« Nous avons besoin d’un cessez-le-feu. Nous avons besoin de carburant, de carburant et de carburant », a déclaré Philippe Lazzarini, commissaire général de l’Office de secours et de travaux des Nations-Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), avant d’ajouter que « le manque de carburant est une cause majeure de décès à Gaza ». Le mercredi 15 novembre, après plus de 6 semaines de guerre, le premier camion de carburant est finalement entré à Gaza par le terminal de Rafah transportant 23°000 litres de carburant. L’utilisation de cette quantité a été limitée par les autorités israéliennes au transport des cargaisons d’aide par camion depuis Rafah. Le lendemain, sous pression des Etats-Unis, Israël a autorisé le passage de 120°000 litres de carburant toutes les 48 heures vers la bande de Gaza. « C’est loin d’être suffisant pour répondre aux besoins et permettre aux usines de dessalement, aux pompes à eaux usées, aux hôpitaux, aux pompes à eau des abris, aux camions humanitaires, aux ambulances, aux boulangeries et aux réseaux de communication de fonctionner sans interruption. Le carburant ne devrait pas être limité pour ces activités », a déclaré Lazzarini. Et d’ajouter : « Nous avons besoin de 160°000 litres de carburant par jour pour les opérations humanitaires de base. L’aide humanitaire ne peut pas être conditionnelle et ne doit pas être utilisée à des fins politiques ou militaires ».
En effet, la fourniture de carburant uniquement aux camions de l’UNRWA ne sauve pas la vie des Palestiniens. Selon l’Organisation de la Santé Mondiale (OMS), 60°000 Palestiniens souffrent d’infections pulmonaires et 35°000 de gastro-entérites depuis le début de la guerre à cause de la pénurie du carburant dans les hôpitaux. De son côté, le ministère de la Santé de Gaza a averti que le manque d’eau potable causé par la pénurie de carburant mettait particulièrement en danger la vie de 1 100 patients souffrant d’insuffisance rénale, dont 38 enfants.
Le spectre de la famine et des épidémies
La semaine dernière, la directrice exécutive du Programme Alimentaire Mondial (PAM), une agence de l’Onu, a averti contre le risque de « famine » dans la bande de Gaza, en raison de la suspension de l’aide humanitaire, provoquée par la pénurie de carburant et en raison de la faible quantité de vivres entrant dans le territoire palestinien. Elle a confirmé la fermeture de la dernière boulangerie, sur un total de 130, avec laquelle l’organisation travaillait, à cause de l’absence de carburant. « Sans accès au carburant, notre capacité à fournir du pain ou à transporter la nourriture vers ceux qui en ont besoin a été gravement compromis, ce qui a pratiquement paralysé la vie à Gaza. Les gens ont faim », a déclaré Samer Abdeljaber, représentant du PAM en Palestine.
Les agences des Nations-Unies ont prévenu que l’effondrement des services d’approvisionnement en eau et d’assainissement pourrait même déclencher une épidémie de choléra si une aide humanitaire d’urgence n’était pas fournie. « Si rien ne change, de plus en plus de personnes tomberont malades et le risque d’épidémies majeures augmentera considérablement », a déclaré Rick Brennan, directeur des urgences de l’OMS pour la région de la Méditerranée orientale. En effet, les eaux usées coulent dans les rues de Gaza alors que tous les principaux services d’assainissement ont cessé de fonctionner, soulevant la perspective alarmante d’une énorme vague de maladies, y compris le choléra.
L’arrêt des services essentiels, notamment les usines de dessalement de l’eau, le traitement des eaux usées et les hôpitaux, a entraîné une augmentation de 40 % des cas de diarrhée chez les personnes réfugiées dans les écoles de l’UNRWA, a indiqué l’agence. En même temps, environ 70 % des 2,3 millions d’habitants de Gaza — dont plus de la moitié sont des enfants — n’ont plus accès à l’eau potable. De même, en raison du manque de carburant, le système d’égouts et les usines de traitement des eaux usées sont hors service et plus de 130 000 m3 d’eaux usées sont déversés chaque jour en Méditerranée. « Il est épouvantable que le carburant continue à être utilisé comme arme de guerre », s’est indigné Lazzarini.
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