« Libérer le potentiel du capital privé pour construire une Afrique prospère ». C’est sous ce slogan que se tient la 19e Conférence annuelle de l’Association africaine du capital-investissement (AVCA) pour la deuxième fois au Caire du 1er au 5 mai. Tenue en coopération avec l’Agence égyptienne de développement des moyennes, petites et micro-entreprises (MSMEDA), cette conférence représente le plus grand rassemblement mondial de capitaux privés axé sur l’Afrique. Elle a accueilli plus de 600 investisseurs représentant 50 pays à travers le monde qui gèrent collectivement plus de 1 500 milliards de dollars d’actifs. Autour des tables rondes, les participants ont évoqué les avantages et les inconvénients de l’investissement en Afrique, ainsi que les moyens de faire face aux problèmes urgents, tels que le changement climatique et la transition vers une économie verte. « Ce n’est pas une coïncidence que nous revenons en Egypte pour tenir la conférence annuelle de l’AVCA. L’Egypte est une destination attrayante pour les investissements et s’est toujours classée parmi les meilleures en ce qui a trait au volume des investissements en Afrique du Nord et sur l’ensemble du continent. C’est pourquoi on a choisi cette année l’Egypte pour abriter cette édition », a déclaré Abi Mustafa, directeur exécutif de l’Association africaine du capital-investissement (AVCA), lors de la conférence. Et d’ajouter « Notre objectif, en tenant cette conférence, est de réfléchir de manière ambitieuse à la manière dont le capital privé peut construire un avenir africain prospère. Le continent connaît un grand développement dans plusieurs secteurs, comme la logistique, les transports, le secteur bancaire et le secteur technologique, qui s’est beaucoup développé après la pandémie ». Selon Abi Mustafa, les gouvernements africains doivent simplifier les procédures pour les petits investissements, afin de soutenir la croissance, puisque l’investissement direct nécessite beaucoup de temps et d’actifs pour générer un rendement. Selon un rapport publié par l’AVCA une semaine avant la conférence, le dynamisme des start-up technologiques africaines séduit de plus en plus les investisseurs. C’est dans ce domaine que les véhicules financiers (fonds financiers dédiés aux investissements à risque) investissent massivement en Afrique. L’Afrique de l’Ouest est la région qui en a le plus bénéficié avec un montant de 19,8 milliards de dollars, suivie de l’Afrique australe (19,7 milliards), l’Afrique du Nord (13 milliards), l’Afrique de l’Est (6,1 milliards) et l’Afrique centrale (2,4 milliards).
Le commerce, un moteur de croissance
Renforcer l’intégration pour stimuler la croissance. C’est le message-clé transmis par plusieurs conférences qui ont récemment eu lieu dans plusieurs capitales africaines. D’Accra au Cap en passant par Le Caire, ces rendez-vous africains sont d’une grande importance, puisqu’ils interviennent dans un contexte d’incertitude économique mondiale et après une année difficile pour les économies africaines. L’investissement et le commerce sont les principaux moteurs de croissance pour redresser l’économie africaine. L’Union africaine a fait de 2023 l’année de l’accélération de la mise en place de la ZLECAf. C’est conformément à cette décision que le forum des affaires de la ZLECAf a eu lieu du 16 au 19 avril 2023 au Cap avec l’objectif de « sensibiliser la communauté africaine des affaires aux opportunités commerciales et d’investissement actuelles dans la ZLECAf ». En effet, ce forum a eu lieu après le lancement de la première phase de l’initiative de « commerce guidé » à Accra en octobre dernier. Le lancement de la deuxième phase de l’initiative est prévu en juin prochain, avec la participation d’un grand nombre d’Etats parties. « L’Accord de libre-échange continental africain a franchi une étape importante avec la convocation du forum des affaires de la ZLECAf », déclare Wamkele Mene, secrétaire général de la ZLECAf. Et d’ajouter : « Ce n’est qu’avec l’implication totale de la communauté des entreprises que nous atteindrons notre objectif de renforcer le commerce intra-africain, d’améliorer la position commerciale de l’Afrique sur le marché mondial et d’accélérer la croissance économique, l’industrialisation, la production et la création d’emplois ».
Le secteur privé, un acteur-clé
Ainsi, pour l’Afrique, l’enjeu des années à venir c’est comment faire du secteur privé africain le pilier de la reprise économique. Ce secteur représente 80 % de la production totale, deux tiers des investissements, trois quarts des crédits et emploie 90 % de la population en âge de travailler en Afrique. Selon la Banque Africaine de Développement (BAD), le rôle du secteur privé est crucial pour combler les déficits d’investissement en Afrique. Les gouvernements africains ont aujourd’hui une faible marge de manoeuvre budgétaire, en raison des événements de type cygne noir qui se sont produits au cours des trois dernières années. « Il s’agit notamment du Covid-19 et de l’invasion de l’Ukraine par la Russie qui ont, tous les deux, des répercussions à l’échelle mondiale », affirme Vincent Nhemielle, secrétaire général du Groupe de la BAD, en soulignant : « Nous devons vraiment rechercher des alternatives et trouver des moyens innovants pour attirer les investissements du secteur privé, lors de l’assemblée annuelle du Conseil des gouverneurs de la Banque africaine de développement qui se tiendra fin mai à Charm Al-Cheikh ».
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