« La situation à Gaza devient de plus en plus désespérée d’heure en heure », a alerté, dimanche 29 octobre, le secrétaire général de l’Onu, Antonio Guterres. « Les habitants de Gaza dépendent de l’aide humanitaire uniquement pour survivre. La profondeur de leur désespoir dépasse les mots », a, de son côté, dit sur X (ex-Twitter) Janez Lenarcic, commissaire européen à la gestion des crises, appelant à un « accès humanitaire sans entrave et sûr à Gaza ». « L’ordre civil commence à s’écrouler », a déploré Thomas White, directeur des affaires de l’UNRWA dans la bande de Gaza, après le pillage d’entrepôts et de centres de distribution d’aide alimentaire.
Le monde entier tire la sonnette d’alarme, tant la situation humanitaire est désastreuse à Gaza. Les dégâts sont immenses. Des quartiers entiers ont été rayés de la carte. Depuis le début de l’offensive israélienne sur la bande de Gaza, après l’attaque menée le 7 octobre par le Hamas, 45 % des habitations ont été « endommagées ou détruites » selon l’Ocha, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’Onu (qui cite le ministère des Travaux publics et du Logement de Gaza). L’Ocha précise que plus de 5 500 logements « ont été détruits », tandis que près de 3 800 autres habitations ont été tellement endommagées qu’elles sont inhabitables. L’Onu estime, en outre, le nombre de déplacés à environ 1,4 million dont 629 000 ont trouvé refuge dans les 150 abris d’urgence de l’UNRWA. Mais ces abris sont bondés et cette promiscuité entraîne des risques sanitaires importants, accrus par le manque d’eau, s’inquiète l’UNRWA. « Notre plan de crise était basé sur l’accueil de 150 000 civils, nos locaux ne sont donc pas adaptés. Nous avons, par exemple, 8 000 déplacés dans un de nos bâtiments, avec seulement deux toilettes disponibles », explique Natalie Boucly, commissaire générale adjointe de l’UNRWA.
Le patron de l’agence onusienne, Philippe Lazzarini, affirme, de son côté, que « les services de base s’effondrent, les réserves de médicaments, de nourriture et d’eau s’épuisent, les égouts commencent à déborder dans les rues ».
D’autre part, les camions, qui ont jusqu’ici pu entrer dans la bande de Gaza, ne transportaient pas de carburant. Or, la pénurie de fioul est, elle aussi, une urgence. En effet, depuis que l’unique centrale électrique du territoire a cessé de fonctionner, tout, y compris les hôpitaux, reposent sur les générateurs. Six hôpitaux ont, selon l’OMS, déjà été obligés de cesser leurs activités.
La pénurie de carburant entraîne également un manque d’eau. Les forages et usines de dessalement d’eau de mer ne fonctionnent plus. La bande de Gaza dépend de l’eau en provenance d’Israël, mais tout approvisionnement a été coupé. L’UNRWA « ne délivre plus qu’un litre d’eau par personne et par jour, pour boire, manger et se laver », confirme Natalie Boucly. Pour apaiser leur soif, certains Gazaouis se tournent donc vers des sources inadaptées.
Seulement 2 % des denrées alimentaires, habituellement livrées dans l’enclave palestinienne, ont pu entrer depuis le début du siège, selon l’association Oxfam. Le blocus est quasi total et la famine est utilisée comme une « arme de guerre » par Israël, dénonce Louis-Nicolas Jandeaux, responsable de campagne et plaidoyer humanitaire à l’ONG Oxfam, dans un entretien avec RFI.
Même cette aide minime peut ne pas servir à grand-chose : sans carburant, sans eau et sans électricité, impossible aux boulangeries de faire du pain à partir de la farine que leur fournit l’UNRWA, et impossible à la population civile de cuisiner. Une population soumise à près de trois semaines de siège, et bien avant, depuis 2007, à un blocus imposé par Israël.
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