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Maria Pagan : La politique étrangère des Etats-Unis envers l’Afrique s’est largement développée

Névine Kamel, Mercredi, 14 décembre 2022

Lors de rencontres avec des journalistes à l’occasion d’un Séminaire de formation sur l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), les délégués des Etats-Unis, de l’Union européenne et de la Chine auprès de cette organisation ont livré leurs visions sur les problématiques du commerce mondial. Compte rendu.

Maria Pagan

Maria Pagan, ambassadrice des Etats-Unis auprès de l’OMC.

Quelle est la vision des Etats-Unis à l’égard de la réforme du Dispute Settlement Body (DSB, système de règlement des différends) qui est un organe-clé de l’OMC? Fera-t-il l’objet d’une réforme totale pour qu’il soit plus efficient et plus efficace dans le règlement des disputes ? Quelle est la vision de la réforme que vous prônez ?

Maria Pagan: Nous voyons que le mécanisme sur lequel on opère n’a pas attiré le consensus de tout le monde, et cela ne concerne pas seulement les Etats-Unis. Nous avons engagé la discussion avec la plupart des membres, soit 110. L’idée est d’écouter ce qu’ils attendent de cette réforme. Mais nous savons que le DSB est un organe important de l’OMC et nous voulons aller de l’avant en ce qui le concerne. Nous nous sommes engagés dans le dialogue et espérons qu’il sera concrétisé au cours de notre prochaine rencontre en janvier. Nous collectons toutes les idées qui se trouvent sur la table émanant de tous les membres, pour voir quelle sera notre prochaine orientation. Nous voulons des propositions qui viennent des membres tous azimuts avant d’atteindre la phase de l’exécution. Peut-être que certains ne seront pas d’accord avec toutes les propositions, mais quand même il faut aller de l’avant. Et quels que soient les résultats, ils doivent convenir à tout le monde et doivent toucher à toutes sortes de disputes.

—  Tous les pays africains préparent leurs évaluations de 2025. Comment peuvent-ils s’y préparer? Quelle est votre opinion à ce sujet ?

— Pendant les trois dernières décennies, la politique étrangère des Etats-Unis envers l’Afrique s’est largement développée, et ceci s’est manifesté par la loi African Growth Opportunity Act (AGOA). Le but de cette loi est de soutenir l’économie des pays africains en leur facilitant l’accès au marché américain. Cette union représente un intérêt réciproque pour les deux parties, les pays africains ayant ainsi la possibilité de s’affirmer progressivement sur la scène mondiale en entrant dans la mondialisation, et les Etats-Unis bénéficiant ainsi d’une nouvelle source d’approvisionnement. Je dirais que la loi a promu substantiellement la compétitivité des produits africains et a aidé à la création de dizaines de milliers d’emplois. Les Etats-Unis sont le plus grand procureur d’assistance bilatérale et donateur au continent africain. Nous continuerons d’innover et d’adopter des approches accommodées selon chaque pays en matière d’investissement, en commerce et au niveau des partenariats, et assurer un lien organique avec les institutions de développement. Il y a quelques semaines, le président Biden a invité des leaders africains au sommet USA-Afrique. Il s’agit là d’un signe de l’intérêt grandissant que porte Washington aux pays du continent africain.

Il y a de nombreuses discussions autour de ce qui va se passer en 2025. Vous devez être conscients que de nombreuses discussions ont été entamées au Congrès sur le commerce et la gouvernance. J’admets que je ne suis pas une experte des conversations de l’AGOA, j’affirme cependant qu’il jouit d’un grand soutien. Nous soutenons les initiatives des pays pour un environnement sain en commerce et en investissements. Il y a un intérêt croissant sur le Système Généralisé de Préférences (SGP), un programme de préférences commerciales pour les biens provenant des pays en développement qui aura beaucoup d’impact. Nous faisons en sorte que le programme soutienne le développement dans les pays récipiendaires.

— Le plan du climat récemment adopté par les Etats-Unis a attiré l’attention de la commission européenne, qui a menacé d’aller à l’OMC, quels seront les impacts de cet acte s’il a lieu dans les prochains jours ou semaines ?

— Les conversations ont lieu à Washington et à Bruxelles simultanément. Il fallait réconcilier plusieurs forces ensemble parce que nous avons tous le même objectif de changement climatique. Le parcours est considérable d’autant que nous attendions la ratification de certaines lois par les deux chambres législatives. Ce ne sont pas des thèmes que la branche exécutive doit fixer à elle seule. Nous comprenons les préoccupations qui ont été abordées. Il faut minimiser les frictions autant que possible, mais comment ?

— Comment voyez-vous le futur du commerce international, qui est aujourd’hui contrôlé par les conflits qui guident aujourd’hui plus la décision du monde entier depuis les Etats-Unis, l’Union européenne, la Chine? Comment voyez-vous, à l’ombre de cette configuration, l’avenir de l’OMC ?

— Je parle à partir de notre perspective que nous sommes engagés à faire partie du système du commerce mondial. Si vous vous référez aux conflits, je crois que parmi les parties du monde que vous avez mentionnées, vous faites plutôt allusion aux Etats-Unis-Chine. Je dirais que le monde évolue. Nos équipes travaillent et coopèrent ensemble quand il le faut, et c’est un aspect positif même si les aspects de coopération sont minimes. Si l’on voit les deux plus grandes économies, qui d’habitude sont opposées, travailler ensemble, il s’agit là d’un signal fort. Je ne vais pas entrer dans la politique étrangère qui n’est pas ma spécialisation et qui est très complexe. Mais je dirais que nos deux présidents se sont rencontrés et nous avons des préoccupations à l’égard de certains comportements de Pékin, mais nous reconnaissons le besoin de collaborer ensemble.

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