Rétablir l’infrastructure
Restaurer l’infrastructure du Sinaï était l’un des plus grands défis du processus de développement de la péninsule. Les premiers pas du développement consistaient à lier cette zone tant marginalisée au reste du pays par des réseaux de transport routier et aérien. C’est en 1975, suite à la signature du processus de paix entre l’Egypte et Israël, que les travaux ont commencé pour creuser le premier tunnel de passage routier, celui du « martyr Ahmad Hamdi », pour mettre fin à l’isolement de cette zone reliant le Sinaï au reste de l’Egypte. Inauguré en 1981, ce passage routier a été un atout majeur, surtout pour le Sud-Sinaï. Tandis qu’au nord est inauguré en 2001 le pont d’Al-Salam (la paix), un passage routier et ferroviaire. La ligne ferroviaire d’Al-Ferdan sera, quant à elle, inaugurée dans les jours à venir. Ces premiers projets dans la péninsule et le pavage de certaines routes ont activé le transport, le commerce et le développement dans cette région.
Mais ce développement, malgré son importance, est resté modeste par rapport aux besoins des habitants de cette zone. C’est dans le cadre de la nouvelle vision globale « Stratégie de l’Egypte 2030 » que l’Etat a alloué 600 milliards de L.E. à l’amélioration de l’infrastructure du Sinaï, sa connexion à la Vallée et au Delta via un réseau de 5 tunnels supplémentaires construits à partir de juillet 2016 jusqu’à 2019, dont ceux de Port-Saïd, d’Ismaïliya et du martyr Ahmad Hamdi II.
En outre, 5 nouveaux ponts flottants ont été mis en place, afin d’éliminer le problème de l’embouteillage. En plus, pendant les célébrations du jubilé d’or de la guerre d’Octobre, la 1re phase du plus long pont suspendu de marchandises et de chemins de fer a été inaugurée. Il s’agit d’un pont reliant l’est de Port-Saïd à Al-Arich. Il devra par la suite s’étendre jusqu’à Taba. Des ports maritimes, ainsi que des aéroports internationaux ont été créés dont ceux d’Al-Arich au nord et de Charm Al-Cheikh au sud. Ceux-ci ont été récemment développés et l’Etat y a créé une zone logicielle en faveur du commerce et de l’industrie.
Aussi, une grande importance a été consacrée au développement des routes qui sont conçues selon les normes internationales les plus modernes. Ainsi, une vingtaine de routes d’environ 2 400 km ont été inaugurées en 2015. Il s’agit notamment de la nouvelle route qui traverse le Sinaï en passant par plusieurs villes, dont Ras Sedr, Abou-Zéneima, Abou-Rodis, jusqu’à Charm Al-Cheikh.
Agriculture et projets hydrauliques
Le développement du secteur agricole a également connu un essor important en termes de développement. A noter que l’agriculture au Sinaï avait toujours dépendu de l’eau des puits dont le nombre dépasse 3 452 au nord du Sinaï. Mais l’Etat a mis en place un projet de développement qui consiste à transporter l’eau du Nil vers le Sinaï et à trouver un moyen pour cultiver de nouveaux produits agricoles.
Les premiers fruits de cet ambitieux projet ont commencé en 1998 par l’inauguration du Canal d’Al-Salam, qui transporte l’eau via le Canal de Suez de Damiette, branche est du Nil. Ce canal continue son trajet sous le Canal de Suez à travers le siphon du Canal d’Al-Salam qui a été inauguré en 2020 comme seconde phase portant le nom de Cheikh Gaber Al Sabah. Ce canal, en partie financé par le Koweït et l’Arabie saoudite, doit arriver jusqu’à Al-Arich. Un projet visant à cultiver et irriguer plus de 400 000 feddans avec un coût de 9 milliards de L.E. Ainsi, 16 rassemblements bédouins ont été transformés en rassemblements agricoles productifs. Ils comprennent des projets de pisciculture et de culture de fruits et légumes, en utilisant l’eau saline et inexploitée des puits, dans le but de créer des emplois aux jeunes et de réaliser une autosuffisance dans les cultures agricoles.
De même, 12 stations de pompage et de drainage d’eau souterraine y ont été créées dont celles d’Al-Salam. D’ailleurs, l’Etat a mis en place un plan national pour le développement des ressources hydriques au Sinaï jusqu’à 2037, visant à trouver des solutions durables qui garantissent les droits des générations futures.
