Al-Ahram Hebdo : Maat a appelé la communauté internationale à assumer ses responsabilités envers les réfugiés. Quelle est aujourd’hui la situation des réfugiés dans le monde ?
Dr Ayman Okail: Les réfugiés sont confrontés à des conditions tragiques. Beaucoup d’entre eux ne possèdent même pas les choses nécessaires de la vie. Pire encore, le coronavirus a exacerbé la crise des réfugiés qui est aujourd’hui l’un des problèmes les plus pressants auxquels la communauté internationale est confrontée. Il y a plus de 84 millions de personnes déplacées dans le monde. 29,6 millions ont un statut de réfugiés. Ils sont répartis dans plus de 100 pays. 86 % de ces réfugiés se trouvent dans les pays en développement. L’intérêt pour la question a pris de l’ampleur avec l’augmentation du nombre de réfugiés. Les méthodes de protection ont récemment pris de nouvelles formes. La communauté internationale doit assumer ses responsabilités envers les millions de réfugiés en prenant des engagements audacieux et concrets, et pas seulement en condamnant, en dénonçant et en sympathisant.
Environ 80 % des réfugiés syriens vivent dansdes tentes temporaires.
— Concrètement, quelle est la solution au problème des réfugiés, selon vous ?
— Je pense que la première chose est d’oeuvrer en vue d’arrêter les conflits et les conflits armés et de rétablir la paix et la sécurité internationales. Mais étant donné que cette solution est difficile à obtenir dans un avenir proche, nous appelons à ce qu’un plus grand effort soit fait pour intégrer les réfugiés dans les sociétés d’accueil. Cela nécessite que la communauté internationale et les pays donateurs apportent une aide financière et logistique aux réfugiés. Il faut aussi fournir une assistance financière aux pays d’accueil pour répondre aux besoins fondamentaux des réfugiés, d’autant plus que la plupart des pays d’accueil souffrent de crises économiques.
— Y a-t-il une coopération entre la fondation Maat et d’autres institutions en Egypte ou à l’étranger pour régler le problème des réfugiés ?
— Oui, il existe une coopération avec un certain nombre d’organisations internationales dans le but d’aider à trouver des solutions aux problèmes des réfugiés. Nous coopérons avec l’Organisation internationale pour les migrations en Egypte et avec le Haut-Commissariat des Nations-Unies pour les réfugiés (HCR). Nous coopérons également avec la Ligue arabe sur la question des réfugiés. Nous avons participé à la rédaction d’un rapport sur le développement durable dans les pays en conflit en coopération avec la Ligue arabe et l’Organisation internationale pour les migrations.
— L’Egypte compte aujourd’hui 6 millions de réfugiés. Comment percevez-vous l’expérience égyptienne dans ce domaine ?
— L’Egypte accueille des demandeurs d’asile et des réfugiés de 56 pays, principalement de Syrie, du Soudan, du Soudan du Sud, d’Erythrée, d’Ethiopie, du Yémen et de Somalie. Elle a toujours ouvert ses portes aux migrants et aux réfugiés qui ont quitté leurs foyers et leurs familles à la recherche d’une vie meilleure. Elle s’efforce de leur offrir une vie décente. Les réfugiés sont traités, en effet, sur un pied d’égalité avec les citoyens égyptiens. L’Egypte a joué un grand rôle dans la rédaction de la Convention de 1951 sur les réfugiés, qu’elle a signée le 22 mai 1981, et elle est le seul pays africain à avoir contribué à sa rédaction. La Constitution égyptienne mentionne explicitement le respect et la protection des droits des réfugiés. Le gouvernement égyptien suit une politique d’intégration des réfugiés au sein de la société et rejette l’idée d’établir des camps isolés ou des camps de réfugiés éloignés de la société, comme c’est le cas dans d’autres pays. Les réfugiés bénéficient des services de santé, d’éducation et d’emploi. Bien que l’Egypte ne bénéficie pas d’un grand financement, elle a pris un certain nombre de mesures qui assurent aux réfugiés présents sur son sol une protection et des services complets sans discrimination entre eux et les citoyens égyptiens.
A titre d’exemple, le ministère de l’Education a autorisé les réfugiés et les demandeurs d’asile en Egypte, dont les documents avaient expiré, à inscrire leurs enfants dans l’enseignement public. Les étudiants de Syrie, du Yémen, du Soudan et du Soudan du Sud ont donc accès à l’éducation sur un pied d’égalité avec les Egyptiens. En outre, le gouvernement a inclus les réfugiés et les demandeurs d’asile dans le plan national de réponse au Covid-19, ainsi que dans les plans de soins de santé et de vaccination, toujours sur un pied d’égalité avec les Egyptiens. Les réfugiés sont également inclus dans les initiatives nationales de santé, telles la campagne 100 Millions de santé, qui vise à éradiquer l’hépatite C, ainsi que les campagnes nationales de lutte contre la poliomyélite et la campagne de détection précoce de la surdité.
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