Alléger le fardeau sur le citoyen, baisser les prix, mettre fin à la pénurie de devises, poursuivre les grands projets nationaux, encourager les investissements étrangers, et autres. Tels sont les principaux défis à surmonter dans la période à venir. Et le gouvernement a d’ores et déjà commencé à entreprendre un certain nombre de mesures à cet effet.
« L'amélioration de la situation se fera lentement, mais nous irons mieux », a affirmé le président Abdel Fattah Al-Sissi, le 21 mars. « La période passée a été difficile, mais nous l’avons surmontée », a-t-il ajouté. En effet, c’est depuis février 2024, et avec la signature de l’accord du projet de Ras Al-Hikma, grâce auquel l'Egypte a réussi à recevoir 35 milliards de dollars d’investissements étrangers, que les premiers signes positifs commencent à apparaître. L'Egypte a reçu une première tranche de 15 milliards de dollars juste après la signature de l'accord, ce qui a allégé la pression sur les réserves égyptiennes et permis de faire face à la pénurie de devises étrangères. La deuxième tranche, d'une valeur de 20 milliards de dollars, sera remise en mai prochain, comme l’a indiqué le premier ministre, Mostafa Madbouly. De même, 820 millions de dollars, première tanche du prêt du Fonds Monétaire International (FMI), seront reçus prochainement par l’Egypte. Cette somme fait partie d’un prêt total de 8 milliards de dollars. A cela s'ajoutent les 7,4 milliards de dollars promis par l'Union européenne.
Autant de signes positifs pour la période à venir. D’ailleurs, le projet de budget de l'Etat égyptien pour l'exercice 2024-2025 reflète les priorités du gouvernement pour la prochaine étape, d’autant plus que les récentes mesures et les récents accords ont amené un vent d’optimisme. En effet, la Banque Centrale d’Egypte (BCE) a décidé le 6 février de libéraliser le taux de change, entraînant une dévaluation de près de 62 % de la valeur de la livre égyptienne face au dollar et éliminant par là même le marché noir.
Un plan ambitieux
Pour ce qui est de la croissance, le gouvernement vise un taux de croissance de 4,2 % au cours de l’année fiscale 2024-2025 et l’augmentation des investissements privés à environ 50 % du total des investissements, d’après le plan de développement économique. Selon ce dernier, quatre secteurs devraient contribuer à environ 51 % du PIB, représentant les activités de production les plus importantes, qui sont l’agriculture, l’industrie et l’immobilier, ainsi que les activités commerciales.
De même, avec le nouveau mandat, pour la première fois, le budget de l’Etat qui sera présenté au Parlement inclura les budgets des organismes économiques. Selon le ministre égyptien des Finances, Mohamed Maait, « cette étape reflète les réformes structurelles qui ont été réalisées avec la récente modification de la loi unifiée des finances publiques. Selon cette loi, la notion de budget général du gouvernement, qui comprend le budget général de l'Etat et le budget des organismes économiques, a été introduite de manière à contribuer à démontrer les véritables capacités des finances publiques de l'Etat, selon une lecture plus globale et objective qui inclut l'ensemble des recettes et des dépenses de l'Etat et de ses organismes publics ».
Les dépenses générales totales du gouvernement s'élèvent à 6 400 milliards de L.E. (135,39 milliards de dollars) et ses recettes à 5 050 milliards de L.E. Dans le nouveau budget, le gouvernement vise à atteindre un excédent primaire de plus de 3,5 % du PIB, réduire le déficit total à moyen terme à 6 %, placer le ratio dette-PIB sur une trajectoire descendante pour atteindre 80 % en juin 2027 (contre 92,2 % prévu pour l’exercice en cours), grâce à une nouvelle stratégie qui comprend la fixation d'un plafond légal pour la dette « publique ».
Selon le professeur de sciences politiques Hassan Salama, « sur le volet économique nous pouvons être optimistes pour l’avenir ». « Toutes les démarches entreprises au cours des derniers mois vont dans l’intérêt de la stabilité économique de l’Etat. Cependant, que ce soit avec un nouveau gouvernement ou avec celui en cours (s’il poursuit sa mission), l'Etat devra veiller à préserver les avancées qui ont été réalisées. Il s’agit notamment de veiller à payer les obligations étrangères liées aux prêts, d’éliminer une fois pour toutes la crise de pénurie des devises étrangères, de créer un climat d'investissement propice et de surmonter tous les obstacles face aux investissements directs étrangers », estime Salama. Il ajoute que « l'objectif le plus important du président Sissi est d'assurer la stabilité du taux de change de la livre égyptienne par rapport aux devises étrangères et de fournir des liquidités en dollar qui empêcheraient la réémergence du marché noir, car toutes les crises dont a souffert l’Egypte au cours de la période récente étaient liées à la pénurie de dollars ».
La hausse des prix à la consommation s’impose également comme un défi persistant pour la phase à venir. Quelques mesures ont été prises afin de limiter cette « hausse injustifiée » comme l’a qualifié le président Sissi, qui a ordonné le 21 mars d’allouer 2 ou 3 milliards de dollars à l'importation des marchandises si les prix ne baissaient pas. En parallèle, l’Egypte a dédouané plus de 14,5 milliards de dollars de marchandises depuis le début de l’année, a déclaré le président de l’Organisme des douanes, Al-Chahat Ghatoury.
Des démarches importantes mais qui sont loin de résoudre ce problème qui s'impose forcément sur l’agenda des priorités du président dans son nouveau mandat, estime Salama.
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