Depuis le déclenchement de la guerre à Gaza, le 7 octobre dernier, l’Egypte multiplie les initiatives tant politiques qu’humanitaires. Rencontres, concertations et conférences se succèdent avec les responsables internationaux et régionaux et les parties en conflit, dans l’objectif de parvenir à un cessez-le-feu et d’acheminer les aides humanitaires aux habitants de la bande de Gaza, mais aussi de parvenir à une solution fondée sur la solution à deux Etats.
En dépit de la détérioration continue de la situation dans la bande de Gaza, qui subit l’une des guerres les plus violentes de son histoire (plus de 11 000 morts jusqu’à présent), l’Egypte poursuit inlassablement ses efforts.
C’est dans ce contexte que le président Abdel-Fattah Al-Sissi a reçu, le 10 novembre, l’émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani. Les deux dirigeants ont discuté des « mesures susceptibles de protéger les civils à Gaza et de mettre fin à l’effusion de sang », selon un communiqué du porte-parole de la présidence égyptienne, Ahmed Fahmy. L’Egypte et le Qatar tentent d’obtenir des progrès dans la question des otages. Selon certaines informations, Le Caire et Doha seraient sur le point de négocier une « trêve humanitaire » à Gaza qui impliquerait un échange d’otages israéliens et de détenus palestiniens.
Selon l’ambassadeur Hussein Haridi, ancien ministre adjoint des Affaires étrangères, l’Egypte et le Qatar mènent actuellement une médiation pour régler la question des otages et des prisonniers entre le Hamas et Israël. Quatre otages ont été libérés au cours de la dernière période en réponse à ces efforts. « Des efforts intenses sont déployés pour poursuivre la libération des otages civils israéliens. Je crois que nous sommes désormais dans une phase de compromis qui permet d’identifier ce qui est acceptable ou inacceptable par les parties en négociation », affirme Haridi.
C’est aussi dans ce contexte qu’une délégation du Hamas, dirigée par Ismaïl Haniyeh et Khaled Meshaal, s’est entretenue au Caire, le 9 novembre, avec le chef des renseignements égyptiens, Abbas Kamel. Il a été notamment question des prisonniers et d’un cessez-le-feu humanitaire à Gaza. Les discussions ont également porté sur la nécessité de livrer du carburant à la bande de Gaza dès que possible. Le 11 novembre, une délégation israélienne de haut niveau est également arrivée au Caire pour les mêmes objectifs.
Trois axes
« Ces visites successives, qu’il s’agisse de celle du Hamas ou de la délégation israélienne, et la récente visite de l’émir du Qatar témoignent de la volonté et de l’insistance du Caire concernant le fait de résoudre la crise à Gaza », affirme Tarek Fahmy, professeur de sciences politiques, pour qui la médiation égyptienne prend trois directions. « La première concerne les factions palestiniennes et les négociations sur le dossier des otages afin de parvenir à un cessez-le-feu et d’arrêter l’effusion de sang de milliers de civils dans la bande. C’est une priorité absolue pour Le Caire. La deuxième direction pour l’Egypte est celle de l’Autorité palestinienne, en tant que représentant légitime du peuple palestinien. Là aussi, l’Egypte se pose en médiateur entre l’Autorité et Israël afin d’entamer des négociations au plus vite. La troisième direction, enfin, est celle de la communauté internationale. Le Caire s’active via les sommets ou les rencontres bilatérales pour tenter de parvenir à une issue à la crise palestinienne », explique-t-il.
Difficile médiation
La médiation égyptienne est dans l’une de ses phases les plus difficiles car elle est liée à la question de la libération des otages. « Le dynamisme égypto-qatari ne concerne pas un petit nombre d’otages mais un nombre considérable. On parle d’une centaine de civils », explique Fahmy, qui assure qu’il faut faire la différence entre deux genres d’otages. « Il y a les otages civils et les otages militaires. Le Hamas est loin de discuter des otages militaires car il veut garantir sa présence dans l’équation palestinienne à venir ». Par contre, souligne-t-il, « Israël, qui poursuit ses bombardements à Gaza, souhaite que l’opération soit menée en une seule étape et qu’il n’y ait pas de cessez-le-feu avant la remise de tous les otages ». Cette divergence ne facilite pas la tâche de l’Egypte. Mais compte tenu de son expérience dans les négociations israélo-palestiniennes, l’espoir persiste quant à une percée dans cette question dans les jours à venir.
Lien court: