L’avenir de l’industrie automobile
Localiser l’industrie automobile en Egypte était également au centre des discussions. « Tous les ministères concernés par l’industrie automobile ont participé à l’établissement de la stratégie nationale pour la localisation de l’industrie automobile en Egypte en collaboration avec le secteur privé », a déclaré Dr Jihan Saleh, conseiller du premier ministre chargé des affaires économiques. Avant d’ajouter que l’Egypte importe chaque année des voitures d’un coût estimé à 4 milliards de dollars. C’est pourquoi « la stratégie nationale de localisation de l’industrie automobile en Egypte vise à réduire les importations et à augmenter le volume de nos exportations, en incitant les investisseurs à soutenir cette industrie ».
Pour sa part, Ahmad Fikri Abdel-Wahab, vice-président de l’Association africaine de l’industrie automobile, a expliqué que toutes les expériences précédentes des pays voisins qui nous ont précédés dans la production de voitures ont été passées en revue, soulignant que l’expérience de l’Afrique du Sud dans l’industrie automobile est la plus proche de celle de l’Egypte. Il a noté que l’Afrique du Sud a connu un boom dans ce secteur important « qui contribue à hauteur de 7 % du PIB de ce pays ». Et d’ajouter que « ce qui distingue l’expérience sudafricaine est qu’elle est dynamique. Elle a évolué 4 fois au cours des 30 dernières années. En fait, l’Afrique du Sud produisait 44 modèles dans les années 1990, alors que maintenant, elle ne produit que 12 modèles par 7 entreprises. L’une d’elles produit 100 000 voitures d’un même modèle, dont 5 % seulement pour un usage domestique et 95 % pour l’exportation ».
Hossam Abdel-Aziz, viceprésident de la Société holding des industries métallurgiques, a mis en lumière l’étendue de l’imbrication de cette industrie avec de nombreuses industries, notamment les industries métallurgiques, du cuir, du caoutchouc, des moulages, des forges et autres. Il s’agit d’une locomotive industrielle pour de nombreux secteurs. Pour localiser l’industrie automobile, il faut mettre l’accent sur la qualité du produit et sa vente à un prix compétitif, parce qu’il s’agit de localiser une industrie à forte intensité de main-d’oeuvre qui doit être un moyen d’offrir des opportunités d’emploi à la jeunesse égyptienne.
Pour sa part, Ahmed Ali Al-Talawy, professeur adjoint à la City University de New York, a attiré l’attention sur la nécessité de faire face au changement climatique à travers la mise en place de trains et de voitures électriques qui économisent en matière d’énergie. C’est pourquoi le transport électrique doit devenir le principal moyen de transport. Il a relevé que la ville de New York cherche à réduire de 30 % la consommation d’énergie dans le métro souterrain, et que ce procédé peut être appliqué aux lignes de métro en Egypte
L’intelligence artificielle au service de l’industrie
« L’intelligence artificielle dessine le monde de demain ». C’est par ces mots qu’a débuté la session consacrée à l’impact de l’intégration de l’Intelligence Artificielle (IA) dans le secteur industriel. En fait, tous les experts de cette session estiment que l’utilisation de l’IA est devenue l’une des clés déterminant le succès de toute entreprise quelle que soit son activité. L’arrivée des systèmes intelligents promet de bouleverser les modèles organisationnels des entreprises. Selon Dr Amr Awadallah, spécialiste des infrastructures aux Etats-Unis, « les applications de l’IA peuvent comprendre, relier et analyser les données pour proposer des résultats de manière précise et intelligente ». Evidemment, l’installation de systèmes d’IA ne pourra se faire sans transformation vers le numérique.
Avis partagé par Ahmed Al-Adl, expert en intelligence artificielle aux Etats-Unis, qui pense que « la transformation numérique est inéluctable, mais qu’il faut aussi faire attention à ses risques ». Et d’ajouter « Le jumelage numérique et le Big Data sont des termes que nous devons bien comprendre. Il faut connaître les différents axes de choix des plateformes pour définir les objectifs que nous cherchons à atteindre, comme les applications des villes intelligentes et des chaînes d’approvisionnement, ainsi que des transports intelligents ». De son côté, Dr Rachiq Al-Maraghi, président et fondateur de la société Net Quality Software pour les programmes d’ingénierie structurelle au Canada, explique que sa société est dotée d’un système d’IA « SAFI ». Il s’agit d’applications technologiques qui peuvent être utilisées pour accéder aux conceptions techniques de construction des entreprises spécialisées dans la construction des ponts. « Notre programme intégré pour la construction des ponts reste efficace au cours des décennies à venir à cause de la dépendance des entreprises de construction à l’égard des systèmes de l’IA », a-t-il dit.
L’Egypte est classée troisième sur le plan des investissements numériques. Il est donc important d’attirer davantage d’investissements étrangers, d’encourager les projets privés, de soutenir les entrepreneurs, de partager les informations et comprendre les données du marché. « Nous avons commencé à investir dans des entreprises technologiques il y a environ 7 ans, et on a beaucoup évolué depuis », dit Tareq Al-Torgoman, directeur général d’HELOIS Capital Investment Company en France, avant d’appeler à la nécessité de soutenir les innovations pour attirer davantage d’investissements et de fonds d’investissement spécialisés dans la technologie.
