Par Ola Hamdi et May Atta

Ras Al-Hikma, pôle économique et touristique

 En février 2024, l’Egypte a signé un accord historique avec la société émiratie ADQ Holding pour la réalisation du projet de développement de la ville de Ras Al- Hikma. Ce projet, considéré comme le plus grand deal d’investissement direct de l’histoire du pays, représente un investissement total de 35 milliards de dollars. Situé sur la Méditerranée, à 180 kilomètres à l’ouest d’Alexandrie, sur une superficie de 170,8 millions de mètres carrés sur la Côte-Nord, ce projet s’inscrit dans le cadre de deux plans stratégiques majeurs : le plan de développement urbain de l’Egypte pour 2052 et le plan stratégique de développement de la Côte- Nord. La mise en oeuvre du projet devrait commencer au début de l’année 2025. La durée est estimée à environ 15 ans. L’accord comporte deux volets : un volet financier d’une valeur totale de 35 milliards de dollars, qui correspond à un investissement direct étranger entrant en Egypte dans les deux prochains mois. Ce volet est divisé en deux versements : le premier s’élève à 15 milliards de dollars, effectué au cours de la première semaine de la transaction, et le deuxième, qui intervient deux mois après le premier, est d’un montant total de 20 milliards de dollars. Le premier versement de 15 milliards de dollars est réparti en 10 milliards de dollars en liquidités, en plus d’une renonciation partielle de la part de la société Abu Dhabi Holding aux dépôts détenus à la Banque Centrale, d’une valeur de 11 milliards de dollars. L’Egypte recevra également 20 milliards de dollars après deux mois, dont 14 milliards de dollars en liquidités directes, ainsi que le solde restant des dépôts, soit 6 milliards de dollars. Ainsi, en l’espace de deux mois, l’économie égyptienne recevra une injection de 35 milliards de dollars. A cela s’ajoute une part des 35 % des bénéfices du projet qui sera attribuée à l’Etat égyptien.

Le plan du gouvernement égyptien pour bénéficier des investissements de Ras Al- Hikma est ambitieux et vise à transformer la ville en une destination économique et touristique de premier plan. En effet, l’accord prévoit la construction d’une ville intégrée comprenant un quartier résidentiel de luxe, des logements touristiques, des hôtels de classe mondiale, une zone de services et d’affaires, un port, un aéroport et une zone d’industries légères. Le projet devrait attirer environ 150 milliards de dollars d’investissements supplémentaires au cours de la première phase de sa mise en oeuvre. Il devrait également contribuer à la création d’environ huit millions d’emplois. En plus, l’accord s’inscrit dans la stratégie de l’Etat égyptien visant à développer le tourisme et à augmenter les investissements dans le secteur touristique. La superficie des propriétés touristiques représente environ 50 % du projet. En effet, l’Egypte vise à atteindre 30 millions de visiteurs par an d’ici 2028 et à ajouter 25 000 chambres d’hôtel à sa capacité d’accueil actuelle, qui se situe autour de 210 000 chambres. Selon les déclarations du premier ministre, Mostafa Madbouly, « le développement de la ville de Ras Al-Hikma permettra d’attirer au moins 8 millions de touristes supplémentaires chaque année ».

 FMI : Un accord crucial

Le 6 mars, l’Egypte a conclu un accord avec le Fonds Monétaire International (FMI) pour augmenter le montant de son prêt de 3 à 8 milliards de dollars. En contrepartie, l’Egypte s’engage à mettre en oeuvre une série de réformes économiques dont les plus importantes sont le passage à un système de change flexible et le renforcement du secteur privé. Selon le premier ministre, Mostafa Madbouly, la signature de l’accord avec le FMI permettra au gouvernement égyptien de demander un prêt supplémentaire de 1,2 milliard de dollars au Fonds fiduciaire pour la résilience et la durabilité (RST) du FMI, portant le total à environ 9 milliards de dollars. Il a ajouté que « la signature de l’accord avec le FMI permet également aux autres partenaires de développement, en particulier la BM et l’UE, de fournir des prêts concessionnels à l’Etat égyptien. Cela permettra d’avoir un programme complet avec des montants importants qui permettront à l’Egypte de stabiliser sa monnaie et de poursuivre ses réformes structurelles ».

Le but de ce prêt important est d’augmenter les réserves monétaires en devises et de soutenir les efforts de la Banque Centrale d’Egypte pour reconstituer ses réserves de change de manière durable. Cette somme peut également jouer un grand rôle dans l’unification du taux de change, ce qui contribuera à éliminer les arriérés en devises en réduisant l’écart entre le taux de change officiel et celui du marché noir. Cette étape encourage également les travailleurs égyptiens à l’étranger à augmenter leurs envois de fonds sur le marché officiel, qui ont baissé d’environ 30 % au premier trimestre 2023- 2024 en raison de l’existence du marché noir. L’un des objectifs les plus importants de ce prêt est également de réduire l’inflation qui s’élève aujourd’hui à 35 %, d’attirer les investissements étrangers, de créer des emplois, d’augmenter les programmes de protection sociale et de réduire la dette, qu’elle soit intérieure ou extérieure, en stimulant la croissance économique grâce à l’afflux de capitaux directs et d’investissements étrangers.

 Le projet de Ras Al-Hikma en chiffres :

35 milliards de dollars d’investissements directs étrangers

150 milliards de dollars d’investissements sur la durée du projet

170,8 millions de mètres carrés sur la Côte-Nord

35 % des bénéfices du projet reviendront à l’Egypte

24 milliards de dollars d’investissements émiratis en deux mois

11 milliards de dollars, un dépôt auprès de la Banque Centrale renoncé par les Emirats

8 millions de touristes supplémentaires afflueront vers l’Egypte avec l’achèvement de cette nouvelle ville.

En moins d’un mois plusieurs accords ont été conclus attirant un total de 58,2 milliards de dollars de financements et d’investissements étrangers :

Projet de développement de Ras Al-Hikma : 35 milliards de dollars

FMI : 8 milliards de dollars

Fonds de durabilité climatique du FMI : 1,2 milliard de dollars

Union européenne : 8 milliards de dollars

Banque mondiale : 6 milliards de dollars