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La carte verte de l’Egypte

Racha Darwich , Mercredi, 16 novembre 2022

Le gouvernement vient de lancer la plateforme de la carte verte de l’Egypte. Une plateforme qui expose les efforts du transfert vers une économie verte à travers 3 principaux volets : les projets verts, les hôtels verts et les réserves naturelles, ainsi que l’initiative de Hayah Karima (vie décente).

Obligations vertes

Obligations vertes

 L’Egypte est devenue le premier pays de la région MENA à émettre les obligations vertes pour financer des projets respectueux de l’environnement, réduire le coût de financement des titres gouvernementaux et stimuler les investissements propres dans la région. En 2020, le ministère des Finances a entamé les procédures préliminaires pour émettre la première obligation verte souveraine du gouvernement sur le marché mondial. Quatre banques internationales d’investissement ont été choisies pour répondre à l’appel d’offres mené par le gouvernement égyptien : Deutsche Bank, Citibank, Crédit Agricole et HSBC qui ont la responsabilité de promouvoir l’émission d’obligations vertes en tant qu’administrateurs du processus d’offre.

 Passer à un transport électrique

 L’Etat a entrepris un large plan de développement des moyens de transport public. Il a entamé le projet du TGV qui relie les villes d’Al-Sokhna et d’Al-Alamein. Alimenté en électricité, il ne pollue pas l’environnement et réduit de 60 % le temps du trajet entre les deux destinations , ce qui peut encourager à l’utiliser au lieu des voitures personnelles et des bus. L’Etat travaille actuellement à la construction de plusieurs lignes de monorail pour relier Le Caire, la Nouvelle Capitale administrative (NAC), et la ville du 6 Octobre. Le monorail devra transporter environ 500 000 passagers par jour. Les travaux de la troisième ligne du métro du Grand Caire sont aussi exécutés parallèlement au développement des unités mobiles et des équipements techniques des deux premières lignes afin d’améliorer la compétitivité des services de métro par rapport aux autres moyens de transport traditionnels et polluants au Caire. De plus, le gouvernement envisage de lancer un programme visant à remplacer 11 000 taxis ordinaires par des taxis électriques. Pour ce, 1 000 bornes de recharge rapide seront construites chaque année pendant 3 ans alors qu’en 2022, 130 bornes ont été installées dans 6 gouvernorats différents. Dans ce même contexte, les agences gouvernementales devront remplacer 5 % de leur parc de véhicules chaque année, permettant ainsi l’achat de véhicules électriques.

 Gestion des déchets solides

 Le secteur des déchets en Egypte représente un défi majeur pour les gouvernements égyptiens successifs depuis des décennies. La quantité annuelle de déchets à l’échelle nationale a dépassé le seuil de 80 millions de tonnes par an, dont 26 millions de déchets solides. Elle est en hausse continuelle en raison de sa corrélation avec les taux de croissance démographique et le niveau de vie. En 2020, a été lancé le nouveau système de gestion des déchets solides qui vise à développer l’infrastructure par la réhabilitation des bennes à ordures, la mise en place de stations intermédiaires fixes et mobiles et la fourniture de nouvelles décharges contrôlées. Le nouveau système regroupait tous les processus de collecte, de tri, de transport et de recyclage, ainsi que les systèmes de traitement et de réutilisation des déchets organiques de sorte que près de 20 % des déchets sont destinés à la production d’électricité, 60 % à la fabrication d’engrais et de carburants alternatifs et 20 % à l’enfouissement. En 2020 également, la loi sur la gestion des déchets a été promulguée avec l’objectif de résoudre le problème des déchets et des ordures à l’échelle nationale, tout en augmentant les gains économiques du recyclage et de l’exportation des déchets et en les transformant en énergie propre grâce à des technologies de pointe.

 Projets de gestion de l’eau

 L’un des défis les plus importants auxquels l’Egypte est confrontée aujourd’hui est la sécurisation de ressources durables en eau pour maintenir des taux de croissance expansionnistes à la lumière de la croissance démographique galopante. Un défi aggravé par la construction du grand barrage éthiopien de la Renaissance (GERD). Raison pour laquelle l’Egypte s’est lancée dans des mégaprojets de traitement des eaux usées. Ce qui a permis l’année dernière d’obtenir 13,65 milliards de m3 d’eau grâce aux stations de traitement des eaux sur un total de 80,25 milliards de m3. Comparé aux 55,5 milliards de m3 du Nil, ce chiffre semble bon. En effet, l’Egypte possède la plus grande station de traitement des eaux usées au monde avec une capacité de traitement de 64,8 m3 par seconde. Il s’agit de la station de Bahr Al-Baqar installée à l’est du Canal de Suez. Parallèlement, l’Etat s’est lancé dans des investissements dans les secteurs de l’irrigation et de l’eau, comme le projet de réhabilitation et de revêtement des canaux qui vise à sauver les quantités d’eau gaspillées par l’infiltration dans les sols argileux. Au total, 5 milliards de m3 d’eau devraient être économisés à partir de l’eau perdue le long du réseau des canaux. Le coût du plan de réhabilitation et de développement des principaux canaux dans toute l’Egypte est estimé à 18 milliards de livres égyptiennes, mais il permettra non seulement une économie de l’eau mais aussi la limitation de l’évaporation de l’eau, l’amélioration de l’écoulement de l’eau vers les terres agricoles sans interruption, le maintien de l’égalité de distribution de l’eau, l’augmentation de la productivité des terres et la réduction des coûts d’entretien annuels de tous les types de cours d’eau.

