Le rideau est tombé sur la 18e réunion du G20 tenue du 8 au 10 septembre dans la capitale indienne New Delhi. Tenu sous le slogan « Une terre, une famille, un avenir », ce sommet, marqué par l’absence de la Russie et de la Chine, était le plus difficile depuis la création de ce groupe qui rassemble les plus grandes économies développées et émergentes de la planète. C’est maintenant à Rio de Janeiro, au Brésil, où le prochain rendez-vous aura lieu. Malgré les divergences internes entre les Etats membres sur des questions allant de la guerre en Ukraine au changement climatique, passant par la sécurité alimentaire et énergétique mondiale, les pays du G20 ont adopté une déclaration finale consensuelle. Mais la décision d’accorder le statut de membre permanent à l’Union Africaine (UA) était le moment le plus fort de ce sommet. L’UA, formée de 55 pays, a désormais le même statut que l’Union européenne. Cette expansion augmentera la représentation des pays du Sud au sein du G20 et marque le début d’une nouvelle phase où les pays africains joueront un plus grand rôle dans l’arène internationale. Elle représente également une nouvelle victoire pour la diplomatie africaine, notamment après l’inclusion de deux pays africains, l’Egypte et l’Ethiopie, au groupe des BRICS le mois dernier.
Le Sud global, un concept qui gagne du terrain
C’est dans le cadre de sa présidence du G20 que l’Inde a plaidé pour l’intégration des pays africains au sein du G20 afin de produire « un équilibre des intérêts au sein de l’économie mondiale ». L’Inde a ainsi envoyé une lettre aux dirigeants du G20 en juin 2023 proposant d’accorder à l’UA une « adhésion à part entière » au 18e Sommet du G20. Une demande bien accueillie par les dirigeants du groupe. Le terme « Sud global » est de plus en plus utilisé. Avant le début du Sommet du G20 à New Delhi, le premier ministre indien, Narendra Modi, a présenté son pays comme « le leader du Sud global », qui se veut un pont entre les pays développés et les pays en développement. De même, lors du dernier Sommet des BRICS à Johannesburg, le président sud-africain a déclaré que l’objectif du groupe est de « faire avancer l’agenda du Sud global ». Et avant le Sommet du G7 tenu au mois de mai à Hiroshima, le premier ministre japonais, Fumio Kishida, a souligné que « le choix des pays invités reflète l’importance du Sud global ». Le terme « Sud global » fait référence à de nombreux pays du monde qui sont parfois décrits comme « en développement » ou « moins développés ». La plupart, sinon la totalité, de ces pays sont situés dans l’hémisphère sud, en Afrique, en Asie et en Amérique latine. Le terme « Sud global », représente une identité pour ces pays. Selon des analystes, le « Sud global » est un concept géographique, géopolitique et historique qui se rapporte au développement.
Afrique-G20, des gains mutuels
Une autre question se pose : Quelle est la signification de l’adhésion permanente de l’UA au G20 à la fois pour l’Afrique et pour le G20 ? L’Afrique du Sud était le seul pays africain représenté au sein du G20. Selon beaucoup d’analystes, cette démarche reflète l’importance de l’Afrique et son poids démographique et financier, ce qui est aujourd’hui un enjeu géopolitique majeur. L’intégration de l’UA au G20 apportera des gains pour les deux parties. Les pays africains possèdent des ressources-clés pour renforcer l’économie mondiale, notamment des ressources énergétiques et des matières premières vitales pour la transition verte, surtout le cobalt, le manganèse et le platine. Les pays du G20 sont les plus grands partenaires commerciaux du continent africain. L’entrée de l’UA au G20 devrait donc renforcer le commerce entre le continent et les pays du groupe. L’Afrique jouera un rôle plus important dans la formulation des accords commerciaux et deviendra un véritable partenaire commercial et pas seulement une source de matières premières. En outre, la présence africaine plus large au sein du G20 permettra d’orienter les investissements vers les domaines prioritaires pour le continent, conformément à l’Agenda Afrique 2063 et donnera à l’Afrique l’opportunité de participer au processus au prise de décision sur des questions importantes comme le changement climatique, les migrations, la sécurité alimentaire, l’énergie ou encore l’octroi des prêts aux pays en développement par les institutions internationales, ainsi que la réforme de la structure de la dette internationale.
Nouvelle approche
Mettre fin aux maux des pays du Sud était au coeur du discours prononcé par le président Abdel-Fattah Al-Sissi, qui a participé au sommet en tant qu’« invité d’honneur principal ». Le chef de l’Etat a présenté une nouvelle approche sur la coopération multilatérale. Ce n’est pas la première fois que l’Egypte participe au G20, mais la participation de cette année revêt un caractère particulier car elle intervient quelques jours après l’adhésion de l’Egypte aux BRICS. Selon l’ambassadeur Mohamed Hegazy, ancien ministre adjoint des Affaires étrangères, la participation du président Sissi, à l’invitation de l’Inde, au Sommet du G20, reflète le désir de la communauté internationale d’écouter le continent africain et les pays en développement. Le président Sissi, en tant que président du Comité d’orientation des chefs d’Etat et de gouvernement de l’AUDA-NEPAD, a appelé, lors de la séance d’ouverture, à mettre en place une approche globale pour renforcer l’intégration des pays africains dans le système économique mondial et la capacité du continent à relever les défis mondiaux. Le président a également souligné la nécessité de répondre aux préoccupations des pays africains et de remédier aux déséquilibres des structures financières mondiales, afin d’aider le continent dans sa transition vers une économie à faibles émissions de carbone.
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