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L’Europe vers une reconnaissance de la Palestine

Hana Afifi, Lundi, 01 décembre 2014

Le Parlement européen doit se prononcer le 18 décembre sur une résolution appelant à la reconnaissance d'un Etat palestinien.

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« Le vote par notre Parlement d’une résolution claire reconnaissant l’Etat palestinien serait un acte fort, un acte pour la paix et la justice », a annoncé Patrick Le Hyaric, eurodéputé français de la gauche radicale, lors d’un débat, le 26 novembre au Parlement européen à Strasbourg, autour de la reconnaissance d’un Etat palestinien. Le vote, initialement prévu le jeudi 27 novembre, a été remis à la session plénière du Parlement à Strasbourg du 15 au 18 décembre. Il s’agit de se mettre d’accord sur le projet de résolution, présenté par l’eurodéputé socialiste Gilles Pargneaux pour une reconnaissance de l’Etat palestinien dans les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale.

Lors d’un entretien sur la chaîne française LCI, le président du Parlement européen, Martin Schulz, a déclaré que le vote avait été rapporté le temps de se mettre d’accord sur un compromis. Ainsi, les eurodéputés ne semblent pas tous d’accord sur le projet de résolution.

Le groupe S&D (Socialiste et Démocrate) est celui qui a présenté la motion et soutient donc une résolution en ce sens, ce sont des socialistes de gauche centriste qui forment le deuxième plus grand bloc au Parlement avec 191 députés sur un total de 751 députés que compte le Parlement. Le groupe GUE/NGL (groupe de la Gauche Unitaire Européenne et de la Gauche Nordique Verte) soutient également la résolution, il s’agit d’une gauche radicale représentée par 52 députés. L’opinion sur la résolution est divisée chez les libéraux représentés par l’Alliance des Démocrates et Libéraux pour l’Europe (ADLE, 67 députés) et le Parti Populaire Européen (PPE) de tendance centre-droite. Fort de 221 députés, le PPE est le bloc le plus important du Parlement. Il est l’auteur de la demande du report du vote.

Lors du débat du 26 novembre, le chef de la délégation des relations avec Israël, Fulvio Martusciello, eurodéputé italien du PPE, a fait part de ses craintes quant à un ralentissement du processus de paix. Ce à quoi rétorque Martina Anderson, eurodéputée britannique représentant le groupe GUE/NGL et présidente de la délégation pour les relations avec le Conseil législatif palestinien : « Ceux qui prétendent que la reconnaissance d’un Etat palestinien risque d’avoir un impact négatif sur les futures négociations ignorent le fait que vingt ans de négociations n’ont fait que renforcer l’occupation israélienne à travers l’expansion coloniale et la confiscation de terres ».

De son côté, Le Hyaric, également membre de la délégation des relations avec le Conseil législatif palestinien, a affirmé lors du débat du 26 novembre : « La nécessité de nous appuyer sur le droit international, à savoir la résolution 242 du 29 novembre 1967 du Conseil de sécurité des Nations- Unies, qui reconnaît le territoire de l’Etat palestinien avec sa capitale, Jérusalem-Est, et la résolution 1860 du 8 janvier 2009, qui le confirme ».

C’est justement ce qui inquiète l’Etat israélien, selon Mohamad Gomaa, chercheur au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS), d’Al-Ahram. « Israël refuse l’internationalisation de la question palestinienne ainsi que toute initiative en dehors des négociations bilatérales parrainées par les Etats- Unis, et ce, pour éviter que loi internationale soit utilisée comme référence », estime le chercheur.

Ayant officiellement reconnu l’Etat palestinien le 30 octobre dernier, la Suède est aujourd’hui à la tête des pays européens qui mènent cette campagne pro-palestinienne. Les Parlements britannique, espagnol et irlandais ont reconnu la Palestine et appelé leurs gouvernements à officialiser leur décision. Les députés de l’Assemblée nationale française ont dû voter, hier mardi, (NDLR : les résultats n’étaient pas disponibles au moment du bouclage d’Al-Ahram Hebdo), avant ceux du Parlement danois le 11 décembre. Au total, 135 pays reconnaissant déjà l’Etat palestinien, dont 8 pays de l’Europe de l’Est, membres de l’Union européenne.

Gomaa suggère que les prises de position des pays européens sont le résultat d’une pression de la société civile et des partis de gauche. Mais c’est surtout « l’assaut israélien » contre Gaza qui a appelé les Européens à réagir. « Les Européens ont commencé à réaliser que la stabilité dans la région n’était pas possible sans un règlement de la question palestinienne », dit-il. Cette guerre « a montré que le statu quo n’était plus acceptable pour les millions que nous représentons et qui ont manifesté dans la rue », admet Martina Anderson, l’eurodéputée britannique.

Toutefois le politologue craint que le pouvoir palestinien et les régimes arabes ne soient pas prêts à tirer profit de ce changement de position favorable, à cause de leurs divisions et des conflits régionaux. En attendant que la situation change sur le terrain, « l’Etat palestinien, même reconnu, restera occupé par Israël et dévoré par les colonies », regrette-t-il.

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