Au cours des deux dernières années, les tensions politiques régionales et mondiales ont mis beaucoup de pression sur l’économie égyptienne, affectant les chaînes d’approvisionnement et provoquant des perturbations macroéconomiques. La volatilité des prix des produits de base a donné lieu à un resserrement des politiques monétaires et a limité la marge de manoeuvre des politiques fiscales. Outre les chocs extérieurs, certaines politiques économiques locales ont ajouté aux pressions que nous vivons et que nous sommes en train de corriger. Un ensemble de politiques compréhensives a été formulé afin de préserver la durabilité, de restaurer la stabilité des prix, de rétablir un système de taux de change qui fonctionne bien, tout en allant en avant dans l’implémentation de réformes structurelles profondes afin de promouvoir une croissance tirée par le secteur privé et de créer des emplois.
Des fonds supplémentaires prévus
Nous avons commencé à adopter ces politiques correctives qui ont conduit à l’attribution de 8 milliards de dollars de financement rallongé par le Fonds Monétaire International (FMI), qui sera soutenu par les financements supplémentaires par d’autres partenaires multilatéraux de développement comme l’Union européenne, la Banque mondiale, le Japon, le Royaume-Uni et plusieurs autres partenaires multilatéraux, qui nous accompagneront dans notre processus de correction. En plus, nous sollicitons un financement supplémentaire de la facilité pour la résilience et la durabilité (FRD) du FMI de 1,2 milliard de dollars pour implémenter des mesures et des réformes qui visent à accroître la résilience climatique du pays. La totalité du financement prévu de ces sources serait environ de 20 milliards de dollars.
Bien évidemment, ces financements sont importants, mais le plus important encore est que cet accord envoie un message et restaure la confiance dans l’économie égyptienne et dans les réformes structurelles ; cet accord montre également au monde que nous avons un plan au niveau de la discipline budgétaire et monétaire et des réformes structurelles profondes de notre économie pour assurer que ces mesures vont graduellement restaurer la confiance non seulement du monde, mais plus important aussi celle de la communauté des affaires égyptiennes et du peuple égyptien.
Effet de la hausse des taux d’intérêt sur le budget
En tant que ministre des Finances, l’un des plus grands défis que nous relevons est le coût de financement qui a plus que doublé pour arriver à 250 % de son niveau plus tôt. Pour quatre exercices fiscaux consécutifs, le coût du service de la dette dans le budget variait entre 550 et 585 milliards de L.E. Cette année, le service de la dette est de 1 000 milliards et 120 millions de L.E. et il risque d’augmenter parce que le coût de financement est élevé, comme conséquence à l’inflation, étant donné que les taux d’intérêt sont en corrélation avec l’inflation.
Selon le ministre des Finances, le budget a réalisé un surplus primaire de 193 milliards de L.E. au cours des 8 derniers mois, contre 41,8 milliards au cours de la même période de l’année passée.
L’autre raison est la baisse des revenus étatiques avec la détérioration de la situation économique, ce qui crée un besoin d’endettement pour financer les dépenses. Un autre élément qui affecte la dette est le taux de change. Il influence notamment la dette extérieure qui se chiffre à 110 milliards de dollars dans le budget. Toute hausse du taux de change du dollar se reflète sur la dette. Nous avons corrigé tous ces facteurs. Nous avons décidé de limiter la totalité des investissements publics, y compris les infrastructures. Nous visons à préserver la durabilité des niveaux des dettes. L’objectif est de les ramener à un taux inférieur à 90 % en juin 2025 et à moins de 80 % en juin 2027.
Des modifications de la loi sur les impôts bientôt
Nous allons maintenir une prudence fiscale sur le moyen terme et nous allons déployer des efforts pour générer plus de revenus, y compris à travers la rationalisation des exemptions fiscales. Le secteur privé se plaint que les entreprises publiques et certaines entités étatiques profitent de privilèges au niveau des taxes, des douanes et autres. Nous allons éliminer ces privilèges. En outre, nous promettons que tout changement lié aux taxes sera discuté avec la communauté des affaires avant d’être présenté au Parlement. Nous ne pouvons pas rendre satisfaire tout le monde, mais au moins nous allons partager nos idées et vous ne serez pas pris de court. Nous avons un nouveau projet de loi sur les impôts et un brouillon de la stratégie des politiques fiscales 2024-2030, pour que les six années à venir soient claires et qu’il y ait un accord sur tout mouvement. Dans tous les cas, nous vous promettons qu’il n’y aura pas de hausse des impôts sur les revenus des sociétés.