 Investir dans les énergies renouvelables

 Dans le cadre de l’objectif d’augmenter à 42 % la part d’électricité à partir de sources renouvelables d’ici 2035, l’Etat s’est lancé dans un plan ambitieux de diversification des sources d’énergies renouvelables, qu’il s’agisse de l’énergie solaire, éolienne ou hydraulique ou de la production de l’hydrogène vert. Il a ainsi commencé dès 2014 à la promulgation d’un ensemble de lois, telles que la nouvelle loi tarifaire sur la tarification et l’achat d’énergie renouvelable pour encourager les investisseurs à percer sur le marché. Dans ce contexte, le parc éolien de Ras Gharib, près du golfe de Suez, produit 262,5 MW pour fournir de l’électricité à environ 500 000 ménages et celui de Gabal Al-Zeit à Hurghada, lancé en 2015, a une capacité de 580 MW et un total de 300 éoliennes. Par ailleurs, le parc solaire de Benban, considéré comme le plus grand au monde, a été construit pour fournir une capacité totale allant jusqu’à 16 000 MW pour un coût de 2 milliards de dollars cette année, alors que la centrale solaire de Kom Ombo a une capacité de 200 MW. De plus, l’Egypte est l’un des premiers pays à s’être lancée dans la production de l’hydrogène vert car elle bénéficie de 2 450 km de côtes sur la mer Rouge.

 Le nouveau concept du « Green Building »

 Face au réchauffement climatique, certains pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord ont adopté des politiques d’efficacité énergétique dans plusieurs domaines, en particulier la construction. L’Egypte travaille selon le Green Pyramid Rating System (GPRS) publié par le ministère du Logement et basé sur les systèmes Leadership In Energy and Environmental Design (LEED) et BREEAM (Code for a Sustainable Built Environment). Les bâtiments de l’Université américaine du Caire sont des plus évidents modèles de la construction verte. Pendant deux années consécutives, elle a occupé la troisième place dans le classement mondial des universités GreenMetric.

 Hôtels et tourisme verts

 Le monde se dirige vers la voie du tourisme responsable, qui vise à réduire l’impact de l’activité touristique sur l’environnement. C’est ainsi que le gouvernement a adopté une série de mesures pour ancrer l’idée des hôtels verts et du tourisme écologique. Il s’agit notamment de la campagne éco-Egypte, qui vise à sensibiliser les touristes et les agences et entreprises de tourisme à la nécessité de protéger l’environnement et à apprendre aux personnes travaillant dans le tourisme comment agir face aux touristes qui commettent des actes portant atteinte à l’environnement. Le concept des hôtels d’étoile verte est né via la création du programme de certification verte de l’Egypte pour appuyer le tourisme durable. Une équipe d’experts locaux et internationaux certifiés guide les hôtels intéressés via des stages et opère des audits sur le terrain pour s’assurer de la conformité aux normes du programme avant d’accorder la certification. Plus de 120 hôtels verts existent maintenant en Egypte présentant près de 33 000 chambres dans la majorité des villes côtières mais aussi au Caire et à Louqsor.

 Hayah Karima, une initiative multidimensionnelle

 Lancée le 2 janvier 2019, l’initiative Hayah Karima vise une intervention immédiate et urgente pour honorer les citoyens égyptiens et préserver leur dignité et leurs droits à une vie décente. Son objectif est d’apporter les services de base aux communautés les plus démunies dans les campagnes et les bidonvilles dans les zones urbaines, d’éliminer la pauvreté multidimensionnelle, d’élever le niveau social, économique et environnemental des familles ciblées et de combler les écarts de développement. Il s’agit d’une initiative multidimensionnelle qui découle avant tout d’une responsabilité civile et d’une dimension humaine, car son objectif est plus grand qu’une simple initiative visant à améliorer les conditions de vie et la vie quotidienne des citoyens égyptiens. Grâce aux données et enquêtes de l’Agence centrale pour la mobilisation publique et les statistiques (CAPMAS) et des ministères et organismes concernés, l’objectif a été réparti sur 3 phases commençant par les villages les plus nécessiteux qui souffrent d’un taux de pauvreté de 70 % ou plus, alors que la deuxième englobe les villages avec un taux de pauvreté de 50 à 70 % et la dernière concernant les villages avec un taux de pauvreté de moins de 50 %. C’est ainsi que la première phase a ciblé 1 413 villages dans 20 gouvernorats. Pour la première fois au niveau du travail public, plus de 20 ministères et organismes, ainsi que 23 organisations de la société civile contribuent à ce projet colossal avec l’aide de centaines de jeunes volontaires.

 Protéger les réserves naturelles

 La carte verte de l’Egypte nous emmène dans un tour dans les 30 réserves naturelles égyptiennes grâce à la méthode MAP TOUR. Elle raconte l’histoire de chaque réserve, précise la date de sa transformation en réserve naturelle, ainsi que sa superficie, la nature de ses joyaux et sa distance de la capitale. Le tout appuyé par des photos d’une grande splendeur.

Lien de la carte verte de l’Egypte

https://storymaps.arcgis.com/stories/dff1f78730e54a2b912698c7022bf8a6

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