Parallèlement aux frappes sanglantes de l’armée israélienne ciblant les civils de la bande de Gaza, les actes de violence commis par les colons israéliens contre les Palestiniens s’aggravent en Cisjordanie, avec le soutien, voire la participation des forces de sécurité israéliennes. Depuis le 7 octobre, plus de 150 Palestiniens, dont des mineurs, ont été tués ; plus de 2 000 ont été blessés par des colons ou des soldats israéliens, et près de 1 000 ont été déplacés de force de leurs foyers, selon les derniers chiffres des Nations-Unies. Le Bureau des Nations-Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) a noté que des colons utilisent des armes à feu pour menacer les Palestiniens, notamment en ouvrant le feu. Depuis le 7 octobre, « la violence des colons israéliens a considérablement augmenté, passant d’une moyenne déjà élevée de trois incidents par jour en 2023 à sept par jour maintenant », a signalé l’OCHA le 1er novembre, en ajoutant qu’au cours de cette période, il a également enregistré 171 attaques de colons contre des Palestiniens, entraînant 26 incidents différents faisant des victimes et des dommages à 115 propriétés palestiniennes, ainsi qu’une trentaine d’incidents signalés.
Outre l’utilisation des armes à feu, les licenciements arbitraires, expulsions d’étudiants des universités, arrestations, diverses autres menaces sont également commises par des colons contre les Palestiniens, obligeant des centaines d’entre eux à la fuite. « Plus de 820 Palestiniens en Cisjordanie occupée ont été déplacés en raison de la violence des colons israéliens et des restrictions de mouvement accrues », a prévenu l’Onu le 1er novembre, en signalant une hausse des intimidations et de la violence des colons israéliens en Cisjordanie depuis le début de la guerre. Le 12 octobre, huit ménages, comprenant 51 personnes, ont été déplacés de Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie, après que des colons les avaient menacés par arme, leur disant qu’ils les tueraient et mettraient le feu à leurs tentes pendant la nuit, précise l’OCHA. Il ajoute que dans près de la moitié des cas, les forces de sécurité israéliennes « ont accompagné ou soutenu activement » les assaillants.
Les restrictions d’accès présentent une autre forme de pression qui s’exerce sur les Palestiniens. Généralement imposées par les autorités israéliennes, les restrictions d’accès se sont également intensifiées dans toute la Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est. Ceci est particulièrement grave dans les zones proches des colonies israéliennes et dans ce qu’on appelle la « zone charnière », la zone palestinienne isolée par la barrière israélienne de 712 kilomètres de long en Cisjordanie. « Les colons ont également imposé des restrictions de mouvement, bloquant les routes d’accès aux communautés palestiniennes, limitant ainsi leur accès aux services essentiels et aux moyens de subsistance », a déclaré l’OCHA, en ajoutant que dans certains cas, les colons ont également endommagé les ressources en eau dont dépendent les communautés d’éleveurs. Les mesures de restrictions ont touché les services d’aide humanitaire, notamment de santé et d’éducation, qui ont dû être également interrompus, selon l’OCHA.
Cette escalade en Cisjordanie occupée a été condamnée par les Européens, qui ont tiré la sonnette d’alarme. L’Allemagne a appelé, le 30 octobre, Israël à « protéger » les Palestiniens des « colons extrémistes ». La France a également dénoncé les « violences inadmissibles » perpétrées contre des civils palestiniens dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères publié la semaine dernière.
Accélération de la colonisation et velléité d’annexion
Il est par ailleurs important de souligner que les chiffres initiaux de 2023 mettaient déjà en lumière une augmentation significative des violences commises par les colons contre les Palestiniens. Un rapport émis par l’OCHA le 21 septembre dernier faisait déjà état d’une hausse des déplacements de bergers palestiniens « dans un contexte de violence ».
Mais si les tensions ne sont pas nouvelles entre les trois millions de Palestiniens et les plus de 500 000 colons israéliens qui vivent dans des colonies illégales au regard du droit international, les observateurs notent une volonté d’accélérer la colonisation depuis le début de la guerre à Gaza. Les villages attaqués depuis le 7 octobre se trouvent tous en zone C, sous contrôle sécuritaire et administratif exclusif de l’Etat hébreu. L’extrême droite israélienne rêve depuis de nombreuses années d’annexer cette zone représentant 60 % du territoire de la Cisjordanie. L’arrivée au pouvoir de suprématistes juifs au sein de la coalition formée l’an dernier par Benyamin Netanyahu a permis aux colons de bénéficier d’un appui politique inespéré. Les événements du 7 octobre n’ont fait que renforcer leur détermination à poursuivre cette annexion de facto de la zone C.
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