Effet de la hausse des taux d’intérêt sur les milieux d’affaires et sur les ménages
Avec le resserrement de la politique monétaire de l’ordre de 600 points de base, en plus des 200 points de base ultérieurs, et la libéralisation du taux de change, nous sommes très conscients des difficultés auxquelles font face la communauté des affaires et la population. Nous tenons à adopter des politiques qui permettent de mitiger l’impact sur les deux groupes. Nous voulons assurer un niveau de vie décent pour les familles à faibles et moyens revenus qui ont été particulièrement affectées par la hausse des prix. Nous avons entrepris des pas supplémentaires pour protéger les plus vulnérables et mitiger l’effet des taux d’inflation élevés. Le paquet de protection sociale que nous avons annoncé et qui est mis en oeuvre ce mois-ci est de 180 milliards de L.E. par an ; nous avons commencé en mars, soit quatre mois avant le début de l’exercice fiscal, c’est-à-dire 60 milliards supplémentaires, ce qui va nous amener à 240 milliards de L.E. Nous comprenons que cela n’est pas suffisant parce que l’inflation et les prix sont trop élevés, mais il faut se serrer les coudes pour dépasser cette situation. Les incertitudes dans la région persistent, que ce soit à Gaza, au Soudan, ou en mer Rouge. Nous sommes en train de gérer une situation difficile. Le président de la République et le président de l’Autorité du Canal de Suez ont annoncé que les revenus du Canal de Suez avaient baissé de plus de 50 %. L’une des mesures que nous allons entreprendre sera d’accroître l’exemption de l’impôt des personnes physiques de 33 %, bien qu’on l’ait augmenté en octobre et en juillet.
Baisse des investissements publics
Au niveau de l’économie réelle, le gouvernement a adopté un nouveau cadre pour ralentir l’implémentation des investissements publics, y inclus les projets nationaux. D’ailleurs, les dépenses sur les projets publics ou les infrastructures cette année sont 10 % inférieures par rapport à l’année passée, malgré l’inflation. Cela limitera le montant total des investissements publics de toutes les sources, y inclus les organismes économiques, les entités budgétaires, les entreprises publiques et d’autres entités étatiques avec un mécanisme de surveillance mis en place par l’Agence d’audit de l’Etat. Nous nous sommes mis d’accord avec le FMI pour fixer un plafond à tous les investissements publics pour 2024-2025 à 1 000 milliards de L.E. Et nous avons désigné un comité, avec en tête l’Organisme central des comptes, qui va surveiller la conformité de toutes les entités qui investissent en Egypte à ces mesures pour assurer que ce plafond sera respecté. Les investissements étaient supérieurs bien que l’inflation ne fût pas si élevée et que le taux de change fût inférieur. Cela va aider à fournir plus de liquidités sur le marché, à réduire l’inflation et les pressions sur le dollar et va laisser le secteur privé remplir le gap. Le gouvernement croit que le secteur privé est le moteur de la croissance, selon le Document de la politique de propriété de l’Etat.
Des accords de 3,5 milliards de dollars selon le programme d’offres publiques
Nous sommes sérieux pour soutenir le programme d’offres publiques de l’Etat. Le plan pour attirer plus de revenus vers le pays s’applique à travers l’économie réelle : l’industrie, l’agriculture, le tourisme, les télécommunications, l’énergie, davantage d’Investissements Directs Etrangers (IDE) et les investissements, une augmentation des exportations et la poursuite du programme d’offres publiques pour accroître la part du secteur privé dans l’économie. Notre plan est de poursuivre le programme d’offres publiques car le Document de propriété de l’Etat vise à paver le chemin pour permettre au secteur privé de devenir partenaire de la croissance. La Société financière internationale (IFC), le conseiller international du gouvernement, était capable de mobiliser la vente de certains actifs publics et nous prévoyons de finaliser plusieurs accords dans des secteurs stratégiques avec une valeur de 3,5 milliards de dollars.
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