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La Gamaa islamiya

Chaïmaa Abdel-Hamid et Héba Nasreddine, Mardi, 13 novembre 2012

Pendant des années, l'Egypte a été la cible d'attentats menés par différents groupes armés. Certains ont renoncé à la violence et d'autres sont nés.

Ce mouvement a vu le jour au début des années 1970 dans les universités sous la forme d’une organisation religieuse. Son fief est en Haute-Egypte, à Assiout. Le mouvement adopte une idéologie violente qui ne diffère pas du djihad, et vise à renverser le régime et à instaurer un Etat islamique en ciblant les policiers, les non-musulmans et les touristes. Ils condamnent toute personne qui, à leurs yeux, est éloignée de la charia islamique, « qu’elle soit mécréante ou musulmane ». Ils luttent en effet contre tout pouvoir n’appliquant pas « leur charia ».

La Gamaa était, au départ, un mouvement salafiste. En 1979, Karam Zohdi, son leader, rencontre Abdel-Salam Farag, dirigeant du Djihad, qui lui propose d’entamer une lutte pour renverser le régime. Une alliance est nouée entre les deux mouvements et la création de la branche armée de la Gamaa voit le jour ainsi qu’un organisme de prédication (daawa) et de recrutement. La signature du Traité de paix avec Israël en 1978 et l’asile accordé au Chah d’Iran irritent les islamistes. Le cheikh Omar Abdel-Rahman, qui deviendra plus tard le chef spirituel de la Gamaa — détenu actuellement aux Etats-Unis — émet à l’époque une fatwa condamnant à mort le président Sadate.

En 1997, le mouvement annonce son renoncement à la violence à travers « une révision idéologique ». Pourtant, deux mois après, la Gamaa mène un attentat spectaculaire à Louqsor dans le temple de Hatchepsout. Aujourd’hui, un seul but les préoccupe : la fondation de l’Etat islamique.

Le Djihad islamique

Le Djihad remonte à 1974. Son fondateur est un Palestinien, Saleh Sareya, auteur d’un attentat manqué contre l’ex-président Sadate. Le mouvement est fondé à la fin des années 1980, lorsque l’auteur de L’Obligation absente, à savoir Al-Djihad, la guerre sainte, Abdel-Salam Farag, rassemble différents mouvements existants depuis les années 1970 dans une seule organisation : le Djihad islamique égyptien.

Le mouvement est constitué dans un premier temps d’étudiants de l’Académie militaire, mais il comprend aussi Abboud Al-Zomor, un officier des services de renseignements militaires, et Ayman Al-Zawahri, aujourd’hui numéro un d’Al-Qaëda.

La doctrine du groupe est basée sur le fait que l’Egypte est dirigée par des « apostats » qu’il faut combattre par la force. Au départ, le mouvement comptait sur un renversement militaire au sein de l’armée pour réaliser un changement. Ainsi, et contrairement à la Gamaa islamiya, le Djihad mène son action dans la plus grande discrétion.

En 1981, le Djihad s’allie à la Gamaa pour assassiner Sadate. Dix ans plus tard, le mouvement tente d’assassiner le premier ministre, Atef Sedqi. Puis le mouvement se scinde en 2 factions, une dirigée par Al-Zomor, et l’autre par Al-Zawahri, après le ralliement de ce dernier à Ossama ben Laden.

C’est en 2007 qu’ils commencent à suivre un processus de révision idéologique. Et les voilà qui réapparaissent aujourd’hui pour appeler à un Etat appliquant les fondements de la charia islamique.

Takfir wal-hijra

L’étiquette Takfir wal-hijra « excommunication et exode » est née après la défaite de 1967 dans les prisons, avec le cheikh Ali Ismaïl, l’un des savants d’Al-Azhar lié aux Frères musulmans. Le mouvement est fondé en 1971 par Choukri Moustapha, ingénieur agronome (surnommé Abou-Saad) et décapité en 1977 après l’assassinat de l’ancien ministre des Waqfs, Hussein Al-Zahabi.

Imprégnés d’une idéologie violente, ils font la guerre à tous les musulmans qui ne partagent pas leur idéologie. Ils les considèrent comme des apostats et donc des cibles légitimes lors de leurs attaques.

Ce groupe se propage aujourd’hui dans toute l’Egypte, mais se concentre essentiellement dans le Sinaï. Il est souvent dit que Ayman Al-Zawahri serait au centre du Takfir wal-hijra.

Le groupe se déclare être l’auteur de l’assaut contre le poste-frontière survenu le 5 août dernier dans le Sinaï, tuant 16 gardes-frontières égyptiens.

En 2007, ses membres procèdent à une révision idéologique. Aujourd’hui, ils reviennent à leur doctrine violente et d’excommunication. Ils qualifient de mécréants le président, son gouvernement, la police et l’armée, car ils n’appliquent pas, selon eux, les lois divines.

Le Salafisme djihadiste

Issue de l’école salafiste qui prône un retour aux textes fondamentaux de l’islam, la tendance djihadiste se développe au cours des années 1980 avec l’intervention soviétique en Afghanistan. Elle se considère comme un mouvement transnational et panislamique.

Ses adeptes ont les mêmes références idéologiques qu’Al-Qaëda. Conservateurs par leur comportement et leur pratique, ils sont souvent à la pointe en matière de technologie. Ils se refusent à limiter l’action religieuse à la prédication et font du djihad le cœur de leur activité qui vise à instaurer un Etat purement islamique par la force. Ils prônent le combat armé, afin de libérer les pays musulmans non seulement de toute occupation étrangère, mais aussi de ses propres régimes politiques qu’ils jugent impies.

Ces salafistes djihadistes critiquent en effet les Frères musulmans pour leur engagement dans le jeu politique. Ils refusent de reconnaître le président Mohamad Morsi, vu que ni élections, ni établissement d’un Etat basé sur la démocratie ne sont mentionnés dans la charia. Le Nord-Sinaï est aujourd’hui leur fief. Ils y entreprennent des actions violentes à l’encontre des Israéliens. Ce sont les auteurs de l’attentat de Taba survenu en 2004, tuant 34 personnes, dont de nombreux touristes israéliens. L’une des figures emblématiques de cette mouvance est Mohamad Al-Zawahri, chef de la mouvance en Egypte et frère d’Ayman Al-Zawahri.

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