En outre, afin d’éviter les risques d’inondation dus aux pluies torrentielles et d’exploiter l’eau dans les domaines agricoles, de plus en plus de réservoirs ont été fondés depuis 2014, notamment 177 canaux et 1 060 barrages, réservoirs souterrains et lacs artificiels.
Les productions agricoles les plus importantes du nord du Sinaï sont le blé, l’orge, les olives, ainsi que les fruits, tels que les figues, les pêches et les raisins. La culture de plantes thérapeutiques se propage aussi dans les vallées, surtout à Sainte-Catherine et à Wadi Firane, tandis qu’au sud, spécifiquement au village d’Al-Tor, c’est la culture des palmiers qui domine.
L’enseignement, une priorité
Etant la base de tout progrès, l’éducation constitue également un volet important du développement du Sinaï. Depuis 1982, l’Etat a fondé quelques établissements scolaires, la plupart d’entre eux sont les écoles primaires. Mais en raison de la distance éloignée des écoles par rapport aux résidences et leur nombre modeste, le taux de fuite scolaire était énorme. C’est en 2014, dans le cadre d’un large projet de développement, que près de 70 écoles ont été construites dans les différentes régions du Sinaï, notamment à Al-Hassana ou à Bir Al-Abd, avec un coût de presque un milliard de L.E. Le plan gouvernemental qui se poursuit vise à atteindre 115 établissements scolaires au Sinaï d’ici 2030. L’institution islamique d’Al-Azhar y a également fondé de nombreuses institutions religieuses. Afin de servir le plan industriel lancé depuis quelques années pour le bien de la péninsule, des écoles secondaires industrielles (pour filles ou garçons), ainsi que les écoles techniques ont également ouvert leurs portes.
Ce n’est pas tout. Afin d’investir dans la jeunesse et freiner l’exode rural, de nouvelles universités ont ouvert leurs portes au Sinaï. Aujourd’hui, 4 grandes universités sont présentes dans la péninsule, notamment l’Université d’Al-Malek Salman et ses 3 branches à Al-Tor, Charm Al-Cheikh et à Ras-Sedr (sud de la péninsule) et l’Université d’Al-Galala, qui sont des universités nationales. Des bourses et des facilités y sont fournies pour encourager les citoyens de s’y inscrire.
Charm Al-Cheikh, ville modèle
Située au sud-est du Sinaï, la ville de Charm Al-Cheikh, qui était à l’origine un village de pêcheurs, est devenue une base stratégique pour la marine égyptienne. Pendant la guerre de Suez égypto-israélienne en 1956, Israël l’occupe pour 5 mois, puis une force de paix internationale y stationne jusqu’en 1967. Avec la paix, les forces israéliennes ne l’ont quittée qu’en avril 1982, laissant les vestiges d’un camp à Hadaba et un seul hôtel touristique à Neama Bay. Depuis lors, l’ancien président Hosni Moubarak a décidé de transformer cette ville balnéaire distinguée en ville touristique en offrant tant de facilités aux hommes d’affaires. Pendant plus de 40 ans, plus de 550 hôtels ont été fondés, ainsi que de multiples restaurants et cafés de luxe, et grâce à son climat sec et agréable, la ville est désormais devenue une destination touristique. De même, vu la vie corallienne riche de la mer Rouge, Charm Al-Cheikh est devenue une station de plongée très appréciée et un site accueillant des conférences internationales telles que la Conférence internationale de la paix en 1996, suite à laquelle cette ville a trouvé son appellation de « la ville de la paix », et également la signature du Mémorandum entre Israël et l’Autorité palestinienne en 1999. Ces dernières années, Charm Al-Cheikh a été développée et son aéroport a été élargi, afin d’accueillir les visiteurs de l’Egypte lors des Forums annuels de la jeunesse lancés par le président Abdel-Fattah Al-Sissi.
Cependant, en 2019, le groupe industriel français Schneider Electric a mis en service un parc solaire d’une puissance de 5 MWc à Charm Al-Cheikh. L’installation permet aux habitants, dont le nombre est de 73 000 à Al-Hadaba et à la vieille Charm, d’éviter les émissions de 3 000 tonnes de CO2 chaque année. Ainsi, la plupart des hôtels et les centres de plongée sous-marine ont installé des stations amies à l’environnement.
En 2022, la couleur verte règne à Charm Al-Cheikh, à la COP27, avec la création d’un parc central sur une superficie de 60 000 m2, près du nouveau conseil municipal de la ville, et plusieurs stations pour recharger les voitures et les bus en électricité ont été créées. Charm Al-Cheikh est désormais la ville idéale verte de l’Egypte.
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