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Abou-Bakr Al-Dessouky :  Pour  les  pays  du  Golfe,  l’Egypte  représente  un  pilier  de  la  sécurité.

Osman Fekri, Lundi, 15 décembre 2014

Abou-Bakr Al-Dessouky, conseiller de la rédaction de la revue Politique Internationale et expert en relations internationales, analyse les relations de l’Egypte avec les pays du Golfe après le départ du régime des Frères musulmans.

Abou-Bakr Al-Dessouky
Abou-Bakr Al-Dessouky

Al-Ahram Hebdo : Depuis la chute du régime des Frères musulmans en juillet 2013, les relations entre l’Egypte et le Qatar se sont envenimées. Comment l’expliquez-vous ?

Abou-Bakr Al-Dessouky: Le Qatar a toujours voulu jouer un rôle régional. Il veut transformer son énorme capacité financière en un puissant pouvoir politique régional. On le trouve donc impliqué dans tous les grands dossiers de la région, en Egypte comme en Tunisie, en Syrie ou au Yémen, sous le prétexte de vouloir soutenir les transitions démocratiques et le pluralisme. Doha tente ainsi de tisser des liens avec les nouveaux régimes de la région. Ainsi, elle a soutenu le régime des Frères musulmans et a exploité ses besoins financiers et le peu de soutien que lui apportaient les pays du Golfe. Son objectif était donc d’exercer un rôle régional à partir du Caire. Mais la révolution du 30 juin a renversé le pouvoir des Frères musulmans et avec l’arrivée au pouvoir d’Al-Sissi, Doha a réalisé que le nouveau régime ne lui permettrait pas de mettre en oeuvre ses desseins.

— Mais il y a de cela plus d’un an...

— Malheureusement, le Qatar n’a pas changé de tactique: il continue à soutenir les Houthis au Yémen et à mener une campagne médiatique contre l’Egypte à travers la chaîne Al-Jazeera. Il continue à afficher son soutien aux Frères musulmans et à leur offrir un asile.

L’Egypte veut que le Qatar mette un terme à ses campagnes d’hostilité et de haine et qu’il arrête de soutenir les Frères musulmans. Car ces derniers seront exclus de la vie politique tant qu’ils insisteront à exercer la violence.

— La politique du Qatar risque-t-elle de changer suite au sommet de Doha ?

— L’annonce par les dirigeants des pays du Golfe, y compris le Qatar, de leur soutien à l’Egypte à partir de Doha laisse espérer un changement dans la position du Qatar envers l’Egypte. Nous espérons que Doha respectera les recommandations du sommet. Il faut rappeler qu’après la récente « réconciliation » égypto-qatari, annoncée depuis Riyad, le Qatar a exploité le verdict de l’acquittement de Moubarak et Al-Jazeera a relancé à nouveau ses attaques contre l’Egypte. Cependant, Le Caire a favorablement accueilli l’initiative de Riyad et a fait l’éloge de la sagesse du roi Abdallah. Il se peut que les choses prennent un peu plus de temps...

— Pourquoi les pays du Golfe interviennent-ils en faveur de l’Egypte et contre le Qatar ?

— Pour les pays du Golfe, l’Egypte représente un pilier de sécurité. En effet, l’Egypte possède l’unique armée puissante de la région après l’effondrement des armées syrienne et iraqienne. Elle représente donc une source de sécurité pour le Golfe face aux ambitions iraniennes, des ambitions qui peuvent se concrétiser en l’absence d’une Egypte forte. C’est pour cela qu’en réalisant l’ampleur des dangers qu’affrontait l’Egypte que les pays du Golfe se sont empressés de la soutenir.

Quelle forme prend ce soutien ?

Il prend la forme d’un appui diplomatique et moral avant d’être un soutien financier. C’est ainsi que le roi saoudien Abdallah a annoncé son soutien au nouveau régime égyptien à la suite de la révolution du 30 juin. Cette position a été adoptée par tous les pays du Golfe, à l’exception du Qatar. Ce soutien arabe a amené de nombreux pays occidentaux à changer leur position envers le nouveau pouvoir au Caire.

Les pays du Golfe ont également annoncé qu’ils apporteraient à l’Egypte le soutien financier qu’il faut si les Etats-Unis venaient à suspendre leurs aides militaires. Il est certain que le soutien financier des pays du Golfe aidera l’Egypte à sortir de sa crise économique et à reprendre le chemin du développement.

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