Abdel-Fattah Al-Sissi, président de la République
La question du changement climatique est devenue une priorité majeure sur l’agenda du développement durable. 20 % des pays sont responsables de 80 % des conséquences du dérèglement climatique. Les pays en développement ont besoin de 800 millions de dollars jusqu’en 2025 pour faire face au changement climatique. Ainsi, l’Egypte était parmi les premiers pays à adopter une stratégie de développement durable où l’enjeu environnemental occupe une place centrale. La coopération est donc impérative pour augmenter les capacités des pays africains à s’adapter aux changements climatiques. Nous avons réalisé beaucoup de progrès dans le domaine du traitement et de la réutilisation de l’eau conformément aux normes internationales. Les investissements verts ont atteint 40% du total des investissements publics en Egypte. Un chiffre qui sera porté à 50% en 2024. L’Egypte peut aujourd’hui contribuer à fournir de l’énergie propre dans le monde, que ce soit l’énergie alternative ou l’hydrogène vert.
John Kerry, envoyé présidentiel américain pour le climat
La tenue de la prochaine Conférence sur le climat à Charm Al-Cheikh coïncide cette année avec l’émergence des effets sans précédent de la sécheresse et du changement climatique sur le continent européen, où des fleuves comme le Rhin connaissent une forte baisse des niveaux d’eau. Les Etats-Unis et la Chine n’échappent pas à ces effets qui touchent l’eau, qui devient une cause majeure de conflits politiques dans le monde. Environ 15 millions de personnes meurent chaque année en raison d’une diminution de la qualité de vie, au moment où il est prévu que les températures augmenteront de 1,5 degré en 2050. La somme de 755 milliards de dollars alloués en 2021 pour contrer les impacts du changement climatique était insuffisante à le faire. Les financements mixtes et concessionnels, ainsi que les investissements du secteur privé sont des catalyseurs-clés pour un financement intelligent face au climat.
Mark Carney, envoyé spécial des Nations-Unies pour l’action climatique et les finances et coprésident de la Glasgow Financial Alliance for Net Zero (GFANZ)
Nous devons travailler ensemble pour mobiliser des moyens de financements innovants afin de surmonter les obstacles à long terme pour la réalisation du développement durable en Afrique. Les réformes économiques efficaces qui tiennent compte du volet climatique nécessitent d’énormes financements et exigent un partenariat entre les secteurs public et privé, tout en permettant une plus grande coopération avec les organisations internationales et régionales et les banques de développement. Lancée en 2021, l’alliance GFANZ, organisée par les Nations-Unies, constitue un réseau régional qui collaborera avec les institutions financières africaines afin d’accélérer la transition de l’économie mondiale vers des émissions Net Zero d’ici 2050 au plus tard. GFANZ investit 130000 milliards de dollars pour financer l’action climatique dans les pays en développement et les marchés émergents.
Amina J. Mohammed, vice-secrétaire générale des Nations-Unies et présidente du Groupe des Nations-Unies pour le développement durable
Il est maintenant temps de passer des promesses à la mise en oeuvre, car les pays africains ne pourront pas répondre seuls à leurs besoins de financement pour lutter contre le changement climatique. 15 pays africains risquent un surendettement extérieur et public, alors que 6 sont déjà surendettés. Nous nous réunissons alors que de nombreuses régions du monde sont simultanément confrontées à la fureur du changement climatique. En Afrique, les investissements doivent dépasser les 500 milliards de dollars pour assurer l’accès universel à l’énergie d’ici 2030. D’ici là, le déficit d’adaptation au financement climatique pour le continent pourrait atteindre 440 milliards de dollars. La décision de Glasgow exhorte les pays développés à doubler collectivement le financement consacré à l’adaptation d’ici à 2025. Les pays développés doivent proposer, d’ici la COP27, une feuille de route claire indiquant comment et quand ils respecteront cet engagement.
Odile Renaud Basso, présidente de la Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement (BERD)
L’Afrique est dotée d’une richesse en ressources naturelles, qui ne peut être négligée lorsqu’il s’agit de lutter contre le changement climatique. Le recours aux partenariats public-privé est nécessaire et de toute urgence pour soutenir la transition énergétique de l’Afrique. La BERD soutient les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique en Egypte et elle étendra sa contribution pour soutenir la transition énergétique juste de l’Egypte grâce à un fonds total de 200 à 300 millions de dollars du plan d’investissement public dans le cadre du pilier énergétique NWFE de l’Egypte. Depuis le début de ses opérations en Egypte en 2012, la banque a investi plus de 10 milliards de dollars dans de nombreux secteurs, notamment la transition vers l’énergie propre. Un domaine où l’Egypte a franchi plusieurs étapes en multipliant les projets d’énergie solaire et les parcs éoliens.
Benoît Orama, président de la Banque africaine d’import-export (Afreximbank)
Il y a beaucoup de difficultés à accéder au financement pour le développement du secteur de l’énergie alors que nous assistons à une augmentation des catastrophes naturelles et à de nombreuses inondations, sécheresses et désertification. Le continent africain, principale victime des émissions de carbone, est donc à la croisée des chemins. Après deux mois, nous serons à Charm Al-Cheikh pour examiner les engagements pris au cours des dernières années et pour en mettre en place de nouveaux. La Zone de Libre-Echange Continentale Africaine (ZLECAF) est une solution-clé qui aide l’Afrique à trouver un équilibre entre l’action climatique et le développement durable. Les opportunités qu’offrent les chaînes de valeur régionales et promues par la Zlecaf peuvent réduire jusqu’à 80% des émissions de carbone dues à l’expédition de matières premières de l’Afrique vers le reste du monde.
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