La Ligue arabe durcit le ton face à Israël.
(Photo: Reuters)
Mettre fin au blocus de Gaza, annuler toutes sortes de normalisation avec Israël et les démarches sur le niveau diplomatique ... des recommandations qui trouvent leur place sur une liste de décisions prises par la Ligue arabe lors de sa réunion « d’urgence », tenue samedi au Caire et consacrée à la situation dans la bande de Gaza. Une réunion tardive, trois jours après l’attaque israélienne et à laquelle n’ont pas assisté pourtant tous les ministres arabes des Affaires étrangères, dont certains ont préféré dépêcher leurs délégués.
Une absence qui a marqué également les réunions de la Ligue avant le Printemps arabe. Mais cette fois, la rencontre a pris une allure différente. Les pays arabes, considérant les agressions israéliennes comme un test pour eux, ont tenté de montrer un front uni et de faire voir que leurs positions ont changé depuis le Printemps arabe. « Nous voulons démontrer à Israël que les Arabes d’aujourd’hui ne sont pas les mêmes qu’hier », lance le ministre palestinien des Affaires étrangères.
Sur un ton qu’il veut menaçant, il déclare : « Israël doit prendre en compte les changements qui ont eu lieu aujourd’hui dans les pays arabes, et ce qu’il était capable de faire dans le passé n’est désormais plus possible ». Même avis pour le chef de la diplomatie libanais, Adnan Mansour, dont le pays assure actuellement la présidence de la Ligue
arabe. Il affirme dans son discours inaugural : « L’agression israélienne persistante contre la bande de Gaza ne constitue pas uniquement une violation flagrante du droit du peuple palestinien, mais aussi un mépris de la nation arabe et de ses peuples ».
Les Arabes qui semblent vouloir montrer leurs griffes ont décidé de dépêcher une mission à Gaza dirigée par le secrétaire général de la Ligue arabe. Une première : jamais la Ligue n’avait pris une décision similaire, même en pleine guerre dévastatrice. Le communiqué final de la Ligue décide de geler l’initiative de paix arabe lancée il y a dix ans. En 2002, les Arabes avaient proposé à Israël une reconnaissance diplomatique en échange d’un retrait des territoires occupés et d'un accord
équitable sur la question des réfugiés palestiniens. « Ces recommandations sont restées lettre morte. Les Arabes étaient incapables de les concrétiser vu leur faiblesse et leur dépendance des forces occidentales. Israël doit savoir qu’il existe aujourd’hui une volonté arabe de soutenir le peuple palestinien et sa cause », affirme le politologue Hassan Nafea, qui salue le fait que, pour la première fois de son histoire, la Ligue arabe n’a pas discuté de la relance du processus de paix.
Conclure une trêve
En fait, l’organisation panarabe a tenté de sortir du cadre traditionnel de ses résolutions. Elle n’a pas cherché de procédures pour conclure une trêve ou obtenir un cessez-lefeu de l’offensive militaire israélienne, comme auparavant. Le secrétaire général de la Ligue, Nabil Al-Arabi, a au contraire réclamé une révision de toutes les initiatives arabes passées, ainsi que la position arabe sur le processus dans son ensemble.
Signe de pression, les ministres arabes ont formé le jour même de cette réunion extraordinaire un comité dit de l’initiative arabe de paix, lequel est chargé de revoir leur position sur le processus de paix avec Israël et sur la mission du Quartette. Si la Ligue ne parle pas de paix, elle n’évoque pas non plus la guerre. « Les Arabes connaissent l’étendue de leurs capacités », dit Nafea. Mais le ministre libyen appelle à utiliser « l’arme du pétrole » à l’instar des années 1973 lors de la guerre d’Octobre.
Les pays qui avaient soutenu l’Egypte à l’époque, comme l’Arabie saoudite, ont cette fois-ci préféré adopter une position plus mitigée. « Israël fait un usage disproportionné de la force et viole toutes les conventions et normes internationales, ainsi que les règles des droits de l’homme en raison de la négligence de la communauté internationale », s’est contenté de déclarer le ministre soudanais Ali Ahmed Karti, préférant s’adresser à la communauté internationale. Ce que critique le politologue Hassan Nafea :
« Certains ne comprennent pas encore que la cause palestinienne est une cause arabe ». Même son de cloche chez le Qatar qui a trouvé une occasion de plus pour prendre les devants de la scène accusant sans ménagement la Ligue arabe. « Nos réunions sont devenues une perte de temps et d’argent », a déclaré son chef de diplomatie, cheikh Hamad ben Jassem Al-Thani. « Les habitants de Gaza ont besoin de l’argent que nous avons promis. Ils ont besoin de logements, d’écoles, d’hôpitaux. C’est ce que nous devrions leur apporter. Mais nous avons pris l’habitude de faire des promesses et ne pas les réaliser », a-t-il lancé, mais sans dire un mot sur les relations économiques et diplomatiques de son pays avec Israël.
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