Les défis auxquels fait face l’industrie du pétrole et du gaz naturel peuvent être surmontés grâce à la coopération et au dialogue. Tel est le message envoyé par l’Egypte au monde au cours de la cinquième édition de la conférence et exposition internationale du pétrole EGYPS 2022, tenue au Caire du 14 au 16 février.
« EGYPS 2022 et COP27. Les yeux du monde se tournent vers l’Egypte. Nous avons le talent, la vision et l’infrastructure pour jouer un rôle central dans le processus de transition énergétique », conclut le film documentaire projeté à l’occasion du lancement de cette nouvelle édition et qui résume en 5 minutes les réalisations du secteur du pétrole égyptien. Organisé sous le slogan « L’Afrique du Nord et la Méditerranée … répondre aux besoins du secteur de l’énergie », cet événement, auquel le président Abdel-Fattah Al-Sissi a assisté, a été marqué par une large participation internationale.
Il a réuni pendant trois jours les acteurs les plus importants du secteur : 11 ministres du Pétrole et de l’Energie, ainsi que des représentants de l’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP), de l’Organisation des Pays Arabes Exportateurs de Pétrole (OPAEP), de l’Agence Internationale de l’Energie (AIE), du Forum du gaz de la Méditerranée orientale (EMGF), de l’Union pour la Méditerranée (UpM) et de l’Organisation des producteurs africains de pétrole (APPO).
« EGYPS est devenue, durant les dernières années, une date importante dans l’agenda international de l’énergie », a déclaré le ministre du Pétrole et des Ressources minérales, Tarek El-Molla, lors de son allocution. La conférence a vu la tenue de plusieurs sessions sur la production de l’hydrogène vert et ses usages, le rôle des énergies renouvelables comme moyen de faire face aux changements climatiques et sur l’autonomisation des femmes dans le secteur pétrolier. « EGYPS 2022 se déroule à un moment décisif pour l’Egypte, l’Afrique et le monde de l’énergie », a affirmé Fatih Birol, directeur exécutif de l’AIE, lors de la session d’ouverture.

Un contexte régional mouvementé
« L’Afrique du Nord et la Méditerranée … le slogan de la conférence mentionne ces deux régions qui sont appelées à jouer un rôle essentiel pour assurer la sécurité énergétique du monde entier », explique Basant Gamal, chercheuse économique au Centre égyptien de la pensée et des études stratégiques (ECSS). Et d’ajouter : « Cet événement intervient à un moment où le monde connaît une grave crise énergétique, notamment en raison de l’escalade des tensions géopolitiques entre la Russie et l’Ukraine avec la possibilité d’une baisse de l’approvisionnement en gaz, alors que la demande est en hausse à cause de la reprise économique et de la diffusion des vaccins dans le monde ». Selon un rapport publié cette semaine par l’OPAEP, les pays arabes ont maintenu des niveaux élevés d’exportations de Gaz Naturel Liquéfié (GNL) au cours du dernier trimestre de l’année passée, confirmant « leur position de leader en tant que fournisseur fiable de GNL sur les marchés mondiaux ». « Le Caire veut résolument créer une nouvelle réalité basée sur les intérêts réciproques. L’attraction de nouveaux investissements dans le combustible fossile ou les énergies renouvelables est synonyme de stabilité », explique Mohamed Shadi, analyste auprès du ECSS (voir page 5).
Les « success stories » du secteur pétrolier égyptien
« EGYPS 2022 est une occasion pour exposer les expériences réussies du secteur pétrolier en Egypte », estime Medhat Youssef, expert pétrolier. « Cette conférence intervient au moment où le secteur pétrolier a enregistré beaucoup de progrès: la production pétrolière et gazière est en perpétuelle augmentation, plusieurs découvertes ont été faites et plusieurs concessions de forage et d’exploration pétrolière ont été octroyées à de grandes sociétés internationales. Toutes ces démarches envoient un message selon lequel l’Egypte est une puissance économique sur la scène mondiale et renforce davantage sa position en tant que plaque tournante régionale pour le commerce du GNL », ajoute Youssef. Les exportations pétrochimiques, chimiques et des engrais ont enregistré 6,7 milliards de dollars en 2021, soit une hausse de 45% par rapport à l’année précédente.
Consolider les partenariats
En marge d’EGYPS 2022, le ministre du Pétrole a annoncé avoir accordé 4 licences d’approvisionnement maritime dans les ports de la Méditerranée et de la mer Rouge à trois entreprises qui ont remporté l’appel d’offres international. « L’octroi de ces licences s’inscrit dans le cadre des efforts visant à transformer l’Egypte en un centre régional de l’énergie et de l’approvisionnement maritime », a annoncé El-Molla.
En marge de la conférence, le président a multiplié les rencontres avec les grandes compagnies internationales qui effectuent des travaux d’exploration en Egypte, comme la compagnie américaine Apache. « L’Egypte veut renforcer les investissements d’Apache sur son sol dans le cadre des relations de coopération et du partenariat stratégique entre l’Egypte et les Etats-Unis », a déclaré le président Abdel-Fattah Al-Sissi lors de son entretien avec le PDG d’Apache, John Christmann. Ce dernier a loué « la croissance économique réalisée par l’Egypte sous la direction du président Sissi ». Dans une autre rencontre, avec le PDG de British Petroleum (BP), Bernard Looney, le président a ordonné d’éliminer tous les obstacles qui pourraient entraver les travaux de prospection pétrolière de BP en Egypte.
COP27 : La voix de l’Afrique
EGYPS 2022 intervient alors que les préparatifs de l’Egypte pour accueillir la Conférence mondiale sur le climat (COP27) à Charm Al-Cheikh vont bon train. « Portant la voix de l’Afrique, la nouvelle édition d’EGYPS est d’une importance particulière pour l’Egypte qui multiplie les contacts avec des parties régionales et internationales pour assurer le succès de la COP27 », explique Bassant Gamal. « Le progrès humain est en retard dans le continent africain pour des raisons historiques. Les pays africains ne devraient pas payer deux fois les conséquences de la colonisation et de l’exploitation de leurs ressources », a déclaré le président au cours d’une session sur les enjeux de la transition énergétique en Afrique, avant d’affirmer que les négociateurs africains préparent une vision unifiée qu’ils présenteront à la COP27. Selon le président, le développement de l’infrastructure en Afrique nécessite de grands investissements, alors que les pays africains ne sont pas prêts jusqu’à maintenant, à cause des conflits, à attirer des investissements dans le domaine des énergies nouvelles. « Je souhaite que la COP27 adopte des résolutions objectives et équilibrées », conclut le président.
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