Développer des industries vertes compétitives
« La voie vers le sommet de la COP27 » était une session consacrée à débattre des différents volets de l’industrie verte. « Le rôle du secteur industriel est crucial, voire décisif, dans la lutte contre le changement climatique. C’est pourquoi nous devons nous efforcer d’utiliser efficacement les ressources naturelles et d’exploiter les énergies renouvelables sous toutes les formes », a souligné Yasmine Fouad, ministre de l’Environnement, au début de la séance. En fait, l’Egypte a déjà installé des projets d’industrie verte. Il s’agit surtout de l’installation d’une véritable chaîne de production dans l’une des unités affiliées à l’usine militaire n°300 pour construire un système d’irrigation intelligent destiné à rationaliser la consommation d’eau. Selon Irene Istamalek, vice-présidente de l’Organisation allemande de coopération internationale, la rationalisation de l’eau contribue à réduire la c o n s o m m a t i o n d’énergie, « ce qui est une question d ’ i m p o r t a n c e croissante à l’heure actuelle où le monde fait face à une crise énergétique°». En abordant le thème de l’énergie a l t e r n a t i v e , Ahmad Mahina, chef du secteur de la planification stratégique au ministère de l’Electricité, a déclaré que l’Egypte a réussi à atteindre son objectif d’augmenter la part des énergies renouvelables pour atteindre 20 % du total de l’énergie générée d’ici la fin de cette année. Et d’ajouter qu’« il existe une confiance internationale croissante dans le marché égyptien dans le domaine de l’énergie solaire, en particulier après que le projet Banban à Assouan a remporté un prix de la Banque mondiale comme l’un des meilleurs projets de ce type ». Dr Haitham Ramadan, directeur de la recherche et de l’innovation à l’Institut des systèmes de stockage d’hydrogène en France, a souligné l’importance d’utiliser l’hydrogène vert comme l’un des moyens d’énergie propre qui préserve l’environnement, mais qui nécessite un savoir-faire. « L’Egypte a une situation géographique distincte qui lui permet de produire de l’hydrogène vert de manière importante », a-t-il ajouté.
Les défis de l’industrie médicale et pharmaceutique
« Bien qu’on ait abordé cette question lors de la deuxième édition de la conférence L’Egypte peut, où il a été question des moyens nécessaires pour atteindre des taux de croissance significatifs, le développement de ce secteur ne s’est malheureusement pas déroulé de la manière requise », a déclaré Bahaeddine Zidane, chef de l’Autorité unifiée d’approvisionnement, pendant la séance consacrée aux défis et opportunités de l’industrie médicale et pharmaceutique. Le financement est l’un des obstacles majeurs qu’affronte ce secteur vital. En fait, l’Egypte est le plus grand centre de fabrication de médicaments au Moyen-Orient et en Afrique, mais elle a encore besoin de grands efforts pour atteindre la mondialisation. L’Egypte a l’occasion de devenir l’un des marchés d’investissements le plus important de la région parce que les investisseurs cherchent des opportunités en dehors de la Chine. Et l’Egypte possède des caractéristiques qui ne sont pas moins que la Chine, que ce soit en termes d’expériences ou de relations internationales. Ce qui nécessite de former la main d’oeuvre aux méthodes de fabrication modernes reposant sur la technologie.
Dr Hicham Al-Anchassi, directeur de l’Institut de développement des bioproduits et professeur de génie des bioprocédés à l’Université de Technologie Malaisienne (UTM), a déclaré que « la création d’une Autorité pharmaceutique indépendante est très importante pour les investisseurs, car elle permet de traiter facilement avec le gouvernement par l’intermédiaire de cette autorité, et fournit le soutien nécessaire aux investisseurs ». Dans le même sens, Dr Ahmed Salman, professeur d’immunologie à l’Institut Edward Jenner de l’Université d’Oxford, estime que les investissements dans le secteur des vaccins sont très importants et ne se limitent pas au seul rendement financier, mais s’étendent aux aspects psychologiques et politiques. « Le pays qui réussira à attirer les entreprises internationales sera le centre régional pour exporter leurs produits vers le Moyen-Orient et l’Afrique. La concurrence sera très forte », affirme-t-il.
Ainsi, l’Egypte déploie beaucoup d’efforts pour promouvoir son industrie médicale et pharmaceutique. Et ce, à travers la mise en place d’un système de santé intégré grâce à une assurance-maladie complète. Quant à l’industrie pharmaceutique, il existe presque 170 usines ayant 700 lignes de production, en plus de 40 usines encore en état de construction avec à leur tête le complexe Jipto Pharm qui vise à maximiser la production de médicaments.
A la fin de la session, Dr Alaa Barakat, PDG et cofondateur de Misr Biotechnology, a insisté sur l’importance de la formation des travailleurs dans le secteur médical en soulignant que sa compagnie a réussi à créer une école secondaire pour la formation en alternance de techniciens diplômés en industries pharmaceutiques et bio. Selon lui, l’installation de cette école est quasi impérative parce que « nous avons une crise majeure dans les industries de l’alimentation, qu’il s’agisse d’exigences de production ou d’emballage. La taille du marché en Afrique est très importante, et pour pouvoir exporter nos produits à l’étranger, nous devons garantir la qualité, et réussir d’abord localement », conclut-il .
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