(Photo : Amir Abdel-Zaher)
Alors que Rafah est désormais la nouvelle cible israélienne, toutes les organisations internationales humanitaires ont mis en garde contre une catastrophe de grande ampleur qui pourrait faire des dizaines de milliers de morts et de blessés en cas d’invasion par les forces d’occupation israéliennes. Rafah est le dernier refuge des personnes déplacées dans la bande de Gaza et compte plus de 1,4 millions de Palestiniens dont 1,3 millions ont fui leurs foyers pour échapper aux bombardements et aux destructions systématiques de l’armée israélienne dans toute la bande de Gaza.
Ce n’est pas la première fois qu’Israël commet des massacres contre le peuple palestinien. Tout au long des 75 années d’occupation, l’armée d’occupation et les colons juifs ont commis des massacres brutaux contre le peuple palestinien, à commencer par le massacre de Deir Yassin à Jérusalem en avril 1948, en passant par le massacre de Khan Younès en novembre 1956 et le massacre de Jénine en avril 2002, pour arriver au bombardement par l’armée israélienne de l’hôpital baptiste Al-Ahli dans le quartier d’Al-Zaytoun, au sud de la ville de Gaza, portant le nombre de victimes à plus de 500 martyrs civils non armés dont la majorité étaient des personnes âgées, des femmes et des enfants. Depuis le début de la guerre en cours, le nombre des morts à Gaza a dépassé les 28 000 et celui des blessés les 67 000. Alors que Khan Younès est l’épicentre des combats, la destruction d’habitations et d’autres infrastructures civiles essentielles « semble avoir pour objectif ou pour effet de rendre impossible le retour des civils dans ces zones. Le transfert forcé de civils peut constituer un crime de guerre », comme l’a déclaré le chef des droits de l’homme de l’ONU, Volker Türk.
Le nord de Gaza, une ville fantôme
La situation dans le nord de Gaza est tout aussi mauvaise que dans le sud, les quelques 300 000 personnes toujours présentes risquent de mourir de faim. Le risque de famine y augmente de jour en jour. La région est coupée de l’aide et les évaluations de la sécurité alimentaire révèlent les besoins les plus importants, selon le Programme Alimentaire Mondial (PAM). La dernière fois que l’UNRWA a pu effectuer une distribution de nourritures dans le nord de Gaza, c’était le 23 janvier dernier. Ainsi, la situation présage une famine et une catastrophe humanitaire. Les produits de base comme la farine, le riz, le sucre, l’eau potable et le lait pour les enfants ne sont pas disponibles. L’occupation empêche toujours l’entrée de l’aide à la population et continue de cibler directement les civils dans les lieux où ils se réfugient.
Les agences humanitaires des Nations-Unies alertent également sur l’effondrement des services de santé à Gaza. Selon les rapports, la plupart des hôpitaux de Gaza ont cessé de fonctionner et certains d’entre eux ont subi des bombardements, des raids, la destruction de leurs dispositifs et de leurs équipements médicaux, ainsi que l’arrestation d’un nombre de leur personnel médical et de leurs patients. Cela s’est en effet produit à l’hôpital Al-Amal, lorsque neuf membres du personnel médical ont été arrêtés, dont quatre médecins anesthésistes et chirurgiens et un infirmier, en plus de l’arrestation du directeur des services ambulanciers et des urgences, du directeur des services ambulanciers de Gaza, de quatre blessés et de cinq personnes accompagnant des blessés, selon le Croissant-Rouge palestinien.
En plus, les hostilités accroissent les risques de malnutrition chez les enfants de moins de 5 ans, les femmes enceintes et celles qui allaitent. Une nouvelle étude pointe vers une augmentation sensible des cas de malnutrition aiguë, 12 fois plus que le taux qui prévalait avant les hostilités, une augmentation du taux de malnutrition aiguë globale chez les enfants âgés de 6 à 59 mois, le taux de malnutrition aiguë globale pour le nord de Gaza (16,2 %) étant supérieur au seuil critique de 15 % fixé par l’Organisation Mondiale de la santé (OMS).
Pire encore, plus de la moitié des infrastructures d’approvisionnement en eau de Gaza ont désormais besoin d’être réparées ou d’être complètement reconstruites. Selon les chiffres, un individu ne reçoit qu’entre 1,5 et 2 litres d’eau insalubre par jour, pour répondre à tous ses besoins, alors que la norme internationale d’urgence précise 15 litres par personne et par jour (soit près de 10 fois ce que reçoivent les habitants de Gaza en ce moment). « Cela a poussé 70 % de la population de Gaza à boire de l’eau salée et polluée », selon un rapport de l’ONU. Face à la crise de l’eau qui s’intensifie dans la bande, le risque de maladies graves et d’épidémies continue d’augmenter.
« L’occupation a détruit plus de 70 % des infrastructures de Gaza en quelques mois. Il nous faut 20 à 25 ans pour reconstruire ce que l’occupation a détruit », a conclu Ahmed Majdalani, ministre palestinien du Développement social.
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