ebrahim Raïssi. Donc, il n’y a aucun changement politique à l’horizon.
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