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Pays du Golfe : Pouvoir financier doublé d’un poids politique

Hana Afifi, Lundi, 23 mars 2015

Les pays du Golfe gagnent davantage de poids au sein de la Ligue arabe, au détriment des pays du Printemps arabe.

Les révolutions arabes ont été accompagnées d’une montée du bloc des pays du Golfe comme puissance régionale. La volonté manifestée de ces pays de s’approprier un pouvoir politique — à la fois en dehors et au sein de la Ligue arabe — est venue s’ajouter à leur poids pétrolier et financier. Le constat appartient à une source proche de la Ligue arabe qui a requis l’anonymat.

Yousri Al-Azabawi, spécialiste des affaires du Golfe, affirme que le rôle des pays du Golfe a toujours été important au sein de la Ligue depuis sa fondation. L’Arabie saoudite et le Yémen (unifié avec le nord en 1991) sont parmi les six pays fondateurs de la Ligue arabe. Al-Azabawi explique que les pays du Golfe jouent depuis longtemps un rôle sur la scène internationale en tant qu’alliés des Etats-Unis et grâce à leur poids financier. L’Arabie saoudite est le premier pays exportateur de pétrole et le second producteur au niveau mondial. « Ce poids financier s’est traduit en un pouvoir politique dans une région où leur voix se fait davantage entendre ». Le chercheur donne ainsi l’exemple du désaccord entre l’Egypte et le Qatar, le 19 février 2015. Le Qatar avait alors critiqué les frappes aériennes égyptiennes contre des positions de l’organisation de l’Etat islamique en Libye. De son côté, l’Egypte a riposté en accusant le Qatar de soutenir le terrorisme. Par la suite, le secrétaire général du Conseil de Coopération du Golfe (CCG) a publié un communiqué, retiré par la suite, condamnant les accusations de l’Egypte.

Le pouvoir financier accorde aux pays du Golfe une position de domination au sein de la Ligue arabe dont ils sont les plus grands bailleurs de fonds. « Le poids d’un pays augmente selon son financement de l’organisation », affirme Al-Azabawi. Selon cette source proche de la Ligue, l’Arabie saoudite, le Koweït, les Emirats et le Qatar offrent environ la moitié du budget de l’organisation panarabe. Les autres pays membres comprennent que si la discussion d’un dossier quelconque va dans une direction contraire à celle voulue par les pays du Golfe, des incisions financières risquent d’avoir lieu, dit Al-Azabawi. Surtout que, selon lui, le Golfe assure la part de certains pays membres, qu’ils soient des pays pauvres comme la Somalie ou des pays bouleversés par des instabilités politiques comme le Yémen ou la Libye.

L’influence des pays du Golfe est devenue encore plus importante après la vague de révolutions arabes, estime Al-Azabawi. « Les pays du Golfe ont voulu protéger leurs régimes et ont agi de la sorte au sein de l’Organisation. C’était une occasion pour eux d’étendre leur influence en soutenant ces révolutions comme le Qatar, ou en s’y opposant comme l’Arabie saoudite, Bahreïn, les Emirats et le Koweït », explique le spécialiste. En effet, l’Egypte a reçu 23 milliards de dollars d’aide provenant des Emirats, de l’Arabie saoudite et du Koweït dans les 18 mois qui ont suivi la chute du président Mohamad Morsi.

L’influence du Golfe est tout aussi claire dans les positions de la Ligue face aux révolutions en Syrie et en Libye. La Syrie a été suspendue de la Ligue en 2011, alors que le Qatar présidait le comité chargé de la question syrienne, alors que dans le cas de la Libye, la Ligue arabe a demandé une zone d’exclusion aérienne en 2011, un appel soutenu par les six pays du CCG qui avaient déclaré « illégitime » le régime de Kadhafi. « Il y avait une volonté pressante de se débarrasser des régimes en Libye et en Syrie », affirme la source ayant requis l’anonymat, tout en estimant que l’absence relative de pays comme la Syrie, l’Iraq et la Libye a laissé encore plus de place aux pays du Golfe